Chapitre 30

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Je suis réveillée par le ronronnement de la voiture. J'ouvre péniblement les yeux, et je suis accueillie en douceur par Cristina, qui me caresse les cheveux.

Il me faut bien cinq minutes avant de retrouver complètement mes esprits, et me rappeler tout ce qu'il s'est passé.

Le cartel. Les explosions, le feu, les morts, les cris.

Ces cris stridents qui m'ont brisé le cœur. Peut-être qu'ils ne méritaient pas ça. Peut-être qu'ils avaient une famille derrière.

Nous avons probablement détruits la vie de plusieurs personnes. Et nous sommes censés vivre avec ça sur la conscience ? C'est impossible.

Toute ma vie, je me rappellerai tous ces gens qui sont morts sous mes mains, tous ces gens qui ont fait des fautes sans savoir les conséquences derrière.

Je secoue ma tête pour chasser ces images de mon esprit. Je veux les oublier à tout jamais. J'avais beau être à semi-consciente, j'ai pu tout voir.

Je n'aurais jamais voulu voir.

Me levant petit à petit, je me tourne brusquement vers ma droite puis vers ma gauche pour vérifier la présence d'Aedan.

L'incompréhension dans les yeux de Victoria me confirme qu'il n'est pas là. Il doit être dans une autre voiture. Je me recouche, dépitée.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Pourquoi je le recherche sans cesse ? Pourquoi je panique dès qu'il n'est pas près de moi ? Pourquoi j'imagine toujours le pire des scénarios ?

Il m'a annoncé être philophobe. Donc très clairement, avoir peur de tomber amoureux. Il a peur de tomber amoureux de moi, mais il ne cesse de me coller et de prendre soin de moi ?

Je me masse les tempes, tellement mon cerveau est en surchauffe. J'aimerais bien arrêter de penser quelques fois. Mais c'est impossible. Je suis une personne qui réfléchit trop à tout, qui imagine toujours comment les situations vont se passer.

Comment peut-il même ressentir quelque chose envers moi ? Je n'ai rien de spécial, et je n'arrive clairement pas aux chevilles d'Esther.

Cristina, percevant ma peine, enroule son bras autour de mes épaules pour me ramener contre elle. Je blottis ma tête contre sa poitrine, et expire un bon coup.

Heureusement que j'ai ces filles avec moi. Je pense que j'ai dû leur dire un nombre incalculable de fois depuis que je suis là, mais elles m'aident réellement au quotidien, et proposent toujours des solutions à tout.

Elles sont peut-être juste peinées que je doive vivre dans un cartel, alors que ce n'était pas mon but dans la vie, et que l'on m'y a contrainte ? Ça pourrait se tenir.

La voiture qui s'arrête m'indique que nous sommes arrivées à notre hôtel. Je presse Cristina pour qu'elle sorte rapidement.

Une fois dehors, je cherche du regard où pourrait bien être Aedan. Et en le trouvant, je remarque qu'il me regardait déjà, avec un petit sourire en coin, qui me fait perdre la tête.

Maintenant que je suis face à lui et heureuse de le retrouver, je n'ose même pas aller vers lui pour réclamer le câlin et les paroles tendres que je meure d'envie d'avoir.

Non, au lieu de cela, je reste figée sur place, me contentant de l'observer. C'est lui le premier qui rompt notre contact, avec l'appel d'Hadès qui appelle à l'aide pour vider les coffres.

Je rejoins alors les filles dans notre chambre, pour faire rapidement nos bagages.

Il est quatres heures trente du matin. Je ne pensais pas que nous prendrions autant de temps, et je n'ai pas vraiment vu le temps passé.

Aedan Où les histoires vivent. Découvrez maintenant