Brouillard

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Une heure était passée et nous étions toujours sans la moindre nourriture a rapporté au campement.
Soudainement, un cor retentit et un épais brouillard jaune nous fonça dessus à une vitesse hallucinante. Le « chef des troupes » cria de courir au reste du groupe. Je sentis qu'on m'attrapait la main et qu'on m'entraînait vers l'arrière si bien que je fus obligée de courir.
- Charlotte !
J'appelai ma protégée alors qu'elle courait derrière, lui tendant la main pour qu'on ne se perde pas dans cette purée de pois. Elle s'accrocha à moi puis je retournai ma tête et vis que c'était Bellamy qui s'était empressé de m'attraper la main pour me faire courir à sa suite.
Je savais pas si on pouvait dire que je lui en voulais, car je n'avais pas de raison, il n'avait rien fait... pour l'instant du moins.
En revanche, s'il tuait Jasper, là j'aurai toutes les raisons pour lui en vouloir à mort. Lui et moi, nous sommes liés, nous avions vécu une expérience traumatisante dès notre arrivée, nous avions rencontré les natifs avant tout le monde et je refusais d'être la seule à en réchapper.
On dus courir un petit moment jusqu'à une grotte, je fis rentrer Charlotte en priorité mais alors que Bellamy me laissait rentrer à mon tour, un cri retentit.
- Bellamy !! Bellamy !!
- Faut aller l'aider !
Alors que j'allais m'empresser de courir dans la direction du cri, le chef de meute m'attrapa par la taille pour m'en empêcher.
- Non Oli-
- Je n'abandonnerai personne !
Comprenant que je me débattrais, il me porta et m'obligea à rentrer alors que je gigotais telle une folle.
- Bellamy lâche moi ! C'est l'un des nôtres !
- Toi aussi tu l'es, et t'es la meilleure amie de ma sœur, si tu meurs dans ce brouillard alors que t'étais avec moi, elle me le pardonneras jamais ! Il s'en sortira, si ça se trouve Atom me cherchait simplement.
Je m'arrêtai soudainement pour me tourner vers lui.
- Attends, l'homme qui vient de crier... c'est Atom ?
- Oui, celui qui était à côté de moi tout à l'heure.
- Tu es au courant que c'est le copain de ta sœur au moins ?
- Ce n'est pas son copain.
Je soupirai rageusement en le regardant de manière agacée.
- Lâche-moi.
- Si c'est pour sortir, je t'ai...
- Je sortirais pas, c'est bon j'ai compris. Dis-je en détournant la tête et levant les yeux au ciel.
Il me reposa et je me retournai rapidement vers lui.
- Pourquoi tu fais ca ?
- Ça quoi ?
- Pourquoi tu refuses la relation d'Atom et Octavia ? Ils sont amoureux, je vois pas le problème !
- Le problème c'est que c'est un criminel !
- Nous le sommes tous ! Bellamy, nous sommes tous criminels ici. La différence, c'est qu'on est sur Terre pour faire mieux. Ici, nous n'avons aucune raison d'être des criminels, nous sommes libres et il n'y a rien qui nous pousse à voler ou à tuer. Les 100 sont une grande famille, où tout se partage et tout se dit et se discute. Tu n'as pas le droit de refuser à ta sœur de fréquenter un homme. Elle n'a pas eu de vie encore, mais toi, en cherchant à la protéger, tu l'enfermes à nouveau. Laisse la faire ce qu'elle veut, préviens la si tu ne le sens pas, et si elle fait des erreurs, soit là pour rectifier le tir et la consoler. C'est ça protéger quelqu'un. Ne l'oblige pas, tu risques de la perdre et je ne veux pas que ça arrive.
Il soupira en détournant la tête avant d'hocher doucement la tête, les sourcils légèrement froncer, ce qui me fit sourire, soulager.
- Alors parle à Atom quand on rentre, et dis-lui que tu l'autorises.
- Ouais, mais s'il fait le moindre mal à ma sœur je le bute. Répondit-il en retournant la tête vers moi, l'air menaçant, comme si c'était à moi qu'il parlait.
- Ouais... tu peux le prévenir, mais vas-y mollo quand même. Fis-je légèrement amusée, mais surtout attendrie par ce côté protecteur.
- Au fait, Olivia... je voulais m'excuser pour ce que j'ai dit à propos de Jasper, je ne voulais pas te faire de peine.
Mon sourire s'effaça immédiatement et je baissai la tête, l'air triste.
- Je ne souhaite pas en parler.
- Que veux-tu faire d'autres ?
- ...Rien... mais je ne t'en veux pas.
- C'est vrai ?
Il semblait réellement surpris ce qui me fit afficher un mini sourire d'amusement.
- Oui. Mais je ne veux pas que tu touches à Jasper, pas pour le tuer.
- Olivia... tu dois comprendre que-
- Je n'ai rien à comprendre Bellamy ! Je... Je refuse qu'il meurt ! Je... je m'en remettrais jamais s'il venait à mourir... et si tu le tues, je pourrais pas te pardonner.
Je séchai mes yeux qui commençaient se remplir de larmes puis alla m'asseoir à terre, m'adossais au mur, à côté de Charlotte qui s'était elle-même assise sur la paroi de la grotte, assez grande pour faire office de lit.
- Voila ce que je veux faire : dormir. Et on devrait tous en faire autant.
Bellamy s'assit en face de moi sans rien dire, retira sa veste puis la posa sur les genoux de Charlotte.
- C'est une bonne idée, il commence à faire sombre dehors. Demain matin, le brouillard se sera dissiper et on rejoindra les autres avant de rentrer au camps.
Charlotte hocha la tête, s'allongea et ferma les yeux pour s'endormir. Moi, je ramenais mes jambes contre ma poitrine et les entoura de mes bras. Je croisai le regard de Bellamy, il semblait attristé et perturbé, mais j'en fis abstraction, posant ma tête sur mes genoux et fermant les yeux, essayant de trouver le sommeil.
Cependant, même après ce qu'il semblait être deux bonnes heures, je ne dormais toujours pas. Je pensais sans cesse, si tout le monde au camps avait réussi à échapper au brouillard, si Murphy n'avait pas tenter de tuer Jasper, si il était encore vivant, s'il s'était réveillé, s'il allait se réveiller un jour, si c'était réellement mieux d'abréger ses souffrances comme Bellamy l'avait dit, si les natifs avaient de quoi se protéger de ce brouillard, s'ils étaient immunisés ou peut-être qu'ils avaient une pièce hermétique. Le cor venait d'eux, c'était sûr. C'était une alerte contre le brouillard, ça servira, on saura quand s'en protéger à temps.
- NON !!
- Reveille-toi, je suis là.
Je n'eus pas le temps de réagir au cri de Charlotte que Bellamy s'était déjà assis pour la rassurer.
- J'ai pas fait exprès...
- Ça t'arrive souvent ?
Toutes les nuits...
Je décidai de ne pas intervenir, pour peu, il arrivera à trouver les mots juste pour la rassurer.
- T'as peur de quelque chose ?
Elle ne répondit à aucune de ses questions, si bien qu'il continua.
- Tu sais quoi ? Peu importe c'que c'est. C'qui compte, c'est c'que toi tu fais pour ça.
Pas mal... j'imagine qu'il a de l'expérience avec Octavia...
- Mais j'dors. J'peux rien faire.
- T'as peur, réveillée ou non. Tue ces démons quand t'es réveillée, ils seront plus là quand tu dormiras.
Oula... ça part en cacahuètes là, qu'est ce que tu lui racontes ??
- J'veux bien mais... j'fais comment ?
- Tu peux pas être faible ici, pas sur Terre. La faiblesse c'est la mort. La peur, c'est la mort.
Sérieusement ? Bon, il a commencé, autant le laisser finir.
- Sors le poignard que je t'ai donné. Quand tu sens que la peur est là, alors tu tiens fort ce poignard et tu dis : va t'faire voir, j'ai pas de toi.
- Va t'faire voir... j'ai pas peur de toi.
Puis, elle répéta, de manière un peu plus convaincante.
- Va t'faire voir, j'ai pas peur de toi.
- Faut tuer ses démons Charlotte, et comme ça tu pourras dormir.
WoW, une philosophie de vie t'as peur.
J'attendis une vingtaine de minutes, histoire de laisser le temps à Charlotte de se rendormir, puis je pris doucement la parole.
- Tu n'as rien trouvé de mieux à lui dire ?
- Hm ? Olivia ? Tu ne dors pas ?
Je l'entendis se redresser, car je choisis de ne pas le regarder, toujours la tête sur mes genoux.
- Non. Je ne trouve pas le sommeil.
- Qu'est-ce qui a ?
- Rien. C'est comme ça que tu consoles une fille de 12 ans qui rêvent de ses parents qui se font envoyer à la dérive ?
Je l'entendis soupirer.
- Je l'aurais dit à n'importe qui d'autres. Je pensais ce que j'ai dit.
- Oui bah non. T'imagines comment elle peut interpréter ce que tu dis ?
- Y a rien à interpréter.
- Tuer ses démons.
- C'est une image.
- Je te signale que y a que des criminels sur Terre ! Si il lui venait l'idée d'en tuer ?
- Tu sous-estimes sa capacité de compréhension, ce n'est pas une petite fille à protégé à tout prix.
- Tu te souviens quand ta sœur avait douze ans ? Bah c'est pareil.
- Charlotte n'est pas ma sœur.
- Oui, tu n'aurais jamais dit ça à ta sœur.
- Si, sûrement.
- Mais certainement pas après qu'elle ait cauchemardée. Tu l'aurais prise dans tes bras et chuchoter des mots rassurant. Au lieu de ça, tu lui as sorti qu'elle n'avait pas le droit d'avoir peur, alors que ce n'est pas un truc qu'on peut contrôler.
-  Il le faut pourtant, c'est la mort la peur.
Un silence tomba sur la grotte puis je repris plusieurs secondes plus tard.
- Bien... dommage pour moi dans ce cas.
- Oli-
- Chut. Faut dormir.
- Mais-
- On risque de réveiller Charlotte en continuant à parler. Et je n'en ai plus aucune envie.
Je l'entendis soupirer et s'allonger à nouveau alors que je fermais les yeux, essayant de dormir pour les dernières heures qui restaient avant le jour.

Vivre pour mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant