De l'autre côté de la frontière - Tome 1

Chapitre 3

Noelia

Ça fait une semaine maintenant que je campe dans cette forêt. Équipée de mon sac à dos, je me promène dans un coin dans lequel je n'ai pas encore été quand des bruits me parviennent. On dirait un combat d'animaux, mais je n'en suis pas sûre. Intriguée, je me rapproche du bruit et me cache derrière un arbre pour voir ce qu'il se passe et je vois deux loups se battre. Du sang s'écoule de leur blessure et la bataille est d'une violence inouïe. Au lieu d'avoir peur et de faire demi-tour, je reste subjugué par le spectacle qui s'offre à moi.

Le plus grand reprend finalement le dessus sur l'autre et lui mord dans le cou. Le plus petit s'écroule au sol visiblement mort alors que le plus grand se laisse tomber et semble reprendre des forces pendant que moi je retiens un cri. Je ne suis pas vétérinaire, mais je m'approche quand même pour lui venir en aide vu le sang qui s'écoule de ses blessures, il risque de mourir et si je peux faire quelque chose pour l'aider alors je dois le faire. Je suis à quelques mètres de lui lorsque le loup devient un homme devant mon regard horrifié. Je suis en train de rêver, ce n'est pas possible autrement.

Quand son regard bleu croise le mien, une chose étrange passe dans son regard et une drôle de sensation me parcourt. Je ne sais pas ce que c'est et je ne veux pas le savoir. Je vais juste aider cet homme, partir, mais surtout oublier ce que je crois avoir vu et qui est juste impossible. Des hommes qui se transforment en loup, ça n'existe que dans les livres et les films, pas dans la vraie vie.

Son regard toujours accroché au mien, je m'approche un peu plus.

- Vous... Vous allez bien, monsieur ?

Voilà que je bégaye maintenant de mieux en mieux. J'imagine des choses, je m'approche d'un inconnu au milieu de nulle part alors que cet homme est nu et je bégaye. Au moment où il veut me répondre, une douleur me vrille le crâne et le noir m'engloutit.

Je reviens doucement dans la réalité avec un mal de tête qui me vrille le cerveau. Les dernières minutes avant de sombrer me reviennent en tête et mon côté rationnel tente de prendre le dessus. Ce que j'ai vu est impossible, je ne me souviens pas d'avoir bu, mais c'est la seule explication au rêve bizarre que j'ai fait et au mal de tête que j'ai.

Alors que j'ouvre les yeux, je ne reconnais pas l'environnement ou je me trouve. Je suis censée être dans ma tente, pas dans un lit moelleux et une chambre qui semble spacieuse. La peur revient et je me redresse pour voir où je me trouve exactement. Je ne suis pas chez moi, pas chez mes parents ni chez Joyce et encore moins dans ma tente. Maintenant, tu peux flipper Noelia.

Le bruit de l'eau qui coule me parvient à travers la porte entrouverte à ma droite et une autre porte se trouve juste en face de moi. Je ne sais pas qui est la personne dans la salle de bain, ni ce qu'elle me veut, mais une chose est sûre, il est hors de question que je reste ici. Je me lève doucement et sans un bruit tout en tentant vainement de me souvenir des heures précédentes et de la raison de ma présence ici, car soyons honnête, ce dont je me rappelle est impossible.

En arrivant devant la porte, je jette un œil vers la salle de bain ou l'eau vient d'arrêter de couler. Il faut que je sorte d'ici et vite. Ma main se pose sur la poignée, mais la porte est verrouillée, je tente de retenir mes larmes et la peur qui monte en moi, mais surtout de ne pas crier de rage. Il faut que je reste concentrée, la clé ne doit pas être loin. Je balaye du regard la pièce et vois la clé à quelques centimètres de moi. La personne dans la salle de bain ne semble pas décidée à venir donc je me dépêche de l'attraper et d'ouvrir quand une main se pose sur la porte. Je me retourne vivement et veux hurler en voyant l'homme de mon rêve face à moi, mais il pose sa main sur ma bouche.

- Chut, n'aille pas peur, ma jolie. Je ne te veux aucun mal.

Sa deuxième main vient caresser mon visage tout doucement comme s'il avait peur de me casser alors que des larmes dévalent mes joues. La lueur dans son regard m'inquiète pourtant elle n'est pas mauvaise ni remplie de désir, je dirais plutôt que c'est de la vénération ou d'amour qui traversent ses iris, ce qui est complètement ridicule.