Chapitre 9

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Un maître et son employé ne pouvaient avoir ce genre de proximité, mais pour ces deux-là, rien avait réellement d'importance, en dehors de se retrouver vivants. First tint Ja serré contre lui, caressant sa nuque, apaisant les tremblements de son patron accroché à sa taille. Mais l'odeur féminin qui emplissait la pièce raidit ce dernier qui gronda :

- Que voulez-vous ?
- Nous-
- P'Ja, souffla First comme pour l'apaiser. 

Mais la prise du mafieux sur lui, fit comprendre à First qu'il n'était pas enclin à la laisser parler, de peur de se perdre encore. Il avait reçu une balle, cette information revint dans l'esprit de First qui se décrocha légèrement, pressant doucement son épaule pour le coucher. Il ajusta le coussin et pris une pose plus confortable, toujours proche de son patron qui ne lui avait pas lâché la main.

- Je n'aime pas me répéter, gronda t-il. 

First posa sa main sur les yeux de son boss pour apaiser sa colère. Ja noua ses doigts aux siens.

- Tu as tué mon mari.
- Vous voulez dire, fit First soudain choqué par le ton employé. Que P'Ja a tué celui qui s'est associé à un fou et escroc pour me tuer et qui avait déjà dans l'optique de tuer son propre enfant parce que, même aveugle, ce dernier a plus de pouvoir que lui ?
- Comment oses-tu ?
- Madame, reprit First plus calme. Je pense que vous vous trompez de cible. J'ai enquêté sur vous et cette famille quand je suis entré au service de P'Ja. Vous n'êtes pas plus blanche que votre mari. Vous étiez déjà là quand Phi a perdu ses yeux, guettant la moindre occasion pour vous emparer d'un rôle qui n'était pas pour vous au départ.

Figé par l'horreur qu'il en sache trop et que son fils entende, elle voulu s'en prendre à lui, mais il ne se laissa pas démonter pour autant et continua :

- Vous avez suggéré à Monsieur de tuer sa femme et de répudier son fils malade. La faute n'est pas totalement votre, il n'était pas un père exemplaire, de ce que j'ai pu trouver, il n'était même pas un père. Mais vous avez profité de cette occasion pour faire votre place et vous avez donné l'idée à cet homme de tuer sa femme. Ainsi la voie était libre pour vous et votre soif de pouvoir et d'argent, je me trompe pas en disant que ça vous a bien profité.

La femme fut retenue quand elle voulu se lancer sur lui.

- Ma' ?! pleura le garçon terrifié par ce que disait le blessé auquel était accroché son grand-frère alité. Il dit vrai ?
- N-Non ! Ne le crois pas mon ange ! Surtout pas !
- P'Link a avec lui toutes les preuves de mes recherches sur vous Madame. Souhaitez vous que nous les montrions à votre fils qui se demande pourquoi, du jour au lendemain, on lui dit qu'il a un grand-frère et qu'il voit son père lui tirer dessus avant de mourir de ses mains ? Jeune maître, avez-vous déjà eu un doute sur votre famille ?

La question surpris tous le monde, mais le silence laissa au garçon le temps de réfléchir. Tremblant il n'osa répondre, mais son regard ne mentait pas. Oui, il avait toujours eu des doutes car une porte dans la maison avait été barricadée et on lui avait interdit d'y entrer, autant que pour la cave. Il savait quel travail son père faisait, mais il n'avait jamais pensé qu'un jour, tout tourne à ce point mal.

Le pauvre garçon ne savait plus quoi penser, qui disait vrai, qui mentait ? Un regard à sa mère lui fit comprendre beaucoup trop de choses et principalement celles qu'il ne voulait pas apprendre.

- Phi, dit alors le petit.
- Comment tu t'appelles, demanda Ja.
- Ne réponds pas ! gronda la femme.

Le garçon se décala de sa mère qui commençait à lui faire peur.

- Approche, dit Ja, comprenant que le pauvre enfant, innocent, était en pleine panique.

First sourit, Ja ne laissais jamais personne l'approcher hormis lui-même, voir qu'il voulait aider ce jeune garçon qui était son demi-frère, donna un peu de chaleur à First, la main toujours posée sur ses yeux.

My Eyes, Your Heart [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant