Ange

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Ses pas le mène à l'extérieur. Il traverse la forêt, ses pas faisant craquer les bouts de bois au sol. La bête au regard rouge est un peu devant. Il est sûr qu'il s'agit d'un loup et non d'un chien, mais après tout, qu'est-ce qu'il en sait ? Il le suit simplement, sans question. C'est une sorte de pulsion qui l'habite, et qui lui souffle de continuer, de ne pas s'arrêter, sous aucun prétexte.

Son cœur résonne dans sa cage thoracique, à en faire résonner tout son être. A en faire vibrer son corps. Battre son souffle. Sa course est étrangement rapide, bien plus que celle d'un quelconque humain.

Et ça, Ange le remarque. Sur la route, prêt à rentrer chez lui. Il tourne la tête, en entendant une course, à quelques mètres de lui. Et en effet, de l'autre côté de la route, à travers les arbres, il peut les voir. Ce soi-disant chien, rapide comme un rayon de lumière et ce nouvel habitant, qui se déplace à la vitesse d'une ombre.

Et il est dur pour lui de le réaliser. Est-ce vraiment un humain ? C'est à se demander. D'ailleurs, il lui lance un regard suspicieux que Chat évidemment ne perçoit pas, trop préoccupé à courir après l'animal.

Ange secoue la tête, et emprunte le chemin de chez lui. Il lui demandera demain, ça ne sert à rien de lui chercher des problèmes ce soir.

Un de ses frères lui donne une petite tape amicale derrière la tête, ce qui lui arrache un sourire. Il n'a aucun vrai frère, mais l'endroit où il vit est un peu comme un refuge d'orphelin spécifique. Il les considère tous come de la famille.

« Léo, souffle Ange, Tu vas te décider un jour finalement à porter un tee-shirt ?

-Non, sinon je ne prends pas le soleil et je serais pâle. Ce serait une honte pour mes ancêtres. Tu devrais faire pareil.

-Oui, oui, bien sûr.

-Comment étais ta journée ?

-Etrange.

-Ah oui ?

-Ouais. Il y a un nouveau dans ma classe. Il est suspect.

-tu trouve toujours les gens suspects.

-Oui, mais lui j'ai des preuves. »

Léo hausse les épaules et part rejoindre d'autre membres de la famille composée en courant, eux aussi sans tee-shirt, des sauts dans les mains. Ange, lui, continue sa route. L'endroit où il vit est composée de plusieurs petites cabanes. Le rituel est de venir dans la première cabane, celles au centre du reste, pour prévenir la cheffe de famille du retour. C'est donc ce qu'il commence à faire, mais est surpris de trouver juste devant une voiture de police. Il reste imperturbable et entre dans la maisonnette.

Il y trouve Olga, une vieille femme très ridée, aussi la cheffe de famille, entourée de deux policiers. L'un est très grand, plutôt musclé, une assez grande barbe et des cheveux longs attachés en un chignon décoiffé, dans un uniforme de shérif. Il le reconnait de suite : Andres Person.

L'autre, plus fluet et d'une tête de moins, est dans une sorte de costard, une cigarette pincée entre les lèvres. Ses cheveux sont noirs, plaqués contre son crâne, et il a une barbe, oui, mais bien moins grande. Elle est courte et bien taillée. Il n'a aucune idée de qui il s'agit.

Toujours est-il que les trois se tournent vers lui.

« Ange, fait la vieille Olga, tu es revenu.

-Oui. Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Ange ? fait le détective, je suis Franck Gustav. Nous sommes à la recherche d'un John Wolf.

-John ?

-Oui.

-Non. Enfin, je connais John Vanance, mais c'est tout.

-Le fou qui est passé aux infos ? demande le Shérif en riant, Non, pas du tout. Mais, au fait, tu n'es pas le garçon qui était devant le lycée ?

-Euh...si ? Enfin...

-Bon, et bien je tiens à te dire qu'il faut que tu fasses attention quand tu traverses la route, gamin. »

Ange plisse les yeux plusieurs secondes, avant d'enfin comprendre et de se rappeler de la voiture de police qui l'avait frôlé.

« Et ensuite, excuse-moi. J'aurais dû être plus prudent.

-Ne vous en faites pas, regardez, je vais bien !

-Oui, mais enfin bon. Fais attention à toi. Bref, sur ce, nous allons donc repartir. Si vous croisez John Wolf, prévenez-nous.

-Pas de soucis, grogne Olga, un regard suspicieux. »

Elle reste sur le perron tout en les regardant s'en aller, une mine presque victorieuse sur son visage marqué par le temps. Ange soupire.

« Il est là, c'est ça ?

-Qui ?

-Comment ça, qui ? John, bien sûr. »

Elle lui lance un regard noir.

« Hey ! Ne me regarde pas comme si j'allais vous balancer !

-...Oui, il est là.

-Pourquoi tu leur as menti ?

-Parce qu'il n'est pas responsable de cette histoire.

-Quelle histoire ?

-Ange ! Retourne plutôt aider tes frères, tu veux ? J'ai d'autres problèmes. »

Il grogne mais obéit. Il se dirige vers sa cabane le temps de poser ses affaires, puis revient sur ses pas, pour chercher Léo. Il est mêlé à un groupe qui forme un cercle autour d'il ne-sait-quoi. Mais lorsqu'une personne se décale, il croise le regard de Colton, un des leurs, essoufflé, au sol. Il se rapproche, perplexe et curieux.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé !?

-Oh, Ange ! s'exclame Léo, Et bien figure-toi que cet abruti a voulu faire la course avec un humain.

-Et ?

-Ben s'il ne s'était pas glissé dans son terrier, il aurait perdu.

-Non !?

-Si. »

Colton lève son index, et commence une phrase tout en essayant des reprendre son souffle.

« Il était ultra rapide ! Plus rapide que la plupart d'ici.

-Attend mais...Il avait la peau mate et des yeux vert !? Plutôt beau ?

-Oui ? Tu le connais ? »

Il frappe sa main contre sa cuisse, lâchant un juron.

« C'est le nouveau de mon école.

-Non ?

-Puisque je te le dis. Putain. »

Il s'assoit aux côtés de Colton.

« Un loup de Plague, tu penses ?

-Pas d'autres choix. Tu veux qu'il soit quoi ? Un simple humain ? »

Léo croise ses bras, pensif.

« Peut-être qu'il est juste rapide ?

-Rapide comme ? Un loup ? ça doit être ça, oui. Ironise Ange. Des coureurs de mon âge qui vont plus vite qu'un loup, je n'en connais pas.

-Ouais, j'avoue. Mais admet que c'est étrange quand même.

-De ?

-Un loup ennemi ne viendrait pas courir comme ça sous forme humaine !

-C'est peut-être un loup très con.

-Je pense qu'il y a mieux comme explication. »

Ange hoche la tête. Mais Chat n'avait pas vraiment l'air d'être un ennemi. Il ressemble plus à...un chat.

Les loups de ChestownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant