Chapitre 41 - Un baiser de trop

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Je suis le chemin que prennent les voitures de police et perds peu à peu ce qu'il me reste de self-control. C'est le chemin pour aller au lycée... Je compte chacune de mes respirations et me concentre sur les palpitations de mon cœur. Je ne dois surtout pas faire de crise d'angoisse. Ce n'est vraiment pas le moment !
Pourtant, la peur de perdre mon ami dérègle complètement ma façon de raisonner. Et si cette fois j'étais moins chanceuse qu'avec Ben ?

J'ignore les tremblements qui m'empêchent de marcher correctement et cours de plus en plus vite. Le bruit des sirènes parasite mon ouïe. Il m'est donc impossible d'écouter la moindre bribe de conversation qui pourrait me renseigner sur la gravité de la situation. Dans l'ignorance totale, je déboule dans la rue qui mène à RottenHills et m'arrête net. Les véhicules que je suivais se sont garés en face d'un cabinet de psychologie. Troublée, j'observe les secouristes sortir un corps couvert d'un drap blanc sur une civière. Que fait Nate chez le psy ?
Et comme pour répondre à ma question, mon téléphone vibre dans ma main. Je décroche et n'en crois pas mes oreilles.

— Lucy, ça fait une heure que j'essaye de te joindre ! S'énerve Nate.

— Mais...

Mon regard se reporte sur le corps emporté dans l'ambulance. Mais si Nate m'appelle, qui est mort ?
Je m'accroupis à bout de force. L'inquiétude m'a drainé toute mon énergie vitale. J'aurais dû m'en douter, Nate n'est pas prêt de quitter ce monde tant que le bal masqué n'aura pas eu lieu.

— Nate, j'ai eu si peur, tu m'as appelé plus de trente fois ! M'écrié-je au bout de plusieurs secondes. J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose et puis après, il y a eu toutes ses voitures de police. Oh mon dieu... Je suis soulagée de t'entendre.

— Lucy, si j'étais sur le point de mourir tu penses vraiment que j'aurais eu le temps de t'appeler autant de fois ? Déjà si j'ai le réflexe de courir pour sauver ma peau ce serait le maximum que je puisse faire, raille-t-il à l'autre bout du fil. Mais du coup qui est mort ?

— Aucune idée, mais ce n'est pas une mort naturelle vu tous les policiers regroupés autour du bâtiment. Enfin, ça ne nous concerne pas, tu voulais me dire quoi alors ?

— Mmmh... Avant toute chose, tu sors bien avec Alec non ? Demande Nate sur un ton hésitant.

— Non, je ne sors pas avec lui, m'esclaffé-je. Je l'aime bien et je crois que nous nous sommes rapprochés tous les deux ces dernières semaines.

— Donc, rien de sérieux ?

— Pas encore, je préfère prendre mon temps. Mais il n'est pas effrayé par ma vraie nature et je crois... Je crois que je l'aime bien, Nate, avoué-je avant de froncer les sourcils. Attends pourquoi tu me demandes ça ? Et j'espère que ce n'est pas pour me poser ce genre de questions que tu m'as harcelé au téléphone !

Je l'entends rire nerveusement, ce qui ne me rassure pas du tout. Sachant que mon ami s'informe sur ma vie sentimentale au moins une fois par jour, je ne comprends pas son intérêt soudain pour quelque chose qu'il connaît déjà. Il sait très bien que je commence à développer ce que les humains appellent un « béguin » pour ce jeune homme.

— De toute façon, j'ai jamais aimé ce type. Avec sa beauté tout droit sorti d'un film, vraiment écœurant ce genre de canon. Ah, tiens ! J'ai une idée. On va aller crever ses pneus de voiture d'accord ? Je peux même l'inscrire sur plein de sites frauduleux pour que sa boite mail soient envahis de pub en tout genre, s'écrie Nate.

— Nate, le coupé-je. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu me fais peur...

— En fait, tout a commencé quand tu m'as laissé tout à l'heure. J'étais en train de proposer aux élèves qui croisaient mon chemin de venir au bal masqué, débite-t-il si rapidement que j'ai du mal à le suivre. J'étais à plus de cent invitations, oui, je les ai comptés, bref. Donc je disais que j'étais à plus de cent invitations et j'en étais plutôt fière. Sauf que Matéo est venue me voir pour me dire que je faisais du favoritisme et que je ne proposais pas aux athlètes du lycée de venir. Tu y crois toi ? A croire que je suis contre qu'un paquet de beaux garçons aux muscles saillants viennent pimenter la soirée !

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