Chapitre 3

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Point de vue : Alec.

Son visage est en colère, mais même comme ça je le trouve toujours aussi magnifique. La dernière fois que nous nous sommes vu ses cheveux n'étaient pas aussi courts, ils étaient plus épais et bouclés mais maintenant tout est plus fin et raide. Pourquoi diable cette époque refuse de garder de la longueur aux cheveux ? Encore un stupide stéréotype de ce siècle, les gens étaient moins simple d'esprit à mon époque.

Quant à cet humain, je ne préfère même pas y penser, ce terrer dans une relation aussi banale n'est pas digne d'Helios, le pauvre devait vraiment manquer de passion. Mais maintenant je suis là, bien que j'aurais préféré que ce soit pour une autre raison. Contrairement à moi il ne semble pas heureux de nos retrouvailles ce que je peux comprendre, après tout je lui ai mené la vie dure.

  - On est arrivés.

À peine mes mots sont-ils prononcés qu'il descend directement, me fuyant comme la peste. Ce petit jeu risque fort de me plaire. Je descends à mon tour et prends une de mes valises avant de le guider vers un appartement assez loin de tout, choisis spécialement pour ça. Celui-ci est assez petit et discret, largement suffisant pour nous deux. Je l'aide ensuite à poser ses affaires dans l'entrée puis ferme la porte derrière nous une fois fait.

  - Où est ma chambre ?
  - Oh je te l'ai pas dit ? Il n'y en a qu'une, on va devoir dormir ensemble.

Dis-je d'un ton un peu plus sensuel au creux de son oreille, il se retourne en me poussant brutalement me faisant presque toucher le mur. Son visage ne plaisante pas du tout et semble partagé entre la colère et le dégoût.

  - Pardon ?! Tu te fous de moi ?!
  - Honnêtement ? Oui, je plaisantais, ta chambre est au fond à côté de la salle de bain.

Il marmonne en agrippant sa valise et je ne peux m'empêcher de sourire face à son air énervé. Même si je suis heureux de le voir, je déteste cette distance qu'il met entre nous. J'ai l'impression qu'il a bâti un mur de plusieurs couches et de plusieurs mètres pour m'empêcher de l'atteindre. Mais je suis coriace, je le franchirai. Pour le moment je le laisse s'installer et vient m'occuper de mes affaires dans ma chambre non loin de la sienne. Par l'encadrement de la porte je le surveille en train de s'installer. Son air maussade plomberait n'importe quelle ambiance, à croire que c'est une torture d'être sous le même toit que moi. Je m'avance vers lui et toque à la porte doucement.

  - Mmh ?
  - Je vais faire quelques courses, tu as des envies particulières ?
  - Tu parles de quel genre de courses ? Nan parce que je m'attends à tout avec toi.

Je souris faiblement à sa réponse.

  - Des courses normales, je te le promets.
  - Alors non ça va je n'ai pas d'envies.
  - D'accord, je te laisse t'installer.

Il hoche la tête en évitant toujours mon regard, arrêtes de m'ignorer, regardes moi, parles moi. Je ne vais pas supporter longtemps cette situation.

Je sors ensuite en l'enfermant pour être sûr qu'il ne lui arrive rien, ou qu'il ne tente pas de s'enfuir. Puis je pars quelques minutes avant de revenir avec des aliments. Je me suis servi de mes souvenirs pour essayer de lui prendre ce qu'il aime mais celà remonte à si longtemps que j'ai sûrement fait des erreurs. Une fois rentré j'installe tout avant d'aller dans sa chambre, il est allongé dans son lit, profitant sûrement de mon absence pour dormir tranquille. Comme si j'étais capable de lui faire le moindre mal.

Quoique, je comprends sa réaction, je ne peux pas lui en vouloir. Je lâche un soupire et termine d'installer mes affaires. Il va falloir tenir plusieurs jours ainsi en attendant que mon contact termine nos faux papiers. Après ça on partira enfin de ce pays que je n'ai jamais porté dans mon cœur. Même si l'Angleterre, mon pays natal, n'est pas parfait. Je me demande pourquoi Helios reste autant attaché à cette France qui ne lui a rien apporté de bon. Soudain, mon portable retentit et je me presse pour répondre tout en sortant de la chambre afin que la sonnerie ne réveille pas Helios.

  - Yes ?
  - C'est moi, les papiers seront prêts pour demain.
  - Magnifique, et la location ?
  - Elle vous attend, tout est arrangé, les billets d'avion seront prêts également.
  - Tu es géniale, à demain dans ce cas.
  - A demain Alec.

Je raccroche en souriant, ce n'est pas agréable à dire, mais cette vie m'avait manquée. Avoir Helios à mes côtés, c'est ce qui me fallait pour combler le vide qu'il a laissé en partant. Je sais que pour le moment il n'est pas là par plaisir, mais j'ai espoir que cela change avec le temps. Après tout, nous sommes condamnés à rester ensemble encore un bout de temps.

Je reviens ensuite dans sa chambre et m'assois le plus discrètement possible sur le bord de son lit, le regardant dormir. Malgré les années, il a toujours cette même expression lorsqu'il dort profondément. Je viens m'allonger à ses côtés face à lui tout en gardant une distance entre nos deux corps.

Ah…Helios…si tu savais à quel point tu m'avais manqué, même ton air en colère ne suffira pas à me faire perdre la joie de te retrouver. Je suis conscient de mes actes d'autrefois et les années passées loin de toi pendant que tu vivais une vie avec un autre m'ont servi de leçon.

Je tends ma main vers son visage dans le but de caresser sa joue mais je me ravise à la dernière minute, j'attendrai qu'il soit prêt, qu'il me demande de lui-même, car je sais que ce jour arrivera. C'est un peu comme si nous revivions notre rencontre après tout, s’il a pu m'apprécier une fois il peut bien recommencer. Du moins je l'espère.

Pour l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant