Chapitre 1 (Les sentiers de la mort)

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La commissaire Cassandre et le procureur Chapaz en route pour Lausanne, sur les traces d'une suspecte qui y fait suivre son courrier...

- Ah, ben dites donc, ils sont réactifs les Suisses ! admira Cassandre.

- Parce que je connais bien le procureur de Genève, c'est un copain de promo, expliqua Chapaz. Et vous avez de la chance que j'aie une réunion sur une affaire transfrontalière avec lui, du coup je pourrai vous ramener aussi. Elle est pas belle la vie ?

- Oh, merveilleuse... ironisa Cassandre en se tournant brièvement vers son chauffeur du jour.

La sonnerie du téléphone portable de Chapaz retentit.

- Ah, excusez-moi. C'est ma femme, annonça le procureur en tendant le bras vers son téléphone pour décrocher. Oui, ma chérie ?

- J'espère que tu rentres tôt, parce que j'ai acheté ce petit déshabillé noir très court qui te plaisait tant, fit une voix suave qui résonna dans l'habitacle.

Cassandre pouffa discrètement, retenant difficilement un rire franc.

- Oui, oui, je vois, oui. Là, je suis avec le commissaire Cassandre et tu es sur haut-parleur !

- Bonjour Madame ! lança Cassandre en direction du téléphone.

- Pardon, Commissaire, s'excusa madame Chapaz. Vous savez, je suis ravie : j'ai beaucoup entendu parler de vous et d'ailleurs je compte sur vous pour me le ramener pas trop tard ce soir, d'accord ?

- Ah ben oui, oui, bien sûr. Et puis en plus, c'est pour la bonne cause, donc euh...

- Eh bien dans ce cas, travaillez bien. Minou ?

- Oui ?

- Ah ce soir... répondit la voix féminine sur un ton langoureux.

- Oui, oui, à ce soir, oui ! conclut Chapaz, gêné, alors que Florence n'essayait même plus de se retenir : elle riait désormais ouvertement, se moquant gentiment du procureur.

- Elle a une sorte d'autorité ... naturelle, votre femme ! Hein ?

- Oui.

- On n'a pas intérêt à trainer ce soir. Hein, minou, minou ?

- Oh, oui... non, mais allez-y, allez-y, faites-vous plaisir, allez-y !

- Mais non, mais je me moque pas en plus. Je trouve ça très touchant cette relation que vous avez, cette complicité après des années de mariage. J'adore.

- Mmm.

Un léger silence s'installa avant que le procureur ne demande innocemment :

- Vous avez quelqu'un, vous ?

- Non, moi j'ai personne, lâcha rapidement Florence pour éluder la question, avant d'enchaîner rapidement : vous savez, concernant l'affaire, je crois... Mais Chapaz ne comptait pas en rester là, il la coupa pour continuer la conversation qu'il avait initiée :

- comment c'est possible ?

- Mais quoi, comment c'est possible ? je suis toute seule et je suis très bien comme ça. Est-ce qu'on peut bosser au lieu de parler de ma vie non-conjugale, s'il vous plait ? S'emporta légèrement Cassandre.

- Ecoutez... on a tout notre temps, là ! Hein ? Fit remarquer le procureur, bien décidé à en apprendre un peu plus sur cette femme qu'il côtoyait presque tous les jours dans le cadre de son travail, mais dont il ne savait pas grand-chose, en réalité. Parce que ça vous plait, vous, de rentrer chez vous, le soir, seule, sans personne à qui parler ? Une belle femme comme vous !

La remarque interpela Cassandre, qui se tourna vers son interlocuteur :

- Et pourquoi une femme seule ne serait pas heureuse de l'être s'il vous plait ? argumenta-t-elle, en fixant à nouveau son regard vers la route devant eux.

- Mais parce qu'on n'est pas fait pour vivre seul, enfin ! Pff... répliqua Chapaz, pour qui cela semblait être une évidence. J'espère que vous avez une activité sexuelle suffisante, au moins !

Abasourdie par cette dernière remarque, Cassandre fit à nouveau volte face vers le procureur :

- Non, mais ça va pas de me poser cette question ! s'insurgea-t-elle.

- Ben quoi ?

- Mais enfin ! Vous sucrez les fraises, ou quoi ? J'appelle votre femme. Au secours, hein !

- Bon, OK, OK, c'est bon, ça va... Sachez que, au cas où..., j'ai des candidats qui vous iraient très bien.

- Bon, on est encore loin ou pas là ? se renseigna Cassandre, que la conversation mettait désormais réellement mal à l'aise.

En désignant du doigt le panneau indiquant « Lausanne », le procureur répondit :

- Là, fin de l'interrogatoire !

Ils terminèrent le trajet qui leur restait jusqu'à l'adresse indiquée par les collègues Suisses en discutant de l'affaire qui les menait à cet endroit.

Après avoir fouillé l'appartement, ils vaquèrent chacun à leurs occupations respectives qui nécessitaient leur présence en Suisse. Bien synchrones, ils se retrouvèrent à l'heure convenue à la voiture du procureur. Cassandre prit l'initiative de la conversation et fit part au procureur des dernières avancées de l'enquête, cela lui éviterait un déplacement au palais de justice le lendemain matin pour faire le point. Et surtout, elle n'avait pas envie que le procureur revienne sur le sujet évoqué le matin même. Leur relation était strictement professionnelle et c'était très bien comme ça ! Quoiqu'elle devait bien reconnaître que l'appel de madame Chapaz avait éveillé en elle un certain sentiment de curiosité. 

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