ᴛʜᴇ ʜɪᴅᴅᴇɴ sᴄᴀʀs

5 | ᴍᴀʟᴇɴᴄᴏɴᴛʀᴇᴜsᴇ ᴅᴇ́ᴄᴏᴜᴠᴇʀᴛᴇ

|ᴄʜᴀʀʟᴇs|

Les nuits d'été deviennent de plus en plus fraîches, là où les âmes passent un quart de leur temps à se faufiler dans des fêtes bien trop piteuses, désertant petit à petit les rues.

À la seule exception de certains addicts à l'adrénaline, comme une drogue dont on ne peut plus se séparer. Douce et aride, elle permet une liberté de courte durée, mais cause les plus gros drames qu'un être puisse connaître.

J'en ai toujours voulu à mon père d'avoir sombré dans la drogue après que ma mère lui a annoncé qu'elle voulait divorcer. Mais me voilà, les mains serrées autour de mon volant, tremblant d'excitation pour cette reprise tant attendue.

Au fond, mon père et moi nous ressemblons bien plus que je ne le pensais. On pourrait presque croire que l'addiction est un gène héréditaire pour nous deux à chaque événement traumatisant que nous inflige la vie.

Mais au lieu de fuir, j'essaie de contenir cette envie folle de descendre cette route sans faire attention à la vitesse indiquée par la boîte de vitesses. Car le seul but dans ce genre de course est d'arriver en premier, de préférence pas mort ou dans un fossé, car cela serait la défaite assurée.

Je ne veux pas perdre, je ne peux pas perdre. Ce serait honteux de perdre alors que c'est ma première course depuis la reprise. Ce serait comme renoncer à gonfler les pneus d'une voiture alors que ce n'est que le début.

Rien n'est compliqué lorsque c'est le commencement, alors pourquoi fuir ?

Alors que mon esprit se concentre sur les feux rouges toujours présents, quelqu'un toque à ma vitre. Sans surprise, le visage de Koda apparaît, un sourire narquois aux lèvres.

— Qu'est-ce que tu veux ? Je t'avais pas dit de dégager d'ici déjà plusieurs fois ?

— C'est mignon, tu pensais vraiment que j'allais t'écouter ? Je pensais que tu me connaissais un peu mieux que ça quand même.

Je repose mon regard devant moi, avant de remonter la vitre pour le faire déguerpir au plus vite. Je l'aurais bien fait moi-même, mais la venue de Britten et de ses petits drapeaux indique le début de la course.

Je lui avais déjà fait comprendre qu'on n'avait plus besoin d'elle depuis que j'ai investi dans des feux de route, mais elle semble se moquer de mes ordres.

Je sais bien qu'elle fait simplement ça pour finir dans le lit d'un inconnu, surtout vu la taille de sa jupe qui laisse presque apparaître ses sous-vêtements. Cela dit, elle attire toujours de la clientèle, donc si ça peut nous arranger tous les deux.

Alors que je souris en la voyant me faire un clin d'œil, je sens le regard persistant de mon adversaire. Nous avions fait un pari avant de nous lancer dans cette course. Rien de très fou, de l'argent et quelques règles dont il n'était pas très convaincu pour l'attractivité des courses.

— Prêt à perdre ?

Un rire m'échappe, brisant l'effet de tension que je voulais installer. Tant pis, l'adrénaline sera bien présente lorsque nos jantes se frôleront sur des routes bien trop étroites.

C'est vrai que j'ai toujours aimé cette peur qui court dans mes veines, le ronronnement du moteur à chaque coup d'accélérateur. Un des seuls moments où mes émotions ne sont pas un foutoir, l'un des seuls moments où le ressenti de toutes ces émotions ne se traduit pas par une envie flagrante de mort imminente.

— Parle pour toi, Matt. Tu ne viendras pas pleurer si tu continues à t'endetter à force de parier, j'ajoute avant de reposer mon regard sur Britten qui agite les drapeaux noir et blanc pour attirer notre attention.