Cléobule essuya ses mains moites sur sa chemise d'un geste nerveux. Elle regarda à droite, à gauche, il n'y avait personne. Elle avança prudemment dans le couloir faiblement éclairé par une lumière clignotante. La jeune femme rasait les murs et sursautait au moindre bruit suspect. Si elle se faisait attraper par la milice, elle ne donnait pas cher de sa peau. Après quelques tournants, elle atteignit enfin la porte recherchée. Elle tourna la poignée doucement et entra en prenant garde de ne faire aucun bruit. Elle referma ensuite à clef.
À l'intérieur, un homme, assis sur un vieux canapé gris, fixait l'espace depuis la grande vitre en face de lui. Il tenait dans ses bras une petite fille endormie. La pièce était mal éclairée, mais l'on pouvait tout de même distinguer les nombreux cadres et dessins accrochés sur le mur blanc. Quelques jouets traînaient sur le sol et Cléobule dut faire attention à ne pas marcher dessus. Elle s'approcha de l'homme, qui s'était tourné vers elle.
- Elyzio...
Elle l'embrassa en prenant garde de ne pas réveiller la petite. Ils se regardèrent un instant et l'homme compris aux yeux humides de Cléobule que quelque chose n'allait pas.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je viens vous dire au revoir. La milice me recherche plus qu'activement. Ils vont bientôt me trouver si je reviens tous les mois ici. Je ne veux pas vous mettre en danger
- Je viens avec toi Cléo.
- Tu sais bien que c'est impossible. Tu restes avec la petite, dit-elle en caressant les cheveux blonds de la petite fille.
- Maman ? demanda celle-ci d'une voix à peine sortie du sommeil.
- Oui c'est moi.
- Tu dois partir ?
- Je reviendrai bientôt ma chérie. Tu vas rester toute seule avec papa. Je veux que tu t'occupes bien de lui.
Un bruit étrange retentit soudainement dans la pièce. La petite fille se recroquevilla dans les bras de sa mère. Le bruit résonna une seconde fois. La porte explosa et Cléobule fut englouti sous la poussière.
- Les mains sur la tête ! crièrent plusieurs hommes armés sortis de nulle part. Debout !
La jeune femme se leva à contrecœur . C'était la milice. Celle-ci l'avait retrouvée plus vite que prévu. Elle allait mettre sa famille en danger, se faire arrêter...et exécuter. Elle allait mourir. Pour sa cause et la liberté mais tout de même, elle allait mourir. Et sa fille l'avait bien compris.
- Maman ! cria-t-elle, en pleurs. Maman ne part pas !
- Tout va bien se passer ma Léo, je vais partir avec eux mais tout se passera bien pour toi.
- Mais toi alors ?
- Elyzio, occupe toi d'elle. Soyez prudents, ne faites rien de dangereux.
Celui-ci était acculé dans un coin, un homme pointant un pistolet vers son cœur. Des larmes coulaient le long de ses joues et semblaient lancer un message de détresse vers sa femme.
- Ma chérie ne bouge pas, papa va rester avec toi.
Les beaux yeux bleus de la petite fille se remplissaient de larmes. Elle essayait de se retenir de pleurer pour sa mère mais n'y parvenait pas. Elle savait qu'elle n'allait plus jamais la revoir. Elle savait qui étaient ces gens, qu'ils étaient de la milice, de la HRSC. Et elle savait aussi que son père n'allait pas supporter le départ de sa femme. L'enfant se jeta dans les bras de sa mère en criant aux hommes armés:
- Vous ne la prendrez pas ! Vous ne la prendrez pas !
Un homme l'attrapa et la tira en arrière. Elle se débâtit en donnant des coups de pied dans les airs.
- Lâchez-moi !
Deux hommes emmenèrent Cléobule vers la porte et la firent sortir. Au dernier moment la petite se libéra et courut vers sa mère. Celle-ci se retourna, lui attrapa la main et lui murmura :
- Je t'aime Léonades.
Elle lâcha sa main et se laissa emporter par les hommes. Son mari récupéra la petite fille et la serra fort dans ses bras avant qu'elle ne parte en courant.
- Maman !!
Elle pleurait à présent toutes les larmes de son corps. Elle essayait de repousser son père mais elle n'avait plus de force. Le dernier souvenir qu'elle aurait de sa mère serait celui-ci. Elle allait faire payer celui à l'origine de tout ça. Elle allait faire payer le responsable de la mort de sa mère. Elle ferait payer le dictateur.
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Terra-Bis
Science FictionDepuis que sa mère n'est plus là, Léonades vit en paria sur le vaisseau de son père. Elle voyage à travers l'espace pour fuir le gouvernement, responsable de la mort de nombreux hors-la-loi comme elle. Mais alors que tout allait bien pour elle, auss...