Whispers - New Romance

Chapitre 9 : Monsters

Diane

J'étais couchée sur mon lit, le regard rivé vers mon plafond. Je n'essayais même plus de trouver le sommeil, j'avais baissé les bras.

Tout ce que je pouvais faire, c'était laisser tourner en boucle dans ma tête les mots qu'Armend avait écrits. Je les avais lus tellement de fois qu'ils s'étaient incrustés dans ma mémoire pour toujours. La sensation que j'avais ressentie en découvrant sa réponse ne me quittait plus. C'était un mélange d'espoir et d'affliction.

Après avoir vu l'immense vide dans ses yeux noirs, j'étais heureuse qu'il ait de nouvelles perspectives. Il avait à nouveau envie d'apprendre quelque chose. Ce projet lui permettrait de supporter un peu mieux la détention. Il aurait un objectif auquel se raccrocher.

Toutefois je ressentais une immense douleur depuis qu'il avait avoué n'avoir jamais aimé. Il ne connaissait pas l'amour et m'entendre décrire ce sentiment avec Omar n'avait fait que le faire réaliser qu'il n'avait jamais expérimenté cela. Personne ne méritait de vivre dépourvu d'amour.

Était-ce parce qu'il avait été condamné jeune ? Y avait-il un lien avec le fait qu'il ne parlait pas ?

Armend était le plus grand mystère que je n'avais jamais rencontré. Il me semblait impossible à décrypter pourtant, lorsque ses yeux plongeaient dans les miens, j'avais le sentiment qu'il parvenait à me parler.

Ses iris communiquaient à la place de ses lèvres mais cela ne me suffisait pas. Ce n'était pas assez. J'avais besoin de plus. Je voulais entendre sa voix. Je voulais analyser le choix de chacun de ses mots. Je voulais passer au crible ses tournures de phrases afin de parvenir à résoudre cette énigme.

Ma seule conviction était qu'il n'était pas comme les autres détenus. Tous me vouvoyaient dans cette prison. Ils m'accordaient cette distance.

Armend, lui, avait décidé de franchir une limite en me tutoyant.

Pire, il avait utilisé une injonction. « Apprends-moi ». C'était comme s'il m'ordonnait de le faire, comme si sa demande relevait d'un besoin vital.

Je n'avais absolument aucune idée de comment je pourrais faire une chose pareille. L'amour n'était pas une chose sur laquelle nous avions le moindre contrôle. C'était le sentiment le plus imprévisible et le plus abstrait au monde. Chacun d'entre nous était capable d'aimer mais personne ne connaissait le même amour qu'un autre. C'était une expérience unique.

Je ne voyais pas comment je pourrais aider Armend. C'était la première fois de toute ma carrière que je me sentais complètement prise au dépourvu.

Cependant, je savais que je ne pouvais pas refuser d'accéder à sa demande. J'avais vu la rapidité avec laquelle il avait rédigé ces mots. Il avait besoin de moi. Il attendait que je lui fasse ressentir ce sentiment.

Même si nous ne nous étions jamais parlé, je ne pouvais pas le décevoir. Il fallait que je trouve quelque chose.

Je ne pouvais pas me présenter à l'école demain sans avoir trouver une solution. C'était inconcevable.

Armend était la cause de mon incapacité à trouver le sommeil.

Je me tournai pour cesser de regarder mon plafond. Je n'allais pas supporter sa vision une seconde de plus. Mon regard erra dans le reste de ma chambre avant de se poser sur la pile qui accaparait toute ma table de chevet.

Plusieurs ouvrages attendaient que je continue ma lecture.

Je me relevai vivement.

C'était comme cela que j'allais parvenir à lui faire éprouver de l'amour.