Eunoia

Chapitre 8.

Cailyn

Soirée de merde.

Journée de merde.

Dîner de merde.

Alcool de merde.

Gueule de bois de merde.

Mariage de merde.

Cailyn avait juste envie de fuir cette famille. Leur fille est mariée avec elle et pourtant elle avait juste envie de mourir en ce moment. Les parents en face d'elle sont aux anges à raconter comment leur fille avait gravi les échelons pour arriver à sa place actuelle. Sa place actuelle ? Cailyn avait envie de rire. S'ils savaient que la place actuelle de leur fille est celle d'une menteuse manipulatrice, ils ne seraient pas aussi en joie.

"- Vous savez, nous n'aurions jamais pensé que vous vous intéressez par notre fille.

- J'ai immédiatement aimé votre fille... A notre première rencontre, elle dormait sur son bureau.

- Mon Dieu !"

Le père ricane en reconnaissant que ce trait de caractère vient de lui tandis que la mère essaie de se cacher derrière ses mains. Cailyn voyait Magara en ses deux parents. L'honnêteté de son père mais la pointe de timidité de sa mère.

"- J'ai vécu dans un environnement spécial... Entourer de personne qui me caresse dans le sens du poil peu importe ce que je pouvais dire ou faire. Voir que Magara s'en fiche royalement, qu'elle me tient tête, qu'elle écoute son cœur et non les codes sociaux ridicules... C'est ça qui m'a plu chez elle.

- Notre fille est assez spéciale aussi, elle a le don de n'absolument jamais se soumettre. Son père... Biologique, c'était quelqu'un de très fort. Le cancer nous l'a malheureusement pris il y a 5 ans maintenant..."

Le beau-père réconforte sa femme, une main sur l'épaule. Cailyn aime cette famille, malgré le remariage, le respect est présent pour la vie passé de cette femme et de sa fille. A aucun moment, cet homme n'a parlé de Magara en mal, ni en tant que "belle-fille". Cailyn se demande si tous les remariages se passent ainsi.

Après que sa mère soit partie pour un autre homme, son père n'a jamais voulu retrouver quelqu'un. Il ne l'a jamais dénigrer non plus, il dit souvent que même si elle est partie, elle lui a fait le beau des cadeaux sur Terre: un enfant.

"- Magara n'a pas bien vécu sa mort, elle s'est renfermée dans le travail... Mais depuis que vous êtes arrivée, elle semble être... Vivante ?

- Vivante ?

- Elle ne respirait que pour le travail, maintenant, quand elle m'appelle, je suis contente d'entendre qu'elle se porte bien. Elle m'a raconté son déménagement avec les larmes aux yeux, tellement elle riait."

Oui, d'ailleurs les morceaux de cette bibliothèque attendent toujours la blonde dans un coin de son appartement. Il est vrai que c'était assez drôle, c'est sans aucun doute le meilleur souvenir qu'elle partage avec sa femme, à ce jour.

"- J'aime votre fille... Profondément...

- Pourquoi dites vous ça comme si c'était une mauvaise chose ?"

La mère semble inquiète d'un seul coup. Son chignon noir tirait ses yeux en amandes, la pointe de peur dans son regard les rendant encore plus fins. Le père regardait la scène sans parler, il participait en suivant du regard la prise de parole ou en hochant la tête de temps en temps. Cailyn secoue les mains rapidement devant son visage, l'air gêné.

"- Ce n'est absolument pas une mauvaise chose ! Excusez moi de vous inquiéter !

- Ce n'est pas grave... Vous savez un couple c'est des hauts et des bas, surtout pour de jeunes mariées, il faut prendre le temps de connaître l'autre et de se reconnaître en elle."