one last month with you

Chapitre 2

-Pardon madame! poussez vous monsieur s'il vous plait!

-Attendez, attendez-moi, criais-je au contrôleur qui s'apprêtait à donner le départ.

-Dépêchez-vous jeune fille, le train n'attend pas.

Ma valise derrière moi et mon sac sur le dos, je sautai dans le wagon déjà en mouvement. Une fois assise à ma place je pris le temps de réaliser la situation. Ça y est, j'y allais! Je partais à Paris.

Hier matin une lettre m'avait été envoyée m'expliquant que ma candidature avait été retenue pour travailler comme domestique dans la famille de Malet. Ce nom de famille était ma porte d'entrée vers un nouveau monde. On m'avait dit qu'il y aurait une autre jeune fille qui travaillerais avec moi. Je n'en savais pas plus. 

Je regardais le paysage défiler, un grand  sourire aux lèvres. Je voulais que chaque détail soit implanté dans ma mémoire, même les plus infimes tels que la porte mal fermée du train ou encore la personne à ma gauche qui dormait déjà. En ronflant en plus!

Je crois qu'après je finis par m'endormir moi aussi car une heure plus tard un jeune garçon qui devait avoir mon âge me secoua légèrement par le bras:

-Eh réveilles-toi, on est arrivés, il faut descendre.

J'eus un moment de flottement durant lequel je ne savait plus ou je me trouvais ce qui entraina une réponse qui ne fut peut être pas de la plus polie:

-Hein? T'es qui toi?

-Hmm t'es pas du matin toi n'est-ce pas, dit-il en riant, tu devrais te dépêcher de sortir ou tu n'arriveras jamais chez les "de Malet".

Il me prit la main et nous sortîmes précipitamment du wagon.

-Attend, comment sais-tu que je veux rencontrer les de Malet?

-Tu parles dans ton sommeil jeune fille,  dit-il d'un ton moqueur

Le rouge me monta instantanément aux joues. Qu'avais-je encore bien pu dire d'embarrassant?

- Je me présente, Mathieu, dit-il en faisant une révérence. Toujours présent pour sauver les jeunes filles endormies, se moqua t-il

-Annah, répondis-je en serrant la main qu'il me tendait le sourire aux lèvres.

-Bon, tu comptes y aller chez ces personnes ou tu préfères rester là à fixer mon beau visage? Je sais que je suis vraiment beau mais je vais finir par être gêné, s'amusa t-il.

-C'est à dire qu'entre ton beau visage et une promenade dans la capitale le choix est vite fait répondis-je sur le même ton.

Je me retournai et partis en le remerciant. "Au-revoir jeune fille" me dit-il.

"Jeune fille"? On avait le même âge, pourtant ce petit surnom me fit sourire. 

Quel drôle de garçon.

Je sortis de la gare et marchais dans la fraicheur de ce matin parisien. La ville commençait à se réveiller. C'était magnifique. Toutes ces lumières, ces femmes pressées aux longues robes, les gamins qui vendaient le journal à vélo et les belles sculptures représentants des personnes connues ou d'autres fois des formes assez divagues pouvant être animales ou tout autres.

Mais le plus incroyable c'était les immeubles. Immenses, surplombant tout par leur taille et leur beauté. Certaines fois il y avait des constructions un peu moins sophistiquées mais globalement ce coin de Paris était tout bonnement parfait. Je tenais fermement dans mes mains le petit bout de papier qui me mènerait vers un futur plus lumineux. Du moins je l'espérais. Il y avait écrit dessus en lettre capitales pour ceux qui avaient du mal à lire les minuscules" 16e arrondissement, Boulogne- Billancourt rue Nationale". Une jeune fille devait m'attendre devant la porte de L'immeuble à 8 heures précises. J'avais de l'avance c'est pourquoi je pris mon temps pour découvrir cette nouvelle ville. En continuant je vis la Seine. Ce fleuve qui passe au milieu de la capitale sur lequel naviguaient des bateaux-mouches ou des bateaux touristiques. Il y en avait aussi des plus petits pour la pêche. Sur le quai il y avait des commerçants et leur commerce avec des chevaux attachés et attelés devant. C'était assez sale et il se dégageait de cet endroit une odeur forte de poisson et d'ordure. Autant dire que ce n'était pas très appétissant. En amont c'était réservé aux belles maisons pour ceux qui pouvaient se permettent de s'acheter une vue sur le fleuve et des jardins sans limites dans la presque forêt qu'il y avait.