Chapitre 3.

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Magara

Magara adossé au îlot de la cuisine, regarde son épouse en train de rouspéter sur les dossiers qu'elle avait embarquée avec elle. Elle est assez mignonne dans cette tenue. Par le simple fait d'être mariée à elle, Magara avait la chance inouïe de voir la grande patronne en culotte, le cul au sol.

C'est dans des moments comme ça que Magara ne regrette pas d'avoir accepté ce mariage.

"- Williams ne t'aide pas ?

- Je ne fais que lire des documents."

Aie, elle est énervée. Même si leur relation est particulière, Magara commençait à aimer cette situation. Essayez de comprendre Cailyn et de l'aider au mieux. La brune n'avait pas encore cerner totalement la femme en face d'elle mais une chose est sûre, elle ne risque pas de s'ennuyer.

"- Je reçois mes affaires et mon chat, ce soir, j'espère que ça ne te dérange pas ?

- Non, bien sûr que non."

Magara avait proposé de vivre séparément mais Cailyn a directement posé son véto sur cette possibilité. Elle avait mentionné que personne ne croirait à leur mariage si elles vivaient dans deux appartements séparés. Magara ne pouvait que s'incliner, au lieu de ça, elle avait décidé de payer la moitié des dépenses malgré les refus de son épouse.

"- Tu as un chat ?

- Oui, il s'appelle Noir.

- Drôle de nom pour un chat.

- C'est mon petit frère qui l'a nommé.

- Ton petit frère ?

- C'est le fils de mon beau-père mais je le considère comme mon frère. Il va bientôt fêter ses 2 ans."

Magara buvait une tisane en racontant ses réponses. Elle se sentait toujours mieux en buvant une boisson chaude après la douche. D'ailleurs, les cheveux blonds de son épouse gouttaient encore. Elle pose sa tasse sur le meuble derrière elle. Sans un mot, elle revient derrière son épouse pour poser une serviette sur ses cheveux. Même si c'était un carré plutôt court, un rhume est vite attrapé.

"- Tu devrais faire attention à ne pas prendre froid."

Elle s'applique à essuyer les mèches de la nuque avant de remonter petit à petit pour sécher les mèches de devant. A la sonnerie de l'interphone, elle se lève brusquement comme par peur de rater les déménageurs. Magara avait surtout hâte de retrouver Noir. Elle pose le téléphone beige contre son oreille.

"- Bonsoir Madame, mon équipe a déposé vos colis sur le palier et confié le chat à la gardienne. Bonne soirée à vous."

Magara n'eût pas le temps de répondre que le téléphone se coupe simplement contre son oreille. Son chat est en bonne santé, c'est une bonne nouvelle. Par contre, la mauvaise nouvelle n'allait pas plaire.

"- Tu veux rire ? Ils ne montent pas les meubles."

La gardienne comme par lui donner la cage de son chat et croiser les bras en voyant tout ce bazar laisser par les déménageurs.

"- Vous voulez de l'aide ?

- Non merci, Madame, ça serait dérangeant pour nous de vous laisser monter les cartons.

- Ma pauvre chérie ! L'ascenseur est en panne pour la semaine ! Vous n'avez vraiment pas de chance."

Magara commence à remonter ses manches, le chat reste avec la gardienne en attendant qu'elle finisse ses affaires. Elle regarde sa femme qui regarde les cartons avant de prendre le plus volumineux. Rien ne bouge.

La brune ricane avant de se mettre de l'autre côté pour aider. C'est la bibliothèque qu'elle avait emballé, il y a à peine quelques semaines. Vu la quantité de livres qu'elle avait, elle se doutait bien qu'emporter ce meuble était indispensable.

"- Tu passes devant et moi derrière.

- Je peux le faire toute seule !

- Ne joue pas à Hercule ! Dépêche toi, c'est lourd !"

Magara monte les cinq marches menant au sas du premier étage. Cailyn n'avance plus. Elle demande pourquoi, sa femme lui dit que le plafond est plus bas par la suite à cause des étages, le carton ne passe pas sur la deuxième partie des escaliers, du premier étage. Ce déménagement se promet plus difficile que prévu.

"- Tourne à gauche !

- Ta gauche ou ma gauche !

- Réfléchis !

- Elle est trop haute, ça ne passera pas !

- Mais pourquoi tu as une bibliothèque si grande ?

- J'aime lire !"

Magara rigole en entendant Cailyn pester sur l'architecture bancale de ce bâtiment "de merde". Magara trouvait ça tellement plus drôle d'entendre sa femme parler librement. Elle ne sait pas pourquoi, mais souvent, elle ressent que Cailyn se retient de parler ou d'agir. Comme si elle était mal à l'aise. Magara ne se trouvait pas horrible à ce point pourtant.

"- Ta bibliothèque peut se démonter ?

- Je pense, mais pourquoi- Oh !"

Magara se sent immédiatement conne ne pas y avoir penser. Elle avait emballé sa bibliothèque dans son carton d'origine pensant que ça allait être plus simple ainsi. Cailyn lui demande des outils chez la gardienne.

"- Je m'occupe de la démonter et de la monter, tu peux t'occuper des autres cartons."

Cailyn finit par faire descendre le carton de la première marche sur laquelle il reposait. Magara accepte sans rien dire et descend les cinq petites marches. La gardienne ne tarde pas à donner sa boîte à outil à la jeune brune.

Magara fait les allers et retours jusqu'à monter la totalité des petits cartons, elle regardait sa femme en train de se prendre la tête à monter les petits bouts de meubles qui constituent sa bibliothèque. C'est assez mignon de voir Cailyn dans une position de tous les jours.

Magara, en aidant sa femme, même s'il est encore à avouer qu'elle l'est, repense à leur première rencontre. Elle était loin d'être présentable. Elle avait passé des nuits entières sur un dossier important, ses collègues l'avaient réveillée au dernier moment, juste avant que Cailyn entre dans la pièce.

Elle s'était levée maladroitement, de la bave encore collée sur sa joie, ses cheveux attachés en un chignon catastrophique. Sa chemise blanche n'avait même pas été repassée, ce jour-là. Un léger ricanement fait lever la tête à son interlocutrice qui s'interroge.

"- Je repensais à notre première présentation. Une véritable catastrophe !

- Je ne pense pas."

Elle regarde son épouse, Cailyn souriait, un petit assouvissement nostalgique. Elle gardait cette rencontre comme un bon souvenir ? Elles ne se sont même pas adressé la parole ce jour-là. Elle avait peut-être un sourire moqueur, il est vrai que Magara était loin d'être la perfection incarnée.

"- Fini !

- Il faut la remonter, maintenant...

- Qu'elle aille au Diable ! La démonter a été un Enfer !

- Je prendrais le temps de la remonter, merci de m'avoir aider."

Amusée par l'exclamation de sa supérieure, elle la remercie et dépose un petit bisous sur sa joue. Les approches physiques ne semblent pas être la tasse de thé de la blonde mais, le temps de quelques secondes, Magara l'avait oublié pour faire ce qu'elle vient de faire. Elle le regrette presque immédiatement en voyant sa femme rester stoïque.

"- Désolée... Je n'aurais peut-être pas dû ?

- Ce n'est rien. Allons nous coucher."

EunoiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant