1 | ᴠᴇ́ʟᴏ

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|ᴄʜᴀʀʟᴇs|

Je n'arrive plus à dormir, et ça commence réellement à me taper sur le système.

Le visage terrifié de Selena hante mes nuits, et la culpabilité de n'avoir rien fait ou dit me tue de plus en plus.

Mais je ne peux pas le permettre.

Je fixe encore le mur blanc de ma chambre d'ado, enfin blanc, si l'on ne fait pas attention à notre tentative d'animer notre âme artistique avec Esteban.

Ce souvenir me fait légèrement rire, surtout que sa petite sœur a fini par nous rejoindre. J'ai encore l'image de son visage et de ses vêtements recouverts de peinture rose.

Elle souriait de plus belle.

Elle était heureuse à ce moment-là, contrairement à la dernière fois où son visage était terni par les larmes et la violence.

Et voilà que son visage me tourmente de nouveau, tellement il est ancré dans mon esprit.

Je prends mon coussin et me morfond avec alors que le grincement de ma porte me prévient qu'April est rentrée. J'entends ses pas qui s'approchent de mon lit avant qu'il ne s'affaisse un peu.

Sans attendre, elle retire mon coussin et le jette à l'autre bout de la pièce, trouvant le casque de ma moto au sol. Ses bras sont croisés contre sa poitrine et son regard furieux me foudroie, j'arque un sourcil, confus de son attitude qui laisse à désirer.

— Qu'est-ce que tu veux encore ? Lui demandai-je en me redressant.

— Ce que je veux ? Tu te fous vraiment de ma gueule, Charles ! S'exclame-t-elle d'un ton colérique.

Je la fixe toujours aussi perdue que lorsqu'elle a fait son entrée dans ma petite chambre. April fronce des sourcils et me pousse si violemment que je me retrouve de nouveau allongée, et contrairement à d'habitude, je me laisse faire.

Mes nuits sont bien trop courtes pour que j'aie la force de me disputer avec elle.

— Tu devais me ramener à mon entraînement de volley ! Mais comme par hasard, tu as disparu.

Elle se lève d'un bon et se dirige vers mon bureau avant de me jeter mon ancienne peluche, Vivi, en pleine gueule. Elle se met à m'engueuler de toutes ses forces, toutefois aucune de ses paroles ne rentre en contact avec moi.

J'aurais aimé poser des questions à April, ou passer un coup de fil à Esteban pour savoir s'il n'est pas au courant de ce qu'il se passe chez ses parents. Mais je pense qu'il m'en aurait déjà parlé s'il aurait voulu que je sois au courant, ou peut-être qu'il ne l'est simplement pas.

Ça serait étrange, mais possible.

Il est parti à l'université dès la fin du lycée, mais aussi dès le retour de son père, il ne revient qu'occasionnellement.

— Tu l'écoutes au moins ? Non, mais sérieusement Charles, qu'est-ce qui te prend ces derniers temps ?

Bien qu'elle soit toujours agacée, car j'ai oublié son entraînement, elle semble aussi inquiète. April a enfin arrêté de me jeter des choses dessus et sa voix se fait un peu plus douce.

Je lui lance un court regard avant de souffler légèrement. Je me redresse à contrecœur alors que mon dos crie de douleur.

— Désolé April, j'ai juste énormément de boulot avec le garage, et je croule sous la paperasse, dis-je en me levant avant d'ajouter ;

— Promis, je ferais plus attention la prochaine fois.

En me dirigeant vers la sortie de ma chambre, je lui ébouriffe ses beaux cheveux blonds. Et malgré le fait qu'elle déteste ça, elle ne dit rien et me fixe d'un air compréhensif.

ᴛʜᴇ ʜɪᴅᴅᴇɴ sᴄᴀʀs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant