Chapitre 40

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Un bruit sourd me tire de mon sommeil inconfortable.

Mes yeux s'ouvrent difficilement et la première chose qui me frappe est ce mal de crâne. Il est si puissant que je n'ai pas la force de relever les yeux vers l'origine du bruit.

Le hurlement d'une voix que je ne connais que trop bien me sort de ma léthargie, et j'arrive à me redresser sur mes coudes.

Mes yeux clignent plusieurs fois d'affilés, dans le but de me réveiller et de mieux percevoir ce qu'il se passe et mon environnement.

La seule chose que je remarque, c'est Victoria qui est complètement en sang. Mon cœur fait un bond dangereux dans ma cage thoracique, et je reste figée.

— Victoria, murmuré-je, au bord des larmes.

Elle tourne sa tête vers moi, et fond de nouveau en larmes. Elle n'est pas attachée, mais semble en piteux état. Ses cheveux sont gras, mêlés à du sang, certainement le sien. Ses mains sont recouvertes de plaies, qu'il laisse penser qu'elle s'est battue.

Tous ses vêtements sont déchirés, ne lui laissant plus beaucoup de tissu sur le corps, seulement là où il en faut. Tout le reste est écorché, ce qui me détruit.

— Tu n'as rien ? me souffle-t-elle.

Je regarde lentement mon corps, mes mains, me passent les doigts dans mes cheveux pour sentir quelque chose, mais rien. Ils n'ont pas l'air de m'avoir touchés.

— Que s'est-il passé ?

Je me rapproche tout doucement d'elle, à quatre pattes, complètement éberluée de cette situation. Ces mecs sont vraiment des enfoirés de première.

Nous voilà de nouveau dans une cellule. Enfin plutôt, me revoilà. J'ai l'impression de n'avoir fait que ça. Être enfermée dans une cellule est devenu mon quotidien. Et cela ne m'apporte aucun plaisir.

Elle est beaucoup plus petite que celle chez Aedan. Elle doit à peine faire dix mètres carrés, et il n'y a rien dans celle-ci. Pas de toilettes, de matelas. Seulement du béton sur lequel dormir.

L'humidité de la pièce est bien trop présente à mon goût. Il fait très chaud, et quelques gouttes de sang tombent du plafond.

Mes mains continuent à trembler au fur et à mesure que je me rapproche de Victoria. Mon amie a dû être terrifiée, et pourtant, elle est encore là, à se préoccuper d'abord de ma personne.

— Tu dormais, explique-t-elle en crachant du sang. Ils sont arrivés à cinq avec Felipe, et ont commencé à me battre. Au début, ils voulaient le faire sur toi, mais j'ai pris à ta place.

Sa révélation brise un peu plus mon cœur. Elle a souffert à ma place. C'est moi qui devrais être dans son état, pas elle.

Elle me fait un mini sourire, en essayant de se mettre en tailleur, chose qu'elle arrive avec beaucoup de gémissements.

Ses plaies sont vraiment encore plus horribles que je ne l'imaginais. Ses jambes sont ouvertes profondément, et ses doigts sont lacérés.

— Pourquoi tu as fait ça ? deploré-je.

— Ne le prends pas mal, Nayeli. Mais s'ils avaient fait ça sur toi, tu n'aurais pas survécu.

La réalité me frappe en plein visage. Elle a totalement raison. Jamais je n'aurais été capable de supporter toutes ces blessures, étant donné que je n'y suis pas habituée.

Cela ne donne pas raison au fait qu'elle s'est prise tous ses coups pour moi, mais elle, au moins, est encore en vie. Et si nous arrivons à sortir d'ici, avec un peu soins, elle pourra complètement s'en sortir.

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