Chapitre 9: Un nouvel homme

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Je fus prise de stupeur en voyant des yeux vairons traverser les miens. Je restai figée quelques secondes avant que je reprenne conscience lorsque sa voix me délivra :

"Tu comptes me laisser là où je peux entrer, sans paraître impoli bien entendu ?"  me disait-il avec un petit sourire amusé.

"Ou- oui, entrez..." 

Il entra alors, presque en m'effleurant ce qui me perturba. Son odeur enivrante que je connaissais bien maintenant titilla mon odorat.  Je ne sais pas pourquoi mais son parfum décrivait parfaitement son aura : mystérieuse et intimidante.

Il demanda l'emplacement de la cuisine pour en fait déposer les sachets de nourriture, dont ma pizza, puis retira sa veste et s'installa. Il avait sûrement dû croiser le livreur dans le bâtiment.

"Que me vaut l'honneur de cette visite inattendue, Mr. Jones ? Vous vous inquiétiez pour votre chère assistante ou bien ?" lui disais-je avec une voix on ne peut plus mielleuse.

Il me regarda alors, surpris, puis me dit d'un ton confiant :

" Dans vos rêves les plus fous sûrement, miss."

Sa phrase était comme remplie de sous entendue, que je passais outre.

"Non, plus sérieusement, je voulais prendre de tes nouvelles et voir si tu te sentais mieux." dit-il en soupirant. 

Je rêve ou il était littéralement... inquiet ? Non, il avait juste besoin que son assistante soit en bonne forme, c'est tout. Mais c'est vrai que ça ne me laissait pas totalement indifférente. En fait, j'appréciais le fait qu'il se soit inquiété pour moi, oui.

"Eh bien pour être honnête, ça ne va plus du tout." m'exprimais-je avec une mine dévastée. "J'ai le cancer."

Son visage se pâlit visiblement et il ne manquait pas de faire tomber son verre. Sa bouche s'ouvrit, choqué de ce que je venais de lui annoncer. 

Mon plan marchait à merveille mouhahaha....

"Non je rigole, c'était une blague, je vais très bien ne vous inquiétez pas, c'était juste un petit malaise, rien de très grave." 

Il se détendit et posa la main sur son cœur, comme si une tonne venait de se retirer de ses épaules. Il me lança un regard assassin.

"Va te faire foutre Luciana."

Sa phrase me fit éclater de rire. J'étais fière de mon coup, oui. Mais en remarquant, c'était la première fois qu'il m'appelait par mon prénom... Cela me fit une drôle de sensation que je ne saurai expliquer.

Nous nous penchions alors pour ramasser les débris du verre et c'est alors qu'il posa sa main sur la mienne puis me dit :

"Non, surtout pas. Laisse-moi faire, tu es déjà une catastrophe ambulante comme ça."

"Dit-il alors, qu'il vient de casser son verre." répondis-je. "Vous êtes plutôt mal placé pour me faire la leçon." 

Il m'étudiait toujours avec ces yeux perçants. Je le vis prétendre être offensé par ma remarque, mais un sourire se dessina sur ses lèvres pulpeuses... et roses... oula. Restons concentrées.

"Tu oublies que je suis ton ainé. J'ai tous les droits pour te faire la leçon." dit mon professeur.

Je m'esclaffai ouvertement devant son arrogance et dis :

"Vous n'avez pas l'air si vieux pourtant. Ni si sage." ajoutais-je avec un regard taquin.

Il eut un rictus et dit. "J'ai 28 ans."

En réalité, ça ne m'étonna pas. Il faisait plutôt son âge.

"Wow. Vous ne pensez qu'il serait temps d'aller à l'ephad ? La retraite c'est pour bientôt, non ?" dis-je

Contre toute attente, ma blague eut l'effet attendu, voir même mieux, puisqu'il lâcha le premier rire sincère que j'entendais de sa part. Sans lui jeter des fleurs, il avait vraiment un beau rire. J'esquissa en réponse un sourire dans mon coin, sans qu'il ne le voit.

"T'es plus marrante que je l'imaginais."

Cela veut dire qu'il pensait à moi ?? Non, c'est surement de la provocation. Ça doit faire partie du petit jeu entre nous, rien de plus.

"Vous avez une mauvaise image de moi alors. Je suis déçue..." fis-je avec une mine faussement triste.

"Je connais plus de choses sur toi que tu ne le penses, Luciana."

A ses mots, je me figeai encore une fois. Décidemment, il me faisait souvent cet effet. Je levai alors les yeux vers lui et vit qu'il me fixait toujours intensément, comme s'il voulait imprimer toutes les particules de mon visage dans sa mémoire.

Sans savoir pourquoi, je profitais de cet instant pour mieux l'analyser en retour. Mon regard alla à son avant-bras, qui était à découvert car il avait retroussé ses manches. Je pu apercevoir alors en détails les multitudes de tatouages que sa peau exhibait. Mais seul un tatouage retint mon attention, un serpent transperçant l'iris d'un œil avec ses dents, très voyantes. Je fus surprise par la violence de ce mélange de symboles, qui attisaient ma curiosité. J'aurais aimé lui demander ce qu'il signifiait, mais je n'eus pas le courage.

C'est alors que son regard se posa sur le mien à nouveau et je le vit rabattre sa manche, comme pour cacher ses dessins.

"Bon... Le repas va refroidir, mangeons."

Je sentais encore la tension envahir la pièce, je n'y prêtais pas attention et le rejoins à table. Je senti désormais que la tournure de notre relation devenait de plus en plus clair. Nous savions tout les deux qu'il y avait maintenant bel et bien quelque chose entre nous. Tout devenait plus explicite maintenant : les regards et les sourires dans les couloirs, nos "entretiens" sur le dernier épisode du kdrama Mouse (dont je l'avais forcé à regarder) après les cours dans son bureau et la façon dont nous nous cherchions montrait bien que j'étais plus qu'une simple élève à ses yeux.

 Nous parlâmes tout le reste de la soirée de nos vies un peu plus personnelles. J'appris d'ailleurs qu'il était orphelin et qu'il avait passé des moments difficiles, ce qui lui avait donné l'amour de la poésie et de la littérature, là ou il se réfugiait. Mr Jones n'était pas non plus fermé à l'art, il avait un faible pour Claude Monet.

Un homme de gout...

Je lui racontai en retour que j'étais aussi orpheline, ce qui nous faisait un point commun. Mais j'avais la chance d'avoir ma mère adoptive avec moi, ainsi qu'un groupe d'ami. Je vis que son attitude envers moi changeait considérablement après ces révélations. Il me fit sentir que je pouvais me confier à lui et qu'il était devenu comme un ami pour moi.

Lui, Mon Ange DéchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant