CHAPITRE 7

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- CHAPITRE 7 –

La tronche de Philippe

La rue pavée est non seulement tranquille, mais déserte aussi. Un rideau au crochet se soulève un instant dans la maison d'en face, et nous laisse entr'apercevoir un profil de souris apeurée avant de se rabattre. L'artère un peu plus large, mais guère plus animée, dans laquelle nous débouchons, se termine d'un côté, en effet, sur une barrière au-delà de laquelle une allée cavalière s'enfonce sous les marronniers, et mène de l'autre, nous ne savons trop où, mais nous n'avons guère le choix de toute façon.

Au terme de quelques tours et détours superflus, la silhouette bien reconnaissable du château qui vit naître Louis Quatorze, et qui héberge aussi le musée le plus nul que je connaisse, apparaît au-dessus des toits. Les rares passants que nous avons croisés ne nous ont pas prêté une attention particulière, contrairement à ce que je craignais. Mine de rien, on avait quand même fait une sacrée trotte sous terre depuis chez Philippe.

C'est celui-ci qui vient nous ouvrir, vu que c'est le jour de congé de leur muchacha. Celle qu'on avait, de muchacha, avant Maryse, elle allait tous les dimanches à Paris, à l'église de la rue de la Pompe, retrouver ses copines. Bref... il faut voir la tronche de Philippe qui ne pige visiblement pas comment on a fait pour arriver là. Comme on essaye tous de lui expliquer en même temps, ça ne l'éclaire pas beaucoup mais on y parvient finalement.

On passe encore un moment chez lui, le temps de se débarbouiller d'abord, puis de boire un coup. Il a sorti une bouteille poussiéreuse de la cave de son père, il dit qu'il y en a tellement que ça ne se remarquera même pas. Moi, je n'aime pas trop le pinard, je préfère le whisky, le Black & White comme mes parents, mais tant pis. Son petit frangin qui regardait le film du dimanche vient en réclamer aussi, et Philippe lui en sert un verre. Moi, je bois à la bouteille, comme un homme.

Après avoir fait la route de concert jusqu'au Domaine, nous nous séparons, non sans nous être promis de poursuivre nos explorations à la première occasion. Et non sans avoir convenu de n'en souffler mot à quiconque.

Le Trésor de DagobertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant