Chapitre 2 : dérapage.

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Chapitre 2 :

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de ma sœur.

Elle va avoir vingt-trois ans.

Je suis allée au lycée avec Noé. Tous les matins, cette semaine, je partais au bahut normalement, mais à mi-chemin, j'allais rejoindre le parc pour lire et oublier la réalité, m'évader de ma prison. Mais aujourd'hui, c'était différent. J'avais promis à Noé d'être là, et je savais à quel point cela lui tenait à cœur.

Je lui avais promis de faire de mon mieux, et je compte bien le faire.

Sur le chemin, Noé n'arrêtait pas de me dire que ça allait aller, que je l'avais bien fait toute l'année dernière. Je ne me souviens même plus comment j'ai tenu, mais ça avait été un enfer. Je n'avais même pas rencontré Noé. Aller au lycée avec elle est quand même stressant. Le contraste entre nous deux est si important.

Elle est la fille parfaite, avec de bonnes notes et un corps parfait. Moi, je suis la petite introvertie qui lit dans son coin, seule, comme un animal blessé. Oui, les choses ont un peu changé cette année, mais les séquelles du passé déchirent encore mon cœur. Toutes ces heures passées à pleurer dans les toilettes, à déchirer mon âme.

Il était 10 heures du matin et nous sortions du cours de littérature quand j'ai été convoquée à la direction. Merde.

Je savais que c'était inévitable, que j'allais devoir y aller et qu'elle allait forcément me questionner. À 10h15, j'étais devant le bureau, en train de me ronger les ongles. Elle m'a fait signe d'entrer. Son visage était sévère, les cheveux ondulés plaqués en chignon et des rides marquant son âge. Je me suis assise en l'écoutant parler.

Elle m'a réprimandée, énervée peut-être, mais surtout inquiète

.

Et puis, forcément, elle a évoqué ma sœur. À l'évocation de son nom, je l'ai suppliée de ne pas l'appeler. Mes yeux se sont remplis de larmes et j'ai eu un peu honte. Mais je n'arrivais pas à contrôler mes émotions. Je savais qu'une fois rentrée à la maison, l'enfer allait commencer.

Elle a essayé, vraiment, de me consoler. Mais c'était peine perdue. Finalement, résignée, je me suis calmée. À peine sortie du bureau, elle a composé son numéro sur son téléphone fixe. J'ai essayé de ne pas montrer à ma douce Noé ce qui se passait. Elle a vite compris.

Pendant le cours de théâtre, elle brillait comme une étoile. Moi aussi, je m'amusais bien. Non pas parce que j'aimais cette activité, mais simplement parce que son doux visage interprétait ces émotions à la perfection. Son rire était la seule lumière au bout du tunnel de ma misérable vie. Même Javert se moquait de moi. Nous sommes sorties des coulisses et elle m'a brusquement demandé :

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Parle-moi, je t'en prie.

Je me suis arrêtée et je me suis retournée.

-La principale n'a rien voulu entendre. À l'heure qu'il est, ma sœur a déjà essayé de m'appeler une dizaine de fois. Et le pire reste à venir. Je ne vais pas pouvoir rester.

Elle insista pour venir, je ne put refuser.

Je suis arrivée au parc où j'avais l'habitude d'aller et à peine arrivée, j'ai reçu un nouvel appel.

Encore. Encore et encore.

Noé a pris mon téléphone et a ajouté :

-N'y pense plus, je suis sûr que tu vas être assez préoccupée en rentrant chez toi.

Je lui ai fait confiance, et sous un arbre, nous avons discuté longtemps du monde, de la vie, de la mort.

Finalement, les heures ont passé et je savais que c'était inéluctable. Je lui ai dit au revoir et je suis rentrée chez moi. Elle m'a souhaité courage en me proposant de dormir chez elle, mais je ne pouvais pas me cacher éternellement.

Les étoiles Solitaires Où les histoires vivent. Découvrez maintenant