Jour 13 : Jalousie et mensonges

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Ça fait maintenant 3 jours que Cakaj vit parmi nous. Et Nami en est complètement gaga. Résultat ? Elle ne pêche plus avec nous, elle ne vient plus chercher du bois avec nous, elle ne chasse même plus les crabes avec nous !  

Et Malo et moi, on en est à peu près à notre 70ème partie de morpion et c'est encore une fois match nul. Je me laisse tomber en arrière sur le sable chaud en soupirant. Malo est dans le même état que moi. Plus rien n'a la même saveur sans elle. Et en plus si elle était là, elle nous aurait laminés au morpion.

- Elle nous a remplacés, soupire Malo découragé. Et tout ça à cause de ce stupide volatile.

Malgré la « gravité » de la situation je ne peux m'empêcher de sourire.

- Attend, tu es jaloux de Cakaj ?  Demandé-je faussement surprise.

- Non pas du tout ! Tente en vain de se défendre mon ami.

- Si ! Tu es jaloux !

- Non !

- Si !

Je me tiens les côtes tellement je ris, j'en ai même mal au ventre.

- Mais non, je ne suis pas jaloux d'un oiseau ! S'exclame- t-il.

Mais lui aussi il rit et bientôt il est impossible de nous arrêter. Quand nous reprenons enfin notre souffle, j'ai l'horrible impression d'être scrutée. Je regarde autour de moi. Et je vois June contre le tronc de son palmier fétiche, me lançant un regard noir. Elle me fixe, sans ciller, sans cligner des yeux. Je tente de soutenir son regard froid et dur, mais très vite, je baisse les yeux.  

***

- Mais June ! Tu es folle ?

Malo est au bord de la rivière et June est à ses côtés. Celle-ci boit l'eau claire qu'elle a entre les mains.

- Sérieusement ! Où est le problème avec Sasha et

- Nami ? S'énerve-t-il.  

  June ne répond toujours pas. C'est comme si elle ne l'entendait pas.

- Oh ! Oh ! June ! Pourquoi tu as fixé Sasha comme ça tout à l'heure ?

June répond enfin, sans le regarder.

- Elle te ment, dit-elle seulement.

Elle est terriblement calme. Mais sa voix tremble légèrement.

- Tu dérailles June, tu dérailles, soupire Malo.

Et sur ses mots, il tourne les talons.

- Je ne mens jamais, murmure la jeune fille pour elle-même, tremblante de colère

*** 

De mon côté, pendant que Malo est parti à la rivière avec cette satanée June,  je vais aller parler à Nami. Elle est en train de tresser des feuilles de palmiers pour faire un nid pour Cakaj. Je souris, mi exaspérée, mi amusée car je sais très bien que la place préférée de Cakaj, c'est d'être aux côtés de Nami.  

Malgré tout, mon amie semble très concentrée. Ses cheveux noirs tombent constamment devant ses yeux, mais ça n'a pas l'air de la déranger. C'est en la voyant comme ça, que je me rappelle tout ce que l'on a vécu ensemble et à quel point ça semble irréel. Comme si tout cela n'était qu'un jeu auquel on pourrait mettre fin quand nous en aurions marre. Mais ce n'est pas le cas. Cela fait désormais treize jours que nous sommes ici. Quoi qu'on puisse en dire, nous mangeons peu et nos forces s'amenuisent. Le sommeil commence à manquer et nous savons tous que nous n'échapperons pas à la pluie éternellement. Le doute s'insinue en nous comme un poison, même si on fait comme s'il n'existait pas. C'est la voix de Nami qui me sort de mes sinistres pensées.

- Euh ça va ?

En même temps il y a de quoi se poser des questions. Je suis plantée dans le sable, le regard vide depuis un quart d'heure.

- Oui... oui, ça va.

Nami cale une mèche de cheveux noirs derrière son oreille puis lance moqueuse.

- Si au final c'est pour finir en larmes dans deux minutes, autant me le dire tout de suite.

Je me rappelle amèrement le jour où j'avais fondu en larmes sur la plage et ça remonte à plusieurs jours déjà.

- Non t'inquiète. En fait, je suis venue te dire que tu passes tellement de temps avec Cakaj, que tu n'en passes plus avec nous.

Elle éclate de rire, un rire pur et clair qui me manquait.

- Vous êtes jaloux en fait ? Lance-t-elle.

- Non pas du tout ! Enfin si un peu... surtout Malo quand même, tenté-je de me défendre.

- Malo, est jaloux de Cakaj ? C'est une première ! S'étonne-t-elle.

- Oui, je crois même que tu lui plais.

- N'importe quoi, rétorque-t-elle.

Mais je vois bien qu'elle a rougi.

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