Chapitre 3 - Le nouvel élève

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Samaël me fait signe que non avant de sortir son téléphone pour passer un appel. Je peux facilement deviner qui est la personne qu'il va essayer de joindre. Je vous le donne en mille : notre chère mère. Mon demi-frère me tourne le dos pour continuer son appel en toute intimité. Pourquoi ne veut-il pas me mettre dans la confidence ? Je tends l'oreille, mais ce dernier à tout prévu et parle si bas que je ne comprends rien. Il ferme alors la porte de sa chambre. Trop curieuse pour attendre patiemment dans le couloir, je déboule dans la pièce close, ignorant son air étonné.

— Je te laisse, Lucy fait encore des siennes, dit-il avant de raccrocher.

— Je veux simplement savoir ce que tu me caches, sifflé-je en le fusillant du regard.

— Je ne te cache rien.

— Tu te fous de moi là, m'emporté-je. Je ne suis pas idiote, dès que je t'ai parlé des corps retrouvés dans la forêt, tu es devenu super bizarre, il y a une autre famille de vampire en ville, c'est ça ?

Samaël fait son possible pour ne rien laisser transparaître, mais je connais mon demi-frère et je sais quand il me cache quelque chose.

— Si tu veux garder ton petit secret, sur tes activités avec ce jeune homme, je te conseille de ne pas insister. Ces corps ne viennent pas de nous. Notre mère va contacter le Conseil et nous aurons plus d'informations à ce sujet. C'est tout ce que tu dois savoir.

Je le dévisage longuement, mon instinct ne me trompe jamais. Et le jeune homme en face de moi dissimule une vérité qu'il ne veut pas que je sache. Une vérité sûrement bien croustillante...

— D'ailleurs, j'ai des choses à faire, ne brûle pas la maison en mon absence, raille-t-il avant de disparaître dans le couloir.

Comprenant que je n'en saurais pas plus aujourd'hui, je laisse tomber et quitte sa chambre. Je monte quatre à quatre les escaliers et rejoins mon sanctuaire. J'attrape mon téléphone posé sur mon lit pour écrire à Nate. Si mon demi-frère croit que sa réponse m'a suffi, c'est mal me connaître. Je pianote donc un message rapide à mon ami, lui demandant de récolter toutes les informations sur les corps retrouvés sans une goutte de sang. Avoir un proche avec des informations que seule la police peut connaître est très pratique, bien que je pourrais simplement hypnotiser un officier. Mais depuis que je ne me nourris plus comme avant, je préfère y aller doucement avec mes pouvoirs.
Me rappelant soudainement de ma façon très incorrecte de jeter Ben hors de chez moi, je lui écris également un message en m'excusant. J'irais acheter des billets pour voir le match de son équipe de baseball préférée afin de me faire pardonner. Soudain, mon téléphone vibre dans mes mains. En lisant le nom qui apparaît sur l'écran, mon souffle se coupe. J'ai complètement oublié que je devais donner un coup de main pour la fête du lycée ! Je respire un bon coup prête à me faire incendier par la présidente des ateliers de RottenHills.

— Salut Adélaïde, m'écrié-je en prenant une voix aussi fausse que ses deux mille abonnés sur barbagram.

— Lucy, mais où es-tu ? Tu nous avais donné ta parole pour venir nous aider, tu sais très bien que si tout le monde manque à l'appel, la fête n'aura jamais lieu. Je leur avais dit qu'on ne pouvait pas compter sur toi, mais la directrice a insisté en disant...

— J'ai eu un petit imprévu, la coupé-je en sentant mon agacement monter d'un cran au son strident qu'émet sa voix. Mais j'arrive, je suis en chemin là.

Je raccroche sans demander mon reste et soupire un bon coup. Pourquoi ai-je donné mon accord pour les aider alors que je déteste les cheerleaders ? Connaissant ma chance légendaire, je vais sûrement finir par décorer le char avec Beka. Tandis que je rumine, j'attrape mon paquet de cigarette et le fourre dans mon sac. Clope au bec, lunettes de soleil pour me protéger du soleil qui me dérange de plus en plus, je suis prête pour faire mon devoir de lycéenne. Sur le chemin, je vérifie que je n'ai pas reçu de messages de Nate ou de Ben, mais ils n'ont pas l'air d'être disponibles. Alors que je suis concentrée sur l'écran, je rentre brutalement dans quelque chose de dur. Le choc me fait reculer de quelques pas, un peu sonnée, je lâche mon téléphone des mains. Mais avant qu'il ne touche le sol, je l'attrape d'un geste rapide. Quand je relève la tête, je me retrouve face à face avec le nouveau. Son regard se pose lentement sur mon téléphone puis remonte vers mon visage en me dévisageant.

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant