Royalement Vôtre - Yeonjun x OC x Soobin

Chapitre 6 : Dans la gueule de l'ours

Il marchait vraiment vite ; même en m'ayant à son bras, il semblait vouloir me semer.
Nous descendions l'escalier de marbre blanc menant au jardin et je tâchais de ne pas tomber en marchant à travers ces marches absurdement immenses.

"Eh !... Ralentis..." Je lui demandais.

Il soupira.

"Vous, les gens du peuple, marchez toute votre vie dans la boue et les champs." Il levait les yeux au ciel. "Tu peux bien le faire une fois de plus-"

Je le coupais en lui tordant le bras dans un sens bien moins naturel et il porta hâtivement une main à son épaule.

"Aïe ! Mais t'es dérangée, ma parole !!" Il cracha en se massant le haut du bras.

"Adresse-toi encore une fois à moi de cette manière, et je te montrerai que les gens du peuple savent enterrer autre chose que des graines..."

Il m'observa, de haut en bas, comme voyant pour la première fois celle qui venait de lui tenir tête, avant de faire volte-face.
Il lissa du plat de la main sa chemise et en retira une poussière.

"C'est 'vôtre Altesse' quand tu dois t'adresser à moi... Quant au tutoiement : je ne vois vraiment pas à quel moment j'aurai pu te l'autoriser."

"Si," J'interjectais. "Il me semble que c'était ce matin, entre deux tentatives d'intimidation de ta part."

Un éclat de rire stupéfait s'échappa de ses lèvres malgré lui, suivi d'un rictus agacé.

"Dire que je vais devoir passer le reste de ma vie avec une femme pareille..."

Je décidais de l'ignorer ce qui laissa place à un silence des plus inconfortables alors que nous continuions d'avancer ; reposer mon bras endoloris ainsi contre le sien n'était pas inconfortable.
Observant les alentours, j'étais soufflée par la verdure qui m'entourait ; les arbres et buissons étaient taillés en des formes tantôt fantasques et abstraites, tantôt d'animaux en action. Une faune d'arbustes s'agitait par le vent et je dévorais alors des yeux les biches et faons, tel un buffet visuel. Les cris de ces bêtes s'élevaient en un bruissement de feuilles remuées par la brise...
Les pavés étaient soit immaculés soit ébène, recréant un motif damier. Sans trop y penser, je me mettais à marcher et à sauter, de carré en carré, comme une enfant sans étiquette.
Nous nous engagions dans ces magnifiques jardins et bien que la présence de mon 'fiancé' m'était désagréable, je m'y sentais bien.

"Que faisais-tu dans la forêt ?"

Tel un coup de tonnerre dans une nuit silencieuse, je fut surprise de le voir s'adresser à moi, qui plus est sans haine - du moins apparente.

"Pardon ?"

"Ne me dit pas que tu es sourde en plus de ça," Il soupira. "Je t'ai demandé ce que tu faisais dans la forêt."

L'ambiance était tendue alors que nous marchions.

"Qu'est-ce que cela peux te faire ?..." Je crachais, sur la défensive. "Et puis, qu'est-ce que je faisais dans la forêt ?! Que faisais-tu à tirer sur les passants plutôt ?" Je riais jaune.

Il leva ses yeux au ciel. Mon dieu, ce que cette envie de le frapper me démangeait...

"Tout d'abord, j'essaye juste de faire la conversation." Il pesta, visiblement agacé. "Et ensuite : je ne vois pas pourquoi j'aurais à te justifier une partie de chasse ayant pour but de me divertir."