Stray

Chapitre 2

  Les rues d'ici sont vraiment jolies. J'aime beaucoup cet aspect coloré, dommage que cette ville connaisse la misère. L'habitation de cette femme est assez loin de la place de tout à l'heure. Nous marchons depuis maintenant au moins 20 minutes. Elle ne parle pas et je n'entame pas non plus la discussion. Les ruelles sont si calmes que je n'ose pas dire un mot et casser le silence.

Elle me fait entrer dans un tout petit appartement, il ne doit pas faire plus de 6m². Il n'y a aucun meuble, seulement des affaires qui jonchent le sol et quelques coussins colorés.

« Bienvenu chez moi. Me dit-elle.

- Merci. Je lui réponds.

- Installe-toi, j'ai beaucoup de choses à te raconter. »

Je l'écoute et m'assois sur l'un de ses coussins. Elle fait de même.

« Bien, alors pour commencer on se présente non ? elle ricane.

- Oui bien sûr. Je m'appelle Isaac, j'ai 24 ans et voilà.

- Super. Elle rit. Je m'appelle Marie, j'ai 18 ans. Je suis arrivée ici il y a 10 ans au dernier tri. Je n'ai ni frère ni sœur à l'heure actuelle. Et mes parents sont toujours dans la ville centre.

- Mon frère Adrien est arrivé ici il y a 10 ans aussi, il a le même âge que toi.

- Donc il avait 8 ans, beaucoup des enfants qui arrivent ici meurent pendant le premier mois tu sais.

- Oui j'en suis conscient, mais rien n'est sûr.

- Bien, alors commençons les choses sérieuses. Comme tu as pu le remarquer, ici les gens vivent très mal et beaucoup meurent chaque jour à cause de la famine et du froid. Au-dessus de nos têtes se trouve un plafond qui nous prive du soleil et donc de chaleur et de culture. On ne produit presque rien donc tout le monde crève de faim. On est obligé de voler tout ce qu'on trouve pour manger. Nous vivons soit dans des taudis comme le miens, soit à la rue pour beaucoup. Ici c'est la loi du plus fort. Il y a des bandes qui se sont formés, les membres sont inconnus et on ne les croises jamais. On dit que leur but et de détruire le plafond pour que tout le monde puisse vivre mieux. Le problème c'est qu'ils restent cachés et volent beaucoup. Je connais beaucoup de monde, mais je n'ai jamais entendu parler de ton frère. Je pense qu'il fait partie d'un de ces groupes. On devrait aller voir dans les ruelles qui leurs appartiennent, on tombera peut-être sur un informateur.

- Merci beaucoup pour toutes ces informations. Elles sont où ces rues au juste ?

- Dans le quartier D, mais d'abord on va au marché dans le quartier C, pour prendre de quoi manger et boire. On en aura besoin si jamais notre quête dure plusieurs jours voire semaines.

- D'accord. On y va alors ?

- Oui. »

Marie se lève et prend un sac à dos et je la suis. Nous sortons de son appartement et avançons de rues en rues.

« Il y a en tout 7 quartiers, nommés de A à G. Les quartiers A, B et C son sûrs. Les quartiers D et E appartiennent aux bandes et les quartiers F et G sont condamnés depuis des années. Avant, il y avait les personnes les plus aisées qui y vivaient. Elles contrôlaient les quartiers A à C. Mais il y a eu une épidémie et les 2 quartiers ont été condamnés avec leurs habitants. Me raconte-t-elle. »

J'écoute attentivement tout ce qu'elle me dit. C'est surement important et ça peut m'aider à retrouver Adrien. On arrive dans le fameux quartier C. Je le sais grâce un de ces panneaux lumineux où est écrit un grand « C ». Il y plus de monde ici. On croise quelques personnes dans les rues et on arrive à ce qu'il me semble être le marché. Il y a quelques stands avec des boites de conserve de toutes sortes. Elles sont toutes ouvertes et remplies de la même purée grisâtre. Je ne veux même savoir de quoi est faite cette mixture. Je continue de suivre Marie à travers les différents commerces. Elle se rapproche d'un stand de boites et d'eau. Le commerçant se retourne et elle en profite pour remplir son sac et partir en courant. Je la suis. Bien sûr, elle aussi vole pour survivre. Le commerçant nous crie mais ne nous suit pas. Je pense qu'il risquerait de perdre le reste de son stand s'il vient.

On s'arrête de courir 100 mètres plus loin. Marie vérifie que personne ne nous suit.

« C'est bon il n'y a personne. Me dit-elle.

- Bien tant mieux. Maintenant on part à la recherche de mon frère ?

- Oui on est déjà presque arrivés au secteur D. »

Nous reprenons la marche. J'espère qu'on trouvera vite Adrien. Il me manque tellement. Dire qu'il a eu 18 ans il y a quelques semaines. Je n'ai pas pu le voir grandir. J'espère qu'il y a pu vivre un minimum bien ici.

Nous y sommes, je vois de nouveau le panneau lettré « D ». Je suis Marie. Il n'y a pas grand monde dehors. Quelques hommes qui n'ont pas l'air très sympathiques et surtout des enfants. Ils ne doivent pas avoir plus de 10 ans. Je pense que certains sont nés ici. Marie semble réfléchir en regardant ces enfants. Elle s'approche de l'un d'eux. C'est une petite brunette.

« Dis moi petite fille, est ce que tu connais un homme de 18 ans qui s'appelle Adrien ? lui demande-t-elle. »

La petite hoche négativement de la tête. Marie s'approche de l'enfant suivant et repose sa question. Aucune des personnes que nous accostons n'a de réponse. Je commence à croire qu'Adrien ne fait partie d'aucun groupe. Marie demande enfin au dernier enfant s'il connait mon frère. Si la réponse est non je ne sais pas quoi faire. Soit il fait partie des personnes que Marie ne connait pas, soit il est mort depuis longtemps. Le garçon nous regarde.

« Je sais où il est, mais ce ne sera pas gratuit. Vous avez demandé à tout le monde il n'y a que moi qui le connait.

- Bien. Qu'est ce que tu veux en échange ? Je lui demande.

- Je veux venir avec vous et que vous me logiez et nourrissiez une fois qu'on l'aura trouvé.

- C'est d'accord.

- Isaac on ne peut pas accepter ça. Nourrir un enfant tous les jours c'est impossible. Me coupe Marie.

- Je le ferais s'il le faut. Je ferais n'importe quoi pour revoir mon frère. En plus maintenant je sais qu'il est en vie.

- Il nous ment peut-être.

- Non je ne mens pas. Il fait partie d'un des groupes pour lesquels je travaille. Rétorque ce garçon.

- Je m'occuperai de toi c'est promis. Mais seulement si on le retrouve et en vie. Je lui dit.

- Bien, alors suivez-moi. »

Je regarde Marie et commence à suivre ce garçon.

« Comment tu t'appelles ? Je lui demande.

- Simon.

- D'accord, moi c'est Isaac et la femme qui m'accompagne Marie. »

Il ne répond pas et s'enfonce dans le quartier D. Au plus on avance au plus il fait sombre. Les panneaux sont éteints. Après une dizaine de minutes nous arrivons au pied d'un grand bâtiment. Simon s'approche de l'entrée et frappe. Quelqu'un en sort, c'est un homme grand et assez baraque. Je pense qu'il s'occupe de la sécurité.

« C'est pour quoi ? Demande l'homme.

- J'aimerais voir Adrien. Répond Simon.

- Tu as des infos ?

- Non, quelqu'un souhaite le rencontrer. »

Il me pointe du doigt. L'homme me regarde.

« Et en quel honneur ? Me demande-t-il.

- Adrien est mon frère. Je lui réponds alors, histoire qu'il nous fasse vite entrer.

- Bien, entrez. »

Nous le suivons jusqu'au 5e étage je crois. Un jeune homme sort soudain d'une des différentes pièces de l'étage.

« Vous vouliez me voir ? »