Le monde part en couilles

Boomer

Je ne pense pas que des adultes lisent ça donc je peux plus ou moins prédire que vous avez déjà tous entendu des phrases du style « de mon temps machin chose », « à ton âge bidule truc », « vous les jeunes truc machin »

Et c'est chiant. Super chiant. Parce que « à mon âge », c'était au siècle dernier. Or, pour le meilleur et pour le pire, le monde évolue en permanence.

Ce sujet commençait vraiment à m'irriter donc je me suis penchée un peu plus sérieusement dessus...

A l'origine, le mot « boomer » désignait une personne née pendant le baby-boom qui a suivi la Seconde guerre mondiale, de 1945 à 1965. Pfiou, c'était il y a moult années ! Ensuite la définition a évolué pour caractériser une personne de cette génération aux idées rétrogrades et ne supportant pas les mutations qu'ils ont pour la plupart eux-mêmes engendrées ! Scusez, Steve Jobs est pas né en 2002... c'est pas la Gen Z qui a créé les réseaux et foutu la planète en l'air

Ce mot s'est popularisé en même temps que l'expression «ok boomer», que je suis souvent tentée d'utiliser mais, les dieux soient loués, j'ai assez de recul et de self-control. Surtout quand je pense que le boomer en face de moi en a pour moins longtemps à vivre que moi. Je sais, c'est affreux... mais eh ! A la guerre comme à la guerre !

Donc j'ai recensé les sujets à ne pas lancer à une réunion de famille, sous peine de voir les cousins ados relégués à la table des enfants s'allier pour tenter d'étrangler Papy-moi-j'ai-connu-la-guerre, Tantine-c'est-l'adolescence-ça-lui-passera et Tonton-lâche-ton-téléphone-oh-à-ton-âge-on-se-parlait-en-se-regardant-dans-les-yeux

Le premier, peut-être le plus évident, la technologie. Sauf que, comme je l'ai dit, c'est pas la Gen Z qui a créé tout ça... Facebook (qui est devenue l'appli de boomer entre temps, oui je sais) a été créé en 2004. Moi j'avais... rien, on en était encore au stade du spermatozoïde et de l'ovule dont les heureux propriétaires ne s'étaient même pas rencontrés. On l'utilise beaucoup (parfois un pitit peu trop, c'est vrai) mais ils ne voient que les mauvais côtés. Oui, le Web (je pense à mon prof de SNT qui serait déçu en me voyant utiliser le mot internet) c'est dangereux. Mais c'est pas le problème de la toile... c'est les gens qui sont dessus ! Il y autant de risques dans la vie réelle, c'est juste qu'ils sont différents. Je ne vais pas m'empêcher de sortir de chez moi à cause de la probabilité de me faire violer, renverser, kidnapper ou que sais-je, n'est-ce-pas ? Eh bien je ne vais pas m'empêcher d'utiliser les réseaux parce que je risquerais de me faire harceler, arnaquer (faudrait que l'arnaque soit vraiment bien foutue vu comment je suis pessimiste), approcher par des types chelous (eh, je suis une fille... je vais forcément me faire approcher par des types chelous une fois dans ma vie).

Certaines de mes meilleures amies, je les aies rencontrées via les réseaux. J'ai fait tout plein de supers rencontres. Je peux partager ma passion, découvrir celle des gens... j'informe même sur les choses qui me tiennent à coeur. M'est avis que ça serait un poil plus galère si j'abordais les gens dans la rue. Pouvoir communiquer avec quelqu'un à 50 ou 2000 km de toi... franchement, c'est pas fantastique ? Pouvoir poster quelque chose qui, techniquement, sera visible dans le monde entier ? Ça fout le vertige. On peut découvrir des cultures étrangères fascinantes sans devoir voyager jusqu'au pays qui nous intéresse... même s'il est évidemment encore mieux de le voir en vrai ! Le Web, en concentrant une énorme partie de la population, concentre donc les défauts de l'humanité qui pourtant existent partout et depuis toujours...

Ensuite, selon le magazine Marie Claire, la Gen Z est considérée comme égoïste, paresseuse et intolérante et pas assez engagée politiquement.

Culotté de nous qualifier d'intolérants. Et d'ailleurs, même si on l'était... eh bien, les jeunes se sont pas éduqués en autodidacte, hein. C'est pas nous qui pestons ou sursautons en voyant une femme voilée dans la rue. Ma mère a commencé à porter le hijab, le voile, et dans la rue y a une nana qui lui a demandé si elle parlait français. Je sais pas quoi en penser. Ça m'a fait mal de voir que tout le monde la regardait du coin de l'œil et chuchotait quand on est allées à la piscine et qu'elle portait un burkini. Mon père a dit que c'était comme si elle refusait de s'intégrer à la société. Ma mère est née en France, elle a vécu en Algérie, oui, mais ça fait au moins 30 ans qu'elle est revenue. Et même si la religion est le point sur lequel nous ne nous entendons absolument pas, il n'y a aucun rapport avec « son intégration dans la société ». Tu vas pas demander à un rabbin qui passe s'il parle français en croisant les doigts pour qu'il ne réponde pas en hébreu, si ? Eh ben c'est pareil. Le voile existe dans une immense partie des religions... mais on associe toujours l'islam à ses extrémistes, ce qui est complètement stupide parce qu'un vrai musulman vous confirmera toujours que l'islam est une religion de paix (sauf quand ma mère se rend compte que j'ai bouffé tout le chocolat alors qu'elle a invité des amis pour le goûter. Là, plus de paix qui tienne)

C'est pas nous qui qualifions l'homosexualité, la non binarité et que sais-je d'effet de mode, de choix ou de hobby. C'est mon loisir d'être bisexuelle ? Non, c'est une partie de moi, c'est tout.

Non, il n'y en pas « plus qu'avant ». Il y a juste de moins en moins de pays où on est condamnés à mort. Ce n'est pas un effet de mode. Au risque de me répéter, aucune personne sensée ne ferait un choix risquant de lui apporter des mauvais traitements. C'est pas moi qui mégenre une collègue transgenre sous prétexte que « ça fait bizarre », dixit mon père. Quand je l'ai corrigé, ma cousine m'a félicité et il n'a plus osé revenir sur le sujet. Na !

Je comprends pas trop qu'on puisse nous qualifier d'égoïstes... fin j'ai pas réussi à trouver par rapport à quoi ils pensent ça.

Il y une nuance entre être paresseuse et pas vouloir se tuer à la tâche 50 heures par semaine dans un taf qu'on aime pas pour 1400 balles à la fin du mois. Oui d'accord, je soupire quand ma mère me demande de vider le lave vaisselle. Mais qui ne soupire pas avec ça ?? Sous prétexte que je vais en cours, mes parents estiment que je suis en pleine forme à la fin de la journée. Euh, scusez ? Je me lève à six heures tous les matins pour rentrer chez moi vers 17h. J'ai compté que j'avais 33 heures de cours par semaine. C'est très très près des 35 non ? C'est fatiguant de devoir rester attentive toute la journée, prendre des notes quand le prof dicte comme s'il avait un train à prendre dans la minute, les exos, les devoirs en rentrant, les contrôles et diverses évaluations tous les deux jours, la pression, le stress etc. Moi aussi j'ai le droit d'avoir des coups de mou et d'être crevée, c'est pas parce que je suis jeune que je suis moins fatiguée. Je suis toute aussi fatiguée que mes parents, c'est juste que je m'en remet plus vite. Moi aussi j'ai le droit d'être de mauvaise humeur. Quoi, parce que je suis ado, j'ai pas de problèmes ? J'en ai, c'est juste qu'il concerne pas mes factures, mon loyer ou le repas. Mais ils ne sont pas moins lassants ou angoissants.

Pas engagés assez politiquement, c'est comme le reste, ça dépend des personnes. Je connais un gars de mon âge qui veut devenir sénateur, il est super calé en politique et j'avoue que c'est super intéressant de l'écouter, parce qu'on sent qu'il est passionné et super engagé.

Moi, j'admets que j'en ai pas grand-chose à foutre. Allez savoir pourquoi, je trouve inintéressant au possible de lire les programmes de tel ou tel candidat à telle ou telle élection, parce qu'en générale je me sens concernée par aucune mesure. Eh, tiens, c'est p'tet pour ça alors...

Ensuite, ce que je nomme « les grands enjeux », c'est-à-dire les trucs comme l'écologie et la guerre. Il y en a sûrement d'autres mais c'est ceux là qui me donnent particulièrement envie de fracasser la bouteille de champagne sur la tête de mes parents, de ma grand-mère, de mon oncle ou de ma tante le soir de Noël.

On le sait, que le réchauffement climatique augmente d'années en années, on le voit ! Et c'est aussi prouvé que c'est à cause de l'Homme. Les espèces disparaissent à la vitesse de Flash McQueen, les catastrophes naturelles se multiplient et sont de plus en plus graves... Mais si tout le monde se dit « je peux rien y faire », pour sûr on va tous crever. Certes, il faudrait combiner les petits gestes du quotidien à des grandes mesures nationales et internationales mais si 7,8 milliards de personnes s'y mette, on avancera un peu... c'est pas si compliqué de pas écraser son mégot par terre, de pas gaspiller l'eau chaude, de trier... petite pensée à @plumelina  qui a réussit à me convaincre de pas faire de croisières, vu que c'est dangereux pour les baleines. Elle m'a pris par les sentiments la rusée.

Pour finir, la guerre. Dans les commentaires d'un micro trottoir où on demandait à des adolescents/jeunes adultes s'ils seraient prêts à se battre pour la France, j'ai vu plein de vieux (ils se repèrent facilement) s'offusquer devant ce manque de patriotisme. Mais les gars... c'est pas pour rien qu'on a une armée professionnelle. Ça servirait à quoi d'envoyer des gens qui se sont jamais battus de leur vie sur un champ de bataille ? La guerre, c'est pas la gloire et la fierté de servir son pays. La guerre, c'est l'horreur, la peur, la douleur, le sang, la mort. Vous croyez que les vétérans sont contents d'avoir combattu ? Pour de vrai ? Qu'ils repensent à ça avec un grand sourire ? La guerre c'est pas un jeu, c'est pas une fierté.

Bon, je crois que j'ai fait le tour...

PS : Avouez, la musique du média elle est drôle