Prologue : La fin d'une Vie

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Sanemi-23 ans

Le coup porté au soldat de bois le fit instantanément tomber en miettes. Je reprenais une respiration difficile avant de me remettre en position, ignorant la douleur qui se formait dans ma poitrine.

Mais comme le gel n'épargne pas le fruit de l'arbre, mon propre corps ne m'épargnait pas la maladie : un coup de couteau retentit entre mes côtes, jouant dangereusement avec ma vie.

Mes jambes me lâchèrent sur sol où je m'écroulais douloureusement, pendant qu'un bras tout aussi fragile tentais de me retenir dans ma chute. J'entendis un soupire lassé mais contraint, poussé par celui qui faisait de nous la dernière paire de condamnés.

Arrête, me dit-il tout simplement.

Un rire malade s'échappa de ma gorge sèche :

C'est pas un simple coup qui va me tuer, rétorquais-je.

Non, cette fois-ci ça suffit. Tu sais ce qu'ils en pensent, gronda à nouveau cet homme en me faisant redresser.

Mes jambes étaient tellement faibles, tellement incapable de me porter qu'elles ne cessaient jamais de trembler et de tressauter comme si on m'avait tiré dessus. L'emprise de mon camarade sur mon bras, en plus de son obstination pour ma santé, devenait bien trop pénible et intrusive.

Lâche-moi, crachais-je en dégageant sa main. Je n'ai besoin de personne, Tomioka. Et tu es encore moins bien placé que les autres pour m'aider.

Ma remarque, blessante, lui fit baisser la tête.

Autrefois deux guerriers d'excellence, nous n'étions plus que deux malades incurables, sans aucune idée de quand nous irions rejoindre les étoiles.

Tomioka était déjà le plus faible de nous deux, et j'ignorais s'il tiendrait encore longtemps. Je n'étais pas aussi mal en point, du moins essayais-je de m'en convaincre. Je continuais à m'entrainer tous les jours, sans relâche, et ce malgré les interdictions des infirmières de la famille Kocho.

Au début, après la dernière bataille qui avait coûté aux démons leur pitoyable existence, nous ne nous en étions pas trop mal sortis. La malédiction de la marque n'avait agit ni sur moi, ni sur Tomioka ou même sur le jeune Kamado.

Plus tard, les recherches menées par la chercheuse de la maison papillon avaient démontré qu'elle ne le toucherait pas lui, suite à sa mutation en démon. Cependant, Kanzaki nous avait avoué, toute en larmes, que notre avenir, à Tomioka et moi, serait très incertain.

Et là, notre état de santé avait commencé à se dégrader. Très vite, nous n'étions plus aptes à demeurer seuls et Tomioka et moi fumes rapatriés au domaine des papillons pour des soins intensifs. Mais nous le savions tout aussi bien que les autres : notre temps était compté, et vu notre santé, nous serions morts bien avant la marge initiale de 25 ans.

J'ai bien tenté plusieurs fois de m'ôter la vie, mais la petite Tsuyuri s'en rendit vite compte et me fit promettre de ne plus rien tenter de la sorte.

Et, maudit soit ma conscience, s'il me restait bien une chose, c'était ma parole, car quelle fierté pouvait-il me rester tandis que je demeurais coincé dans une immense baraque pour malades à compter mes jours ?

Alors je restais là à attendre comme un rat mort.

Presque mort.

On ne m'autorisait qu'une seule sortie en dehors de l'enceinte du domaine. Et c'était bien la seule chose qui était devenue quotidienne, importante à mes yeux.

^~°The Lost°~^ [Sanekana] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant