chapitre 4

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Madison

- Tu sais, je suis contente que tu sois ma meilleure amie - me sort Louise, actuellement assise devant moi.

- Parce que je fais tes couleurs ?

- Bien sûr, parce que tu fais mes couleurs, pourquoi d'autres ? J'ai besoin de mes merveilleux cheveux bordeaux pour faire tomber les vulgaires hommes à genoux.

- Comme si tu voulais faire tomber quelqu'un d'autre que Will...

- C'est toujours satisfaisant de savoir qu'on plait, mais j'avoue que Will...

- Will ?

- C'est différent... – Elle semble pensive soudain.

Elle se retourne vers moi, j'évite de peu de lui peindre le visage avec la coloration.

- Sorcière, on parlait de ma coloration, pas de Will.

- C'est moi la sorcière ?

- Tu détournes l'attention du vrai sujet.

- Et c'est quoi le vrai sujet, que tu profites de moi ? — Je rigole, en tournant sa tête pour continuer mon travail.

- Bien sûr que je profite de toi, tu veux que je demande à qui sinon ? Ne dit pas Will, Maddy. Sinon, je t'asperge avec cette coloration.

- Exécute ta menace et je te peins le visage avec ce pinceau.

- Non, pas mon joli visage. Reste loin de moi. Elle pointe vers moi un crayon à papier comme si c'était une arme de guerre.

- Retourne à ton dessin et arrête de faire ta révolte. Tu as un projet à rendre demain et tu n'en es qu'au croquis. Pourquoi j'ai l'impression que les gens en art font toujours tout au dernier moment.

- Je travaille mieux sous la pression.

- Alors là, j'aurais tout entendu, ce soir tu vas venir pleurer sur mon épaule, car tu n'auras pas fini à temps.

Ma meilleure amie préfère m'ignorer, elle sait très bien que j'ai raison. Louise était quelqu'un de très indépendante, pour elle, s'attacher à un homme c'était se faire volontairement du mal, vu les expériences qu'elle a eues dans le passé, je ne peux pas lui en vouloir. Elle connaissait Will depuis longtemps et leur relation était une des seules choses que je ne comprendrais jamais. Ils passaient leur temps à flirter et à se taquiner. Ils s'engueulaient comme un couple marié, il y avait eu des bisous à l'occasion, mais il n'avait jamais officialisé la chose. Les deux avaient une peur bleue de l'engagement et préféraient se voiler la face que de voir l'évidence.

Si tel était son choix, je la soutenais dans tous les cas, elle préférait voir des mecs sans jamais continuer la relation. Elle en avait brisé des cœurs. Elle me répétait souvent que le sien l'était aussi depuis longtemps, et que jamais elle n'irait mieux. Elle ne parlait jamais beaucoup de ses sentiments, mais avec un peu d'alcool, elle devenait bien plus sentimentale. Cela me faisait beaucoup de mal de la voir dans cet état, elle prétendait aller bien, me disait en face qu'elle n'avait plus rien à faire de son ex, pourtant je l'entendais souvent pleurer quand elle dormait à la maison. Je ne pense pas qu'elle me ment volontairement, plutôt qu'elle ne veut pas se l'avouer. Avoir une relation avec quelqu'un de blessé, c'était compliqué, mais je suis sûr que Will réussirait à réparer un cœur qu'il n'a pas brisé.

- Les Wild Cats prennent l'avantage, mais on dirait qu'ils peinent à garder le ballon.

Louise m'avait traînée avec elle au gymnase, aujourd'hui les joueurs de Clayton Hills jouaient contre une petite équipe voisine. Ce n'étaient pas encore les qualifications, ce n'était qu'un match d'entraînement. Bien que pour eux, aucun match n'était amical. Les joueurs sur le terrain sont loin d'être ceux qu'on encourage la plupart du temps. Bien sûr, les remplaçants jouent forcément durant les quatre quarts, mais il y a toujours un des garçons. Pas que je les surveille.

Ce sport est quelque chose de très contradictoire chez moi, je l'ai adoré plus jeune puis je l'ai détesté quand j'ai compris ce que ce jeu avait fait à mon père, mais quelque part dans mon cœur, j'avais l'envie de jouer, l'envie de discuter stratégies, l'envie de regarder le jeu de l'équipe de ma fac. Bien que je ne l'avouerais pour rien au monde.

- Et ils perdent encore le ballon. Décidément, l'équipe a du mal à tenir le rythme aujourd'hui.

L'équilibre réside dans la coopération au basket, et ici l'équipe joue solitaire. La meilleure chance de tout rater. D'habitude, on est bien meilleur que ça. Il y a toujours un pilier, mais je n'ai pas l'impression que cela marche ici. Cole, Knight, Brown, Baker et McElroy semblent tous au fait du trou sur leur banc, regardant les remplaçants massacrer le jeu. Il est vrai que ce n'est pas très joli. Hélios se prend la tête dans les mains alors que Luis perd la balle au profit de l'adversaire.

Ils sont tous en costume, les jours de matchs les joueurs de l'équipe s'habillent bien. Vu qu'ils n'ont pas le droit de jouer, ils n'avaient même pas pris le temps de mettre leurs maillots.

Je laisse mes yeux trainer un peu trop longtemps à mon goût sur Hélios. La chemise blanche épouse son torse joliment, et les chaussures cirées rajouteraient quelque chose, ses cheveux blonds sont coiffés naturellement. Ils forment des petites boucles sur ces tempes. Il est beau, je suis sûr qu'il le sait. Il n'en joue pas particulièrement, mais il a ce magnétisme et ce charisme qui attire vers lui, moi y compris.

- Tu vas avouer que tu aimes bien ce mec - me dit Louise assise à côté de moi. Bien sûr qu'elle a vue.

- Tu sais que je ne peux pas me le saquer

- Tu es jalouse de lui, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne raison de le détester si ?

- Il est trop sûr de lui et il fait du basket.

- Et tu es jalouse.

- Je ne suis pas... - Je me coupe toute seule dans ma phrase.

Je sais très bien que la négation que je m'apprêtais à dire était complètement fausse, bien sûr que j'étais jalouse d'Hélios McElroy.

- Tu sais quoi, si je n'ai pas le droit de te parler de Will, ne me parle pas d'Hélios.

– On va jouer au tabou ?

- On va jouer à : ne me parle pas de lui, sinon je ne te réveille pas le matin durant la semaine prochaine et tu seras en retard à tous tes cours parce que tu as beau mettre sept réveils, tu n'arrives pas à les entendre.

- Et oh, j'ai des examens importants cette semaine, ne me fait pas ça, ma Maddy chérie.

- Pas la peine de te mettre à supplier non plus Loulou, mais je veux bien que tu viennes me chercher lundi matin chez ma mère.

De chez mon père, je n'habite qu'à trois minutes à pied de chez elle, j'ai pris l'habitude de me préparer et de rester chez elle le plus longtemps possible, toujours dans une optique d'évitement de mon père. Le matin, si je ne viens pas la réveiller en personne, elle serait capable de dormir jusqu'à onze heures tous les jours.

Les dernières minutes du match se jouent, les Wild Hawks sont loin au score, ce soir, il n'y aura pas de fête de l'équipe.

Ce n'est pas plaisant, les pom-pom-girls ont même du mal à remonter le moral de l'équipe, il n'y a plus l'entrain du début. C'est officiel : sans les garçons, l'équipe est foutue, jamais ils ne réussiront à se qualifier pour les championnats.

Je ne sais pas ce que les garçons ont foutu pour être assignés au banc, mais il va falloir qu'ils règlent ça vite s'ils ne veulent pas dire au revoir à leurs rêves. 

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 14, 2023 ⏰

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