Chapitre 1 | Des heures sombres

70 11 16
                                    

Pov San

-Day one-


Il est 4 heures du matin, et me voilà accoudé à la rambarde de mon balcon, une clope entre les doigts. 


Je fixais l'horizon, comme si j'arrivais à distinguer quoi que ce soit dans la pénombre.


Depuis des années, mes nuits se résumaient à ça, fixer un point imaginaire, perdu dans mes pensées et tuant mes poumons avec un nombre incalculable de clopes.


De toute façon, quoi que je fasse, je n'arriverais pas à dormir et fumer fait partie des seules choses qui me canalisent un minimum. Et peu importe le nombre de clopes que je pourrais consommer, en fermant les yeux trop longtemps, je finirais toujours par revoir les mêmes images.


Moi gamin, jouant avec un autre enfant. Tout se passe à merveille, nous jouons paisiblement jusqu'à ce qu'il se mette à disparaître d'un coup. L'avantage, c'est que je ne peux pas dire que mon cerveau n'est pas innovant, ce gamin disparaît d'une manière différente à chaque fois.


Si un soir, il se désintègre complètement, le soir d'après il se noie devant moi.


Je pourrais citer des centaines d'autres exemples, ce gamin me hante, il hante mes nuits et mes pensées si je ne suis pas sobre.


Il m'obsède à en devenir fou, et le pire, c'est que je n'arrive jamais à percevoir son visage.


Tout est si flou, trop flou pour m'obséder à ce point. Pourrais-je un jour découvrir son identité ? Rien que son fichu nom, je ne demande pas la lune, simplement quelque chose qui pourrait m'aider à y voir plus clair.


Et c'est maintenant que je me demande si ce n'est pas carrément bizarre de rêver ou plutôt de cauchemarder d'un gamin à 23 ans.


Je pense trop, trop et inutilement. Je ferais mieux de dépenser mon temps et mon énergie dans quelque chose d'utile.


Je jetai donc mon mégot de cigarette par-dessus la rambarde avant de descendre vers la salle de sport. Je réussis par miracle à trouver les sacs de frappe dans le noir le plus complet.


Après m'être assuré que c'était bel et bien un sac de frappe qui se trouvait en face de moi, je me suis mis à frapper.


À frapper de toutes mes forces, encore et encore. Comme si ce geste, ce bruit, cette douleur qui me parcourait les poings au fur et à mesure de mes coups, allaient me permettre de retrouver la mémoire.


Comme si je ne savais pas, depuis toutes ces années qu'il n'y avait aucune solution. Je dois être maso au fond.


Durant le reste de la nuit, j'ai continué de m'entraîner, sac de frappe, tapis de course, traction, tout y est passé. J'ai arrêté dès que j'ai perçu du mouvement dans la maison.

Their Forbidden LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant