Royalement Vôtre - Yeonjun x OC x Soobin

Chapitre 3 : Malentendu

L'homme appelé "Commandant Kang" par mon ami d'enfance, possédait un visage aux traits relativement carrés. Son expression était neutre et stricte, mais exprimait toutefois une certaine surprise par son regard.
Ses yeux grands ouverts faisaient des vas et viens entre moi, allongée dans le lit de fortune avec une tenue n'étant pas mienne, et Soobin, propriétaire du dit lit. Un léger sourire plus interrogateur que sympathique naissait sur ses lèvres.

"Soldat Choi ?..."

"Oui, Commandant Kang ?"

Sa réponse semblait sortir automatiquement de sa bouche, sans détour ou hésitation. Quelques secondes passèrent et je vis un tremblement quasiment imperceptible de la part du blond : cet imbécile venait visiblement enfin de réaliser qu'il avait amené une femme dans sa chambre de soldat, et qu'il y avait été surpris pas un supérieur.
J'aimais Soobin mais l'innocence mêlée à de l'inconscience dont il pouvait parfois faire preuve, me faisait rire inconditionnellement...
Bon... En l'occurrence un peu moins dans cette situation....

"Il me semble que vous avez été informé en ce qui concerne les... Distractions, au sein du domaine royal."

Une teinte pourpre monta à mes joues ; j'étais heureuse d'observer que la pénombre nous entourait dans la pièce, ce qui permettait de ne pas laisser le rouge trop se voir sur mon visage. En pleine lumière, j'aurais probablement été rouge comme une tomate.
Cela me prit un temps mais après plusieurs minutes, je reconnus sans mal, un des hommes à cheval d'hier. Je dû réprimer un léger choc à ce rapprochement : il ne fallait pas que j'empire la situation, je devais juste m'en aller dès que possible. Contrairement à ce que l'obscurité excessive m'avait fait croire, sa chevelure n'était pas entièrement noire, mais possédait des reflets gris et métallisés.

"Vous-.... Vous vous trompez mon commandant. Elle n'est-... Je veux dire... Nous ne sommes pas-..." Gêné, il butait sur chaques mots.

"Assez. Pas besoin de nier..." Il marqua un temps de pause et me toisa de toute sa hauteur. "...L'évident, soldat."

Soobin semblait perdre ses moyens et un léger bégaiement accompagnait désormais ses paroles. Dans ces petits détails, je retrouvais l'enfant turbulent mais quasiment muet que j'avais rencontré plus de treize ans auparavant. À force de discuter - et probablement car il se serait senti mal de ne pas répondre lorsque je lui racontais mes journées et pensées - le blond s'était peu à peu ouvert à moi et j'avais découvert qu'il était bègue. J'avais tout fait pour l'aider et, à force d'entraide, nous avions réussi à le surmonter. Toutefois, cela lui revenait lorsqu'il était embarrassé ou rattrapé par ses émotions : l'entendre suffisait à faire fondre mon cœur un peu plus, d'amour inexprimé envers cet homme si parfaitement imparfait.

"Elle... Elle.... Elle était juste blessée." Je voyais qu'il essayait de reprendre contenance, sans succès. "J'ai voulu l'aider en la soignant ici et-..."

"Soldat," Il le coupa. "En dix ans de service ici, j'ai entendu des excuses plus crédibles que ça. Ne vous inquiétez pas : contentez-vous de l'escorter en-dehors dès que possible et cela restera entre nous."

Révoltée d'une telle insinuation, je me levai. M'appuyant sur mon bras douloureux, je ne flanchais toutefois pas ; voulant garder une certaine contenance malgré la peine insoutenable, je me tenais aussi droite que ma blessure me permettait, avec dignité.
Je n'étais pas petite, mais par rapport au grand blond, tout l'était plus ou moins ; sa chemise m'arrivait ainsi jusqu'au milieu de mes cuisses et je marchais sur les jambes de son pantalon.
Je pensais pouvoir me considérer plus grande que la norme ; à côté de ce géant, j'avais pourtant l'air d'un farfadet.