Chapitre 25

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Lorsqu'il poussa la porte de son appartement pour la première fois en l'espace de seize jours, Dejun ressentit un immense vide. L'absence de chaleur du lieu, l'absence de rire, de présence, le frappa de plein fouet et les larmes lui montèrent aussitôt aux yeux. Son sac s'écrasa à ses pieds et il se laissa tomber sur le sol, dos au mur. Il s'en voulait, il regrettait sa décision, il n'aurait jamais dû quitter la meute sans rien dire, mais sur le moment il n'avait pu penser qu'à cette solution. À présent qu'il se rendait compte de tout ce qu'il venait de perdre, il regrettait terriblement.

Le trajet du retour avait été supportable puisqu'il avait englouti un somnifère pour ne pas avoir à penser à ses actes, mais, depuis la descente du transport, il ne pouvait plus continuer à faire l'ignorant. Il avait eu l'impression de croiser l'ombre de Johnny à chaque intersection, derrière chaque porte. Son odorat nouvellement sensible à la pollution et à la masse humaine s'était réfugié dans l'huile essentielle de cèdre achetée la veille, ce qui n'avait fait que lui rappeler encore plus fort l'Alpha. Il avait l'impression d'entendre le rire de Jungwoo, de sentir les petites mains de Winter qui lui accrochaient le pantalon pour quémander son attention.

Dejun entoura ses genoux de ses bras et posa son visage noyé de larmes dessus. Son corps était secoué de soubresauts douloureux, il ne parvenait pas à s'arrêter de pleurer. Son cœur était serré, impossible à consoler.

S'il gardait les yeux fermement clos, il pouvait revoir Jeno et Jaemin qui se chamaillaient dans un coin ou Sooyoung qui supervisait les plus jeunes en tournant les pages d'un roman fantastique. Il voyait Jaehyun et sa compagne, il voyait les différents groupes d'amis. Il voyait la meute dans son ensemble. Même Lucas et son sale caractère, même ce loup dont il ignorait toujours l'identité et qui l'avait épié pendant tout le temps de sa présence, tout ça lui causait un immense vide.

Il avait l'impression de n'être plus rien. Sa part animale hurlait sa douleur d'être séparée de celui qu'elle considérait comme son compagnon, mais Dejun n'était pas mieux. Lui aussi souffrait d'être éloigné de Johnny, mais Lucas avait raison. Il n'était rien, rien de plus qu'une étrangeté qui attirait l'attention et qu'on jetait une fois utilisée. Il avait cru Johnny différent, il y avait cru de toutes ses forces, c'était ce qui rendait la chute d'autant plus douloureuse.

Dejun farfouilla dans son sac pour en extraire son téléphone et il le ralluma, chose qu'il n'avait pas faite depuis son arrivée à Chungju. Il lui fut impossible de louper l'affichage brusque des appels manqués et des messages non lus de Taeyong. Il avait également des mails de son supérieur qu'il mit dans un coin et un message de ses parents l'invitant à se joindre à eux pour un repas de famille. Dejun eut un sourire triste et une larme dévala sa joue pour tomber sur le sol. C'était la meute qui en l'espace de deux semaines avait pris dans son cœur la place de la famille, pas ces inconnus l'ayant élevé. Il leur devait la vie et son éducation, il n'avait physiquement manqué de rien auprès d'eux, mais il n'avait pas été heureux. Il n'avait jamais été à la hauteur, trop oméga, trop effacé, trop moche. Il ne voulait pas les voir et faire face à leurs critiques une fois de plus.

Automatiquement, son pouce pressa le bouton d'appel à côté du nom de son collègue et meilleur ami : Taeyong. Il ne fallut qu'une sonnerie pour que la voix de l'autre oméga se fasse entendre et Dejun dut éloigner son oreille de l'appareil pour ne pas perdre l'audition. Plus Taeyong était stressé, plus sa voix était stridente, et là elle atteignait des aigus records.

- Pitié, Dejun, dis-moi que c'est toi et pas la police qui appelle pour m'annoncer qu'on a retrouvé ton corps dans les bois ?

- C'est bien moi Taeyong, gloussa le jeune homme un peu amusé malgré lui.

La meute de Chungju T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant