Ataraxie

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Et il y a toutes ces choses que je veux dire,
Tous ces mots, ce typhon de pensées, ce torrent d'émotions,
Toutes ces choses dont je veux parler.

Mais elles me submergent tellement, elles m'emportent dans leur vague et parfois je n'arrive pas à sortir la tête de cette marée.

Alors je me tais.

Mais saches que si les choses avaient été autrement,
Si le monde avait été plus tendre,
Si mon cœur n'était pas si fiévreux,
Si mon cerveau ne grouillait pas de parasites,
Si ma peau ne tremblait pas chaque fois qu'un être s'approche,
Si je n'étais plus cette enfant terrifiée par l'abandon,

Si je n'avais pas cette peur de les perdre, de me perdre,

Si je ne m'isolais pas dans ma tête chaque fois que mon souffle devient erratique,

Chaque fois que ma respiration se coupe,
Chaque fois que les larmes tachent mon épiderme bien trop de fois peinte par leur mélancolique couleur,

Si et si et si et si...

Alors peut-être j'aurais été quelqu'un d'autre,
Peut-être que les choses auraient été différentes,
Peut-être que ce désir naïf, cette nostalgie brûlante,
Cette mélancolie qui brûle mon être de l'intérieur,
Ne serait tout simplement que sérénité et paix.

Oh, la paix.

Cette tranquillité qu'on me promet, je la poursuis.
Parfois, je ferme mes yeux et je leur demande de se taire.

« Juste cette fois s'il te plaît », je leur demande.

Et parfois, miraculeusement, pendant quelques secondes, je goûte à l'exquise saveur de l'ataraxie,
Le délice de la quiétude.

Et puis, elle me chuchote toutes ces choses,
Elle me murmure de leur venin tous ces mots,
Toutes ces paroles que je ne pourrais jamais dire,
Et pourtant, j'aimerais les crier, pour ne plus les entendre,
Pour ne plus qu'elle me tiraille,

« S'il te plaît, s'il te plaît »,

« Viens te reposer un petit moment ».

« Pense à autre chose ».

« Pourquoi y rester, qu'as-tu à gagner ? ».

« Est-ce que ce mot t'est autorisé ? ».

« Shhh, ne le dis pas, il va te détruire ».

Et lentement, chaque morceau se fissure,
Chaque parcelle de mon être se perd.

Chaque infini de mon âme se confond avec elles,
Et je ne suis plus rien,
Si ce n'est qu'un désir fiévreux,

De milliards d'émotions,
De milliards d'envie,
De milliers de désespoir.

Oh, narcotique paix...

Pourquoi me fuis-tu ?

Pourquoi me pousses-tu à te pourchasser ?

Pourquoi me forces-tu à te saisir de mes propres mains ?

Pourquoi ne viens-tu pas seule ?

Seulement habillée d'harmonie et de plénitude ?

Oh, ma douce paix...

S'il te plaît, s'il te plaît,

Ne me laisse pas me précipiter,
Ne m'oblige pas à te saisir de cette manière.

Oh mon amer paix...

Si tu savais comme je me languis de toi.

Parfois je me demande comment quelque chose qu'on n'a jamais rencontré peut-il nous manquer à ce point-là.

Et puis je me rappelle
Que c'est ça, la mélancolie.

Que c'est pour ça que ça me déchire.

Que c'est pour ça que mon cœur n'est qu'un volcan en éruption.

Que c'est pour ça que tous ces mots me brûlent la langue.

Que c'est tout ça qui me consume les mains.

Que c'est pour ça que mon toucher désire être celui de Midas.

Que mon esprit veut parcourir l'odyssée

À la recherche de toi.

À la recherche de ce que je n'ai jamais découvert.

À la recherche d'une terre inconnue.

À la recherche d'un trésor qui semble être seulement une légende.

À la recherche d'un mythe perdu.

Oh mon petit trésor.
Ta grande magnificence me manque.
Quand me laisseras-tu conquérir ton paradis?

Toi, je te cherche et te poursuis.

Oh ma délicate paix...
Promets de venir me retrouver.
Même six pieds en dessous.
Promets-moi d'être au rendez-vous.

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