Diane
— On devrait aller dans la salle commune aujourd'hui, déclara Emily.
Je n'avais pas été capable de lui offrir la moindre attention depuis que j'étais revenue de l'infirmerie, la veille.
J'étais plongée dans un océan de tourments qui ne semblait pas avoir de fin. Même mon sommeil n'avait été d'aucun réconfort.
— Elles vont prendre ça comme une marque de faiblesse si tu préfères te cacher dans ta cellule.
Ma codétenue avait immédiatement senti que quelque chose n'allait pas mais elle ne s'était pas risquée à me demander de quoi il s'agissait.
Elle ne m'avait pas laissée broyer du noir pour autant. Elle avait mobilisé la conversation, sans doute pour tenter de me distraire. Elle ne s'était tue que lorsqu'elle s'était endormie et elle avait repris lorsque j'étais revenue de la salle de bain, en fin de matinée.
Couchée sur son lit, elle feuilletait un magazine en me partageant les pensées qui traversaient son esprit.
Je n'avais pas été en mesure de réagir à la moindre de ses répliques.
Pourtant, je ressentais le besoin de me confier. Plus d'une fois, j'avais failli laisser les mots « je vais avoir un enfant » sortir de ma bouche.
Cependant j'avais pensé à Armend et aux conseils qu'il m'avait donné. « Tu ne dois faire confiance à personne » m'avait-il dit. Emily semblait être de mon côté mais que se passerait-il si je me trompais ? Je refusais qu'elle utilise ma confession contre moi.
Alors, j'avais laissé mon secret me broyer la gorge.
— Je serais avec toi. Si elles voient que tu n'es plus seule, ça les calmera sûrement.
Comment avais-je pu être aussi négligente ? Je n'avais même pas remarqué que j'avais plusieurs semaines de retard. Dans combien de temps mon ventre commencerait-il à s'arrondir ?
Pour le moment, personne ne pouvait deviner que j'étais enceinte et je comptais bien faire durer l'illusion le plus longtemps possible.
L'infirmière m'avait dit que l'administration pénitentiaire n'isolait pas les détenues dans ma situation mais que je recevrais tous les soins nécessaires.
J'avais bien failli rire entendant ça.
Personne n'allait m'offrir ce dont j'avais le plus besoin.
Aucun des gardiens ne m'aideraient à éloigner les détenues qui me voulaient du mal.
— Diane, tu m'écoutes ?
Ma plus grande peur était que ces femmes réalisent que j'attendais l'enfant d'Armend. Elles me haïssaient déjà parce qu'il m'avait offert son affection. Si elles découvraient qu'une partie de lui vivait en moi, leur jalousie serait dévastatrice.
Je doutais que l'une d'elle ait pitié de moi. Tout ce qu'elles verraient, ce serait que j'avais couché avec Armend et que la conséquence de notre moment d'intimité allait respirer sur cette terre.
J'entendis alors une clé être insérée dans la serrure. La porte se déverrouilla et un uniforme bleu apparut dans mon champ de vision.
— Bon, ça suffit, capitula Emily.
Elle se leva et je sentis sa main s'enrouler autour de mon poignet. Elle tira pour me forcer à me lever. Lorsque mes jambes soutinrent mon poids, je laissais toutes mes réflexions dans un coin de ma tête pour revenir dans l'instant présent.
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Whispers - New Romance
RomanceAlors qu'elle est enseignante depuis quelques années, Diane choisit d'accepter un poste dans un centre de détention. Ses nouveaux élèves sont tous des hommes adultes qui ont été jugés coupables de crimes en tous genres : trafics de stupéfiants, vols...