𝚄𝙽

1.4K 92 48
                                    

☂︎ La trahison ne vient jamais de tes ennemis.
Elle prend forme dans le coeur de tes proches. ☂︎

DAYNA
Aujourd'hui

Le plafond blanc est sous mes yeux et pourtant si éloigné. Les couloirs du lycée sont déserts, sans mortel à l'horizon et le bruit de la pluie martelant les innombrables vitres dont celles à quelques centimètres de mon corps m'apportent de l'apaisement. Dos contre l'escalier, la douleur ne m'arrache pas le moindre rictus ; j'y ai toujours découvert un indéniable réconfort.

La souffrance est ce que je chéris le plus sur Terre.

Elle prouve que je suis humaine.

Depuis ma tendre enfance, je trouvais un certain plaisir au sein du mal que je me procurais. Une jeunesse où le malheur n'avait pas sa place. Une période où tout était trop beau pour être vrai, et je crois que je me suis lassée de mes moments de bonheur.

Alors, j'ai confectionné la douleur dans mon esprit et depuis ce jour, je n'attends qu'une chose : qu'elle se matérialise sous mes yeux sans que je n'aie à tourmenter ma peau. Je suis persuadée qu'à force de m'abimer, les abysses ne m'atteindront plus.

Pour exemple, chaque matin, j'applique délibérément une crème inflammatoire sur mes plaies, détruisant mon épiderme à petit feu. L'instant où j'ai pris conscience du mal-être que cette pommade provoque, je l'ai vidé en moins de deux semaines par faute de mon utilisation exagérée.

J'ai une autre image à vous partager si celle ci-dessus n'est pas claire pour vous : maman et papa m'aiment, mais je les déçois et, pour mon plus grand malheur, ils n'hésitent pas à me le faire comprendre. Souvent, leurs sermons se déroulent à table. Ils prennent plaisir à me comparer à ma jumelle en deuxième année à l'université contrairement à leur idiote de fille, qui a, une fois de plus, redoublé sa terminale. Parfois, ces reproches viraient aux éclats ; des assiettes renversées, des cris qui effrayaient Adria et des larmes qui ruisselaient sur le visage de ma génitrice. Toutefois, la plupart du temps, ces querelles prenaient fin, d'une part, avec les rires de Janessa, l'enfant prodigue, et d'autre part, avec les pleurs mués en lames de Dayna, la honte de la famille. Moi.

Le problème étant que je ne suis pas satisfaite, je recherche encore la détresse ou la peur dans mes émotions. Tout le bonheur autour de moi est intense. Ce qui me donne l'impression qu'en moi, tout est vide.

Mes écouteurs vissés dans mes oreilles, je fredonne les paroles Still D.R.E de Dr. Dre et Snoop Dogg. La musique s'arrête soudainement avant de reprendre de plus belle, indiquant la venue d'une notification. Je libère de ma veste en cuir mon portable et un message de Kimberly m'annonce qu'elle est en chemin pour le lycée suivi d'une série de plaintes à mon égard dont le sujet est encore et à jamais ma fâcheuse tendance à chérir la solitude de pièce abandonnée, même si, techniquement, l'établissement que nous fréquentions n'est pas isolé, juste inoccupé à sept heures du matin.

La tête ailleurs, je n'ai pas la moindre idée de ce que je lui rétorque et passe sur la dernière conversation que j'ai eue avec mon petit-ami, toujours en compagnie de Snoop Dogg criant dans mes oreilles.

Deux jours ; c'est la durée depuis laquelle je n'ai plus eu de nouvelles de lui. Si ça continue comme ça, je finirai par croire les ragots que Janessa hurle à longueur de temps en se vantant presque de s'être confronté à un tueur.

Kimberly revient à la charge trente minutes plus tard, soit quinze minutes avant que le lycée ne commence à se remplir de monde. C'est à cet instant que j'agrippe la lanière de mon sac que je pose sur mon épaule. Mon dos est étourdi, douloureux. Je ne prends pas la peine de m'étirer, souhaitant souffrir ne serait-ce qu'un peu plus.

SORROW HEARTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant