Chapitre 1

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  Nous y voilà, je me trouve devant la porte. L'immense porte qui représente pour une grande majorité de la population une mort certaine. La plupart des personnes autour de moi pleurent, que ce soit ceux qui partent ou leurs proches. Mes parents sont là, et une grande partie de mes amis aussi. Heureusement pour eux, aucun n'était sur la liste. Ma mère m'a appelé en sanglots ce matin et m'a serré dans ses bras quand elle m'a vu. D'après elle une malédiction est posée sur notre famille, si elle savait que c'est moi qui ai demandé de partir. Elle m'a franchement fait de la peine, c'est vraiment dur de quitter mes parents. Ils ont perdus leurs deux enfants en 10 ans, c'est vraiment dur pour eux. Mon père ne le montre pas bien sûr. Il n'a jamais vraiment montrer ses sentiments. Mais je me rappelle l'avoir vu pleurer dans les bras de ma mère un soir il y a 10 ans. C'est la seule fois que je l'ai vu montrer sa tristesse. Mais maintenant il est temps de leur dire au revoir. Leur dire au revoir pour la dernière fois. Vont-ils vite m'oublier comme ils l'ont fait avec Adrien ? Je ne sais pas. Je vais faire les choses vite, je n'ai pas envie de prolonger ce moment douloureux. Je les serre tous les deux dans mes bras et leur fais mes adieux. Ils vont beaucoup me manquer. Ma mère n'arrête pas de pleurer. Je la rassure comme je peux mais je sais très bien que rien ne va la calmer.

Les gardiens de la porte commencent à demander l'attention de tout le monde. Mon nom est le premier à être appelé. En bon volontaire je me retrouve en tête de liste. Après 10 longues années d'attente je vais sortir. J'avance et le garde ouvre enfin la grande porte. Alors que ces enfants derrière moi ont peur, je me sens d'un coup plus léger. Je suis plus proche de mon frère à cet instant que je l'ai été depuis des années. Je vais pouvoir le retrouver maintenant. Je regarde une dernière fois mes parents et mes amis.

Je sors, l'adrénaline monte. Je suis dehors. La porte grince et se referme derrière moi. Je ne vois personne pour l'instant, seulement des rues sombres et vides. Je n'entends plus les pleurs assourdissants des résidents. Je marche à travers les ruelles et arrive sur une petite place. Je n'ai jamais vu ça ; l'endroit est sombre mais des dizaines de panneaux lumineux sont accrochés sur les différentes façades. On ne trouve ce genre de tableaux nulle part en ville, c'est assez surprenant. J'ai l'impression de me trouver dans le futur. Comment la vie peut être si horrible dans un monde si futuriste ? Hormis les panneaux lumineux, il n'y a aucune source de lumière. J'ai l'impression qu'il y a comme un plafond à la place du ciel. Les murs son gris et sales mais les lumières sont très colorées. Il a des dessins et des écritures. Comme des sortes de publicités, seulement, elles ne sont pas sur papier mais directement sur les murs et panneaux.

Je continue ma route de rues en rues et croise enfin un groupe de jeunes. Ils ne doivent pas avoir plus de 16 ans. Le sol est recouvert de déchets de toutes sortes. Ce sont 5 ou 6 hommes je dirais. Ils approchent, je ne sais pas si je dois me méfier d'eux ou non mais je vais rester sur mes gardes.

« Tu viens du nouveau tri ? me demande l'un d'eux.

- Qu'est ce que ça peut te faire ? je lui réponds.

- Ici c'est la misère tu sais. Les nouveaux nous on les dépouille et on leur pique toutes leurs affaires pour les revendre. »

Les 5 autres jeunes m'encerclent très vite. Je n'ai aucune connaissance en combat ni même en défense. Je suis foutu. J'aurais dû me douter que les gens ici survivraient en volant. Dans une misère pareille, c'est surement la loi du plus fort. Ce n'est pas le moment de se blesser dans une bagarre que je suis sûr de perdre. Et de toute façon je n'ai rien emmener d'important.

« Bien, dans ce cas je vous donne mon sac et vous me laissez tranquille. Je leur dis.

- Faisons ça. Mais vite. »

Je retire mon sac de mes épaules, le jette vers le jeune qui m'a parlé et commence à partir. Ils me laissent faire, je me dépêche. On ne sait jamais, s'ils trouvent quelque chose à redire sur mes affaires et ce que je dois leur donner.

J'arrive sur une seconde place, bien plus grande que la première. Contrairement à l'autre celle-ci est bondée. Il y a des personnes de tout âge et l'espace est bien éclairé grâce aux nombreux affichages rayonnants. Les personnes présentes ont l'air faibles et fatiguées. Elles sont toutes regroupées et leurs vêtements usés. J'imagine que la misère que j'avais pensée est bien réelle. Je fais très tâche parmi ces gens, mes vêtements sont propres et je suis toujours bien portant. Ils vont très vite comprendre que je viens d'arriver.

Parmi ces différents groupes je remarque une jeune fille, elle doit avoir entre 18 et 20 ans. Elle est seule dans son coin mais n'a pas l'air en si mauvais état par rapport aux autres. Je vais m'adresser à elle, elle a l'air en assez bonne santé pour ne pas m'attaquer sauvagement pour quelques euros. En plus, elle a surement l'âge d'Adrien, elle sait peut-être quelque chose à propos de lui.

Je l'approche doucement, histoire de ne pas passer pour un pervers ou je ne sais quoi.

« Bonjour. Je lui dis. »

Elle me regarde attentivement.

« T'es nouveau toi. Me rétorque-t-elle.

- Oui, mais je n'ai pas d'argent et plus d'affaires si tu veux me voler.

- Je ne vole pas les arrivants.

- Bien tant mieux. Tu as l'air de bien connaitre l'endroit, tu pourrais m'expliquer comment ça fonctionne ici ?

- Mmh oui, pourquoi pas. Tu veux savoir quoi ?

- En fait je cherche quelqu'un. Et j'aimerais comprendre comment fonctionne la société ici pour pouvoir m'y faire et le retrouver.

- Tu cherches qui ?

- Mon petit frère. Il s'appelle Adrien.

- En tout cas je ne le connais pas. Mais je veux bien t'aider à le chercher.

- Et en quel honneur ? Je n'ai rien à te donner en échange.

- Je ne demande rien du tout. Une bonne aventure me fera du bien. J'ai perdu mon petit frère aussi il y a très longtemps. Alors si je peux t'aider, tant mieux. T'as l'air sympa comme mec et surtout si t'es là pour ton frère c'est que tu l'aimes beaucoup.

- Merci beaucoup.

- Suis-moi, je vais t'emmener dans mon chez moi. On pourra discuter tranquillement sans que tout le monde t'épie du regard.

- Bien. »

Elle se lève, et je la suis.

StrayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant