Chapitre 6

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Article 6: Toutes les productions d'algues seront contrôlées par la HRSC. La moitié sera distribuée aux habitants des stations pour l'alimentation et l'autre sera récupérée pour être transformée en toute légalité par la HRSC en divers objets.

- Tu sais, commence-t-il, je m'excuse pour tout à l'heure, je ne voulais vraiment pas m'énerver comme je l'ai fait.

- C'est oublié, lui dis-je.

Je n'ose pas aborder le sujet de sa discussion avec mon père, j'ai peur qu'il s'énerve. Le voir en colère tout à l'heure m'a bien assez bouleversé comme ça.

- Je vous ai entendu parler de ta mère. Elle te manque ?

- Oui, tous les jours. Même si ça fait plus de dix ans, je ressens quand même son absence, je soupire.

Je remarque que je n'ai jamais posé de questions sur ses parents. Je m'en veux un petit peu. Je suis sûre qu'il me connaît par cœur et moi je ne sais même pas qui est sa famille. Il est assez jeune pour s'engager parmi les pirates. Peut-être s'est-il fâché avec eux ?

- Et tes parents à toi, tu ne m'en as jamais parlé... je l'interroge.

Ses yeux brillent dans le noir, comme humides.

- Ils sont morts. Il y a longtemps.

Je n'avais pas pensé à cette possibilité. C'est pour ça que je n'en avais jamais entendu parler. Que je suis bête ! Je n'aurais pas dû demander...

- Je suis désolé...

- Ne t'inquiète pas, dit-il, j'étais petit, je ne m'en souviens pas.

Je me tais, ne voulant pas redire une bêtise, laissant un blanc s'installer entre nous. Je triture les mèches de mes cheveux, mal à l'aise.

Il est le premier à briser le silence au bout de quelques minutes.

- Écoute Léo, dit-il, je sais que j'ai des réactions un peu étranges en ce moment...Tu n'as vraiment pas à t'en faire, je suis juste fatigué et nerveux de cette mission sur la station. Cela ne change rien entre nous. Si je m'énerve, ou même peu importe ce que je fais qui peut te sembler étrange, cela ne veut pas dire que je ne t'aime plus d'accord ?

- D'accord.

- Aller, remontons avec l'équipage.

Il me serre brièvement dans ses bras puis se sert des barreaux de l'échelle pour s'élancer hors de la trappe. Je réfléchis un instant à ces paroles. "Peut importe ce que je fais" m'a-t-il dit. Que va-t-il faire pour se sentir obligé de m'en parler à l'avance ? Je me sens paranoïaque, mais au fond de moi s'installe une peur que je n'avais pas auparavant, la peur de Léandros.

Lorsque je retourne en haut, mon père a fini de s'entretenir avec une des équipes et m'attend en haussant un sourcil. Je ne lui fais pas part de mon ressenti étrange et lui rend un sourire timide.

- J'imagine que tout est réglé ?

Je hoche la tête. Il enchaîne alors directement avec le plan, ne perdant pas de temps. Il n'a pas beaucoup de choses à me dire car ma mission est théoriquement très simple. Je dis bien théoriquement.

Il me montre une carte de la station HRSC que nous avons dû nous procurer grâce au réseau de contrebande, sûrement il y a quelque temps déjà. La station a une forme ronde et tous les garages sont situés sur l'extrémité de la base, donc à équidistance du centre. Le chemin que je dois prendre est assez simple, pas beaucoup de virages, mais dangereux car il n'y pas de coins sombres pour se cacher en cas d'urgence, et la pièce où je dois me rendre est assez loin de mon point de départ. Je dois m'enfoncer dans le milieu de la station. Je me répète mentalement le trajet " Droite, droite, gauche". Seulement trois intersections, mais je ne dois absolument pas me tromper.

- Léonades je veux que tu saches que je te fais entièrement confiance, mais c'est une grande responsabilité, si tu hésites, il est encore temps de te désister...

- Non ! Je vais le faire, je suis prête.

Je ne veux pas abandonner maintenant. Je ne suis plus une petite fille et je souhaite vraiment aider.

- D'accord, mais je te répète, sois très prudente et efficace.

Il me regarde un instant et reprend:

- Tu as tellement grandi, il est bien loin le temps où tu faisais des couettes à Wallace, dit-il en rigolant. Je suis fier de toi ma Léo, je t'aime fort.

- Moi aussi.

Je me blottis dans ses bras pour profiter de ces quelques instants de répit.

- Allez, me dit-il en me lâchant. Va te reposer, demain est une grosse journée.

Je sors en lui souhaitant bonne nuit et pars aider l'équipage à accrocher les sacs de couchage pour dormir. Nous collons scratchs et scotch agrippant sur tous les murs du couloir. Je ne revois pas Léandros avant de me coucher. Je me glisse dans mon duvet en souhaitant de beaux rêves à tout le monde, même s'il paraît impossible de rêver de belles choses. Je pense m'endormir assez facilement après ma presque nuit blanche. Mes pensées divaguent tout de même quelques minutes puis je me répète mentalement mes instructions, tel un mantra, droite, droite, gauche...droite, droite, gauche....droite, droite, gauche....

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