𝐏𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐦𝐲𝐬𝐭𝐞𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐚𝐧𝐭𝐨𝐮𝐟𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐫𝐞

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   Voir le prince aussi affligé me met dans tous mes états. J'ai envie de le prendre dans mes bras, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le consoler...

— Anastasie ! Tu es là, je te cherche partout.

Ma sœur est venue me chercher. Je lui réponds d'un regard las. Je n'ai pas envie de lui raconter ce qu'il se passe, ni lui parler de quoi que ce soit en fait. Javotte et moi avons toujours été proches, mais nous nous disputons souvent. Cela creuse une sorte de fossé entre nous.

— Allez, je sais que tu es jalouse de cette fille ! S'exclame Javotte en fronçant les sourcils. Ce n'est pas une raison pour ne pas t'amuser, Mère nous grondera bien assez demain.

Je devrais être jalouse de cette mystérieuse Colombe. Étrangement, je ne la déteste pas.
Je déteste seulement la manière dont la regarde mon prince. D'ordinaire, Henri est plutôt peu disposé aux émotions. C'est son père qui l'a obligé à organiser ce bal pour trouver une fiancée. Il fait passer son devoir avant les sentiments. C'est aussi cela qui fera de lui un merveilleux bon roi.
Cependant, je pensais être celle qui le ferait changer. Apparemment le destin en a décidé autrement... Je sais que je ne peux rien y faire, mais une boule de remords monte à ma gorge. Est-ce ma faute ? Je sais très bien que je ne suis pas une sainte, j'ai fait des choses que je regrette. Et malgré cela, je recommence, encore et encore. Peut-être que je ne mérite pas l'amour après tout... Je ne suis pas une princesse, moi.

Mais je sais que Javotte a raison. Nous aurons à subir les représailles de Cécilia pour avoir laissé une autre nous voler notre place de reine. Elle n'osera pas en public, mais demain les mots jailliront... Autant profiter de la fête.
Je me lève avec effort et pousse un soupir.

— Bon, que veux-tu qu'on fasse ? demandai-je à ma sœur, légèrement irritée.

Javotte m'accorde un sourire qui découvre toutes ses dents. Elle aurait pu les brosser avant de venir.

— Et si on commençait par nous goinfrer ?

Je m'esclaffe.

— Bonne idée !

Javotte me prend la main et me sort de ce long couloir sombre. Malgré nos disputes, je me rends compte qu'elle a toujours été là pour moi, et je ne sais pas ce que j'aurai fait sans elle. Nos robes colorées volent au vent tandis ce que nous courons vers la salle de réception.

***

— Que penses-tu de celui-là ?

Je jette un regard au jeune homme qu'elle me montre. Assez trapu, les yeux clairs...

— Hum... Je préfère les bruns.

— Ah oui ? demande ma sœur d'un air naïf en engouffrant une part de gâteau au chocolat. Moi, j'ai toujours eu un faible pour les blonds. D'ailleurs, Jacob est blond.

Je ne peux retenir un rire innocent. Javotte et Jacob forment un merveilleux couple. Je me promets intérieurement de faire tout mon possible pour que ma sœur puisse continuer à fréquenter l'homme que désire son cœur, malgré l'interdiction de notre mère. Si seulement celui que désire le mien pouvait m'aimer autant que Jacob aime Javotte. Mon rire se teinte d'amertume. Je me reprends et affiche un sourire léger.

La soirée continue, j'essaye de m'amuser. Je danse avec plusieurs garçons.
Vers deux heures du matin, Javotte et moi nous retrouvons à discuter avec deux jeunes hommes nommés Louis et Foucault en sirotant des cocktails. Ils sont assez intéressants et discuter avec eux n'a rien d'ennuyant, Foucault à même un certain charme avec ses yeux bleu sombre. Je me surprends à rire de ses blagues idiotes.

𝐀𝐧𝐚𝐬𝐭𝐚𝐬𝐢𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant