Le jour se faufilait à travers mes fenêtres recouvertes de poussière, créant une lueur diffuse dans la pièce. La clarté me réveillait et je restais là, étendue, sur mon lit.
Dans moins de quelques heures, je rencontrerai celui avec qui j'allais passer le reste de ma vie. Dans moins de quelques heures, je devrais affronter à nouveau le regard de Soobin et tirerais une bonne fois pour toute, une croix sur cet amour.
Dans moins de quelques heures, l'idée même du mariage d'amour sera un lointain souvenir.En attendant je restais là, trop épuisée à penser pour bouger le moindre petit doigt.
Je n'étais qu'un esprit bourdonnant dans une coquille vide à l'aspect de femme. Mes yeux regardaient, analysaient le décor qui m'entourait comme si c'était la première fois que je le voyais.
Mon plafond était décrépit : la peinture en tombait en morceaux et ma lampe accrochée n'y restait encore que grâce à la force du bon dieu.
J'avais tant de souvenirs ici. J'avais choisi la couleur de la peinture. Ce rose délavé et tournant sur le violet, je me rappelais l'artisant l'appliquer et la senteur fraîche de la mixture. Derrière mon armoire, dissimulée, était une fresque que moi et Rose avions fait avec de l'encre empruntée dans le bureau de mon père. Les dessins d'enfants y vivaient depuis plus de 10 ans, au point où je suspectait l'encre d'avoir fusionné avec le mur. Des peluches usées m'entouraient et je me rappelais alors de chaques histoires que j'avais pu inventer pour distraire et endormir mes petites sœurs.
Un des animaux rembourré était plus mince et plus vieillot que les autres : un renard aux coutures simplettes et vulgaires trônait au millieu des autres. Ma mère l'avait cousue à ma naissance et c'était à présent un des derniers souvenirs qu'il me restait d'elle. Les clichés voudraient que je vous dise qu'elle était une femme aimante qui me manquais tous les jours, mais en réalité c'était une femme absente de ma vie. Elle n'était jamais là pour nous et sa disparition ne nous avait fait ni chaud, ni froid: ce n'était pas notre mère, c'était une femme de la cour. Son absence dans sa propre famille à cause de ses soirées mondaines pouvait expliquer cette aversion de mon père à la cour royale ; il m'y jetait pourtant à présent, comme un bout de viande dans les griffes d'un loup.
Malgré tout ça, cette peluche, j'avais avec elle un lien spécial. Elle essuyait mes pleurs et me tenait compagnie lorsque je me sentais seule au monde. C'était un ami qui, je le savais, ne m'abandonnerai pas.Il était tard dans la matinée... J'entendais le monde s'agiter en bas, dans le salon et la cuisine. Je pouvais voir, rien quand les écoutant, mes petites sœurs se pomponnant, rigolant et se mettant des nœuds dans les cheveux. Mon père revêtait probablement son plus beau costume - ou le moins abîmé - et je pouvais parier qu'il portait une fleur du jardin à sa boutonnière. J'entendais notre vieille nourrice chantonner en cuisinant, un sourire aux lèvres de voir une des gamines qu'elle avait élevée comme sa propre fille enfin se "ranger dans les rangs".
Les oiseaux chantaient, le soleil brillait, les fleurs s'épanouissaient... En bref : tous étaient heureux.
Moi, j'étais là tache au millieu de cette harmonie.
Et je savais qu'en descendant dans le salon, j'allais devoir sourire... Je savais aussi qu'aujourd'hui, mon sourire me ferait plus mal que mes pleurs : je serai seule et je me trahirai moi-même par ce sourire.Mon matelas semblait m'aspirer tellement il m'était comfortable. Mes cheveux étaient repartis en soleil sur mon oreiller, autour de ma tête.
Les pas petits et rapides de mes petites sœurs résonnèrent bientôt dans le couloir... Quelques secondes après, elles me sautèrent dessus et rebondissèrent sur le lit. Évitant que mon épaule endolorie soit effleurée lors de leurs rebonds, j'y prenais - tout de même prudemment - part. Les rires envahissaient ma chambre et me contaminèrent moi aussi. Ma tristesse s'oubliait et je restais là à rigoler avec elles, comme si la journée n'avait aucune importance. Je voyais l'éclat dans leur yeux : elles étaient heureuses pour leur sœur et avaient de l'espoir pour l'avenir...
J'étais cet espoir.
En faisant ça, elles seraient libres de choisir quoi faire de leurs vies et je l'avais trop vite oublié : le sacrifice de ma liberté leur donnait le choix de leur destinée, ce même choix qu'il me manquait cruellement à l'heure actuelle.
Je refusais de les voir, tôt ou tard, dans une situation similaire à la mienne.
Et puis, si ça se trouve le prince était un homme bien ! Je tomberais immédiatement amoureuse de lui et finirais mes jours en me la coulant douce à l'ombre d'un château avec celui que j'aime !!
Je voulais me convaincre que j'étais juste dramatique et que mon avenir était radieux : j'allais être heureuse et personne ne pouvait m'en décourager.
J'allais me marier et accomplir ce que ma famille attendait de moi, fièrement.
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Royalement Vôtre - Yeonjun x OC x Soobin
Fiksi PenggemarLa fille d'un baron ruiné est contrainte d'épouser le prince Choi Yeonjun, un homme détestable, pour sortir sa famille de la pauvreté. Elle éprouve toutefois des sentiments pour Soobin, son ami d'enfance et garde au château. ✧✧✧✧✧ «Vous voulez dire...