Prologue

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« Tu penses qu'un de nos amis sera choisi pour aller dehors demain ? me demande Noah, un ami de longue date, alors que nous sommes dans notre bar habituel.

- Je n'en sais rien, peut-être. Tu crains d'être sur la liste ?

- Bien sûr. Qui n'a pas peur de devoir sortir ?

- Moi, je me suis porté volontaire il y a quelques semaines et ils ont acceptés. »

Il ne me répond pas, il doit être surpris c'est normal, personne ne s'est jamais porté volontaire. Sortir de notre chère petite ville est terrifiant, on dit que ce qu'il a dehors est tellement différent d'ici qu'on se croirait dans un nouveau monde. Mais bon, ça reste de simples rumeurs.

« Mais Isaac t'es complètement fou ! me crie-t 'il après plusieurs secondes de silence.

- Parle moins fort tu veux, on n'est pas tout seuls et en plus je n'ai pas envie que tout le monde le sache tu comprends ?

- Non, je ne comprends vraiment pas pourquoi tu vas dehors volontairement.

- Je vais chercher mon petit frère.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- J'ai un petit frère Noah. Il était sur la liste il y a 10 ans. Il avait 8 ans, j'en avais 14. Quand je l'ai vu partir ce jour-là je me suis promis de le retrouver.

- C'est du suicide. Il avait 8 ans, il est surement déjà mort depuis longtemps. Et puis tu ne m'avais jamais dit que tu avais un petit frère.

- Tais-toi. On n'en sait rien. Ce n'est pas la peine d'essayer de m'en dissuader. Je ne t'en ai jamais parlé parce que ce n'était pas nécessaire.

- On est ami Isaac, on ne cache pas ce genre de choses à un ami.

- Écoute, c'est ma vie privée et je n'avais pas envie d'en parler à quiconque.

- Dans tous les cas c'est absurde de se lancer dans une aventure pareille.

- Si tu le dis. Je vais rentrer maintenant. Ravi de t'avoir connu Noah. »

Je m'en vais. Il va me demander de ne pas y aller mais c'est mon choix. Je sais très bien que Noah est peut-être mort mais le temps que je n'en suis pas sûr je continuerai de chercher. Je déteste la simple idée qu'il est peut-être en vie quelque part depuis maintenant 10 ans à vivre dans une misère plus qu'horrible pendant que moi je continue ma petite vie tranquille de paysan avec mes parents. Parents qui font d'ailleurs comme si Adrien n'avait jamais existé. Ils ont très vite oublié leur enfant de seulement 8 ans joyeux, calme et attentionné qui les aimait de tout son cœur. La seule phrase à laquelle j'ai le droit quand je pose ce sujet sur la table est « Oublie le Isaac, tu es fils unique maintenant, il n'existe plus. ». Je crois que je n'ai plus entendu le prénom d'Adrien sortir de leur bouche depuis le dernier tri. Je ne leur ai pas dit que je m'étais porté volontaire pour sortir. Au vu de l'heure qu'il est, il ont surement déjà reçu la liste et y ont trouvé mon nom. Elle doit être dans ma boite aux lettres aussi, mais je ne la consulte pas. De toute manière, il n'y a qu'une personne par famille qui peut être dessus. Donc aucune crainte pour parents. Et puis mes amis, si leur nom y est inscrit ils n'auront qu'à me suivre ou faire leur vie, peu m'importe je me suis déjà résigné à ne plus jamais les voir.

Mon sac est déjà près sur le palier de chez moi, c'est ma dernière nuit ici. Même si j'ai « hâte » de partir et de revoir mon frère, c'est quand même une drôle de sensation de se dire que je ne reverrais surement jamais mes parents, mes amis, mon appartement et la ferme familiale. Je me demande comment sera le monde dehors. Peut-être n'est-il pas si horrible qu'on le prétend.

StrayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant