Une guerre fait rage en moi ce soir-là, tandis que j'examine chaque toile d'araignée, chaque imperfection du plafond de ma chambre tout en tirant sur une cigarette.Ce n'est qu'une tradition stupide, amusante.
Certainement pas un fait scientifique. Il y a peu de chances que toutes les prédictions rédigées sur les messages se soient accomplies. D'ailleurs, je ne reverrai sans doute jamais Wolfe Keaton de ma vie. En revanche, je vais forcément revoir Angelo bientôt.
Même s'il annule notre rendez-vous de vendredi prochain, il y a plein d'autres mariages, vacances et événements en tous genres auxquels nous devrons aller tous les deux ce mois-ci.
Je pourrai tout lui expliquer, face à face. Un malheureux baiser ne va pas effacer des années de préliminaires verbaux.
Je suis même allée jusqu'à imaginer ses remords, une fois qu'il découvrira que si j'ai embrassé le sénateur Keaton, c'est uniquement parce que je l'ai pris pour lui. J'écrase ma cigarette et en rallume une autre dans la foulée.
Je n'ai pas touché à mon téléphone, malgré mon envie d'envoyer un autre message d'excuses hystériques à Angelo. J'ai besoin de discuter de tout ça avec ma cousine Andrea.
Elle vit à l'autre bout de la ville et, vu qu'elle a une petite vingtaine d'années, elle est ma seule quoique réticente conseillère en matière de sexe opposé.
L'arrivée du matin peint le ciel de nuées roses et jaunes. Perchés sur le rebord de ma fenêtre, les oiseaux chantent devant notre manoir en pierre.
Je jette un bras sur mes yeux et grimace. Ma bouche a un goût de cendrier et de déception. On est samedi et je dois quitter la maison avant que ma mère ait une idée, comme m'emmener faire du shopping pour acheter quelque robe hors de prix en me questionnant jusqu'à plus soif sur Angelo Bandini.
Malgré toutes les tenues et autres chaussures de mauvais goût qui constituent ma garde-robe, je suis une fille plutôt simple selon les standards en vigueur chez les Italo-Américains de la bourgeoisie.
Je joue mon rôle parce que j'y suis obligée, mais je déteste par-dessus tout qu'on me traite comme une princesse nunuche et débile.
Je porte peu, voire pas de maquillage, et je préfère mes cheveux au naturel. J'aime cent fois mieux monter à cheval ou jardiner que de faire les boutiques ou une manucure.
Le piano, c'est mon exutoire favori entre tous. Passer des heures dans une cabine d'essayage sous le regard scrutateur de ma mère et de ses copines, c'est ma définition personnelle de l'enfer.
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The Kiss Thief
RomansaIl ne lui était pas destinée... Être la fille d'un parrain de la mafia italienne de Chicago fait de la toute jeune femme une personne à part. Francesca va vite le découvrir que son avenir qui semblait tout tracé va être bouleversé par un homme qu'e...