Whispers - New Romance

Chapitre 17 : In Madness

Diane

Lorsque je pénétrai dans la prison, on me demanda immédiatement de me rendre dans le bureau du directeur.

On m'avait expliqué que ce n'était pas grave si j'avais quelques minutes de retard en classe et que je n'aurais qu'à les rattraper à la fin de mon cours.

Même si cette dernière remarque m'avait agacée, j'avais acquiescé et j'avais tenté de masquer mon appréhension. Je n'avais jamais été convoquée par la direction, depuis que je travaillais ici. Cela faisait maintenant trois mois que je prenais la direction du centre de détention chaque matin et je n'avais pas remis les pieds à la direction une seule fois depuis que j'avais signé mon contrat.

Par le plus grand des hasards, on souhaitait me voir, le lendemain de la plus grosse erreur de ma carrière.

J'étais une enseignante qui avait embrassé son élève. Il s'agissait d'un adulte, de deux ans mon ainé mais il restait quelqu'un à qui je devais enseigner. Il restait un détenu qui n'avait pas le droit de se rapprocher du personnel. Il restait un homme qui ne devait voir que la professeure que j'étais et j'avais franchi la barrière professionnelle.

Même si les baisers que nous avions échangés m'avaient permis de dormir avec l'envie de me réveiller le lendemain, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que je mettais Armend en danger.

Maintenant que l'on souhaitait me parler, je regrettais presque d'avoir succombé. J'avais adoré chaque moment passé avec lui et le dernier en date faisait toujours battre mon cœur un peu plus vite mais à présent, je me trouvais égoïste.

Armend m'offrait des instants de paix, il me tendait une main solide alors que j'étais en train de me noyer et je ne faisais que risquer d'allonger encore le temps qu'il passerait dans cet endroit sordide. J'étais si attirée par son côté rassurant que j'étais incapable de me détacher des sensations qu'il me procurait.

Même si je ne connaissais rien du crime qu'il avait commis, je pouvais dire avec certitude qu'il n'aurait jamais dû se retrouver ici. Il était bien meilleur que moi et pourtant, c'était lui qui était privé de liberté.

Lorsqu'on pénétrait en prison, on était coupé du monde. Je ne passais que mes journées dans cet endroit mais j'étais toujours aussi déboussolée. Les centres de détention n'étaient pas comme on l'imaginait.

Je n'enseignais pas à des détenus, j'enseignais à des êtres humains. Contrairement à ce que beaucoup pensait, ils n'avaient pas des apparences de méchants, ils ressemblaient à n'importe lequel d'entre nous.

Sauf Armend. 

Je suivis le gardien dans les couloirs jusqu'à atteindre l'étage dans lequel le responsable du centre de détention travaillait.

Je frappai doucement à la porte avant d'entrer et je refermai derrière moi en tentant de garder la tête haute malgré mon angoisse.

Et si quelqu'un nous avait vus, Armend et moi ? Et si le directeur savait que nous nous étions rapprochés ? Me convoquait-il pour me renvoyer et m'éloigner de lui ?

Toute la soirée, je m'étais demandée comment j'allais me comporter avec lui maintenant que je réalisais qu'il avait une peine aussi importante. On n'écopait de vingt ans de prison qu'en étant jugé coupable d'un crime. Il n'était pas ici pour un délit mineur mais bel et bien pour une « violation extrême des interdits fondamentaux de la société » d'après la loi.

J'avais pensé à toutes les choses qu'il avait pu faire. Je savais que s'il avait été placé ici, c'était parce qu'on avait convenu qu'il représentait un danger pour la société. J'avais tout fait tourner dans ma tête mais je n'étais pas parvenue à me convaincre qu'il était dangereux pour moi.