Chapitre 33

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Point de vue: Alec.

Je m'assois un instant au bord de mon lit et commence à trier mes affaires qui étaient restées dans un carton le temps de nos déplacements. Je n'emporte pas grand chose d'habitude mais celui-ci est assez important à mes yeux pour que je le garde auprès de moi. Je commence donc par l'ouvrir et regarde en détail les photos et portraits en peinture qui s'y trouvent. Je me mets à trier en mettant de côté celles à jeter et celles à garder. Helios passe devant ma porte et entre ensuite pour se mettre à mes côtés.

  - Tu fais quoi ?
  - Je trie quelques affaires, j'ai tendance à accumuler trop de trucs.
  - Je peux regarder ?
  - Bien sûr.

Il se met à observer les différentes photos que j'ai pu prendre durant mes voyages, il les contemple avec attention ce qui me fait sourire.

  - Tu peux les garder si tu veux, ou je peux te faire voir ces paysages en direct quand je te ferai faire le tour du monde.
  - Ne dis pas n'importe quoi, mais je veux bien garder celle-là elle est vraiment belle.

Il me pointe une photo du japon où j'avais réussi à prendre tout un village sous les pétales de cerisiers tombants. Je hoche la tête en le laissant faire, continuant de trier dans mon coin. Il regarde avec moi les photos et se met à rire en voyant certains portraits peints.

  - Je me souviens quand tu portais ça, et dire que c'était stylé à l'époque c'est vraiment ringard.
  - Eh c'est de la haute couture ! Ces habits étaient très enviés avant.
  - Je me demande bien pourquoi.

Je marmonne faiblement ce qui continue de le faire rire, à mon tour je trouve une photo de lui et lui montre en souriant.

  - Tu vois ça c'était la classe, tes cheveux longs coiffés comme ça c'était mieux.
  - Donne-moi ça !

Il essaie de me prendre la photo des mains ce qui me déclenche un léger rire.

  - Quoi ? T'avais la classe !
  - Oh nan la honte et dire qu'on était tous coiffés comme ça.
  - Je préférais ça à maintenant, de nos jours les cheveux longs sont identifiés comme féminin c'est d'un ridicule.
  - C'est vrai que pour les gens comme nous c'est assez ironique de voir qu'avec le temps certaines choses s'inversent comme les codes genrés.

Je hoche simplement la tête en reposant la photo ensuite. Je ne suis pas sûr que de replonger dans nos souvenirs soit une bonne idée mais je suis bien obligé de faire ce tri.

  - C'est quoi ça...?

Je me tourne vers Helios qui tenait dans ses mains un tas de lettres que j'avais écrit lui étant destinées, mais n'ayant jamais été envoyées. Lorsque j'en prends conscience, je viens directement agripper les lettres pour les cacher.

  - C'est rien.
  - Alec ! Rends-moi ça ! Y'a mon nom écrit dessus !
  - C'est pas du courrier volé, t'as pas besoin de voir ça.

Il essaie de me prendre les lettres des mains mais comparé à plus tôt cette fois ce n'est pas un jeu, je ne veux pas que Helios voit ces écrits rédigés lorsque le manque et la solitude était trop durs à supporter pour moi. Même si certaines pourraient me faire pardonner il n'a sûrement pas besoin de voir ça, cela le ferait souffrir inutilement. Je finis par gagner et me lève pour aller cacher les lettres mais Helios me suit.

  - Attends ! Tu m'as écris ?! Mais pourquoi ?! Pourquoi tu n'as jamais envoyé ces lettres ?
  - Tu les aurais ouvertes au moins ? Vu comment on s'est quitté, je suis sûr que non.
  - Il y a mon nom dessus c'est à moi qu'elles reviennent ! Alec donne les moi je veux les lire !
  - J'ai dit non Helios !

Il fait un barrage avec son corps devant moi mais je reste campé sur ma position.

  - Alec...Je veux savoir ce que tu me dis dans ces lettres, surtout si c'est venu après notre séparation.
  - Pourquoi faire ? Je te dis juste que je suis mal sans toi, que je veux que tu reviennes. Voilà c'est tout.
  - Autant de lettres pour me dire que ca ? Tu mens.
  - Et bien je radotais, j'étais sûrement saoul, je sais pas. Ça t'apporterait rien de les lire.

Nous sommes interrompus par la sonnette récemment installée de la porte d'entrée, il tourne la tête vers celle-ci avant de se tourner vers moi.

  - Toi tu ne bouges pas d'ici on n’en a pas fini.
  - Tu es soudainement autoritaire.

Il marmonne faiblement et va ouvrir la porte tandis que je retourne dans ma chambre pour cacher les lettres. Il n'a pas besoin de savoir, il m'en voudrait peut être même encore plus. Je finis par retourner m'asseoir en terminant de fouiller et de trier le carton, Helios s'occupant des courses qui venaient d'arriver. Au cours de ma tâche je tombe sur une illustration de nous, avant que tout ne dérape. Sur celle-ci nous semblons heureux, amoureux. Rien n'avait l'air de pouvoir nous séparer. Et pourtant voilà ce qu'on est devenu. Au final c'est peut être mieux si on ne recommence pas, je l'ai tellement fait souffrir par le passé que reprendre une relation amoureuse ne serait pas une bonne idée. Je continuerai sûrement de lui faire mal car je suis incapable de changer. Cette pensée me serre le cœur et je viens ranger la photo dans une doublure de ma veste avant d'aller jeter celles qui n'étaient pas importantes. Je profite qu’Helios soit occupé pour retourner dans ma chambre et rester tranquille. Oui, c'est sûrement préférable qu'on ne recommence pas lui et moi, je devrais arrêter d'espérer ou même l'habituer à être tout seul ailleurs. Déjà que je le mets en danger, c'est sûrement la meilleure chose à faire. Veiller à ce qu’Helios ne veuille pas me redonner une chance.


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