Chapitre 28

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Point de vue : Helios.

Je me suis retrouvé là, immobile. Sans savoir quoi lui répondre ou quoi faire. Même lorsqu'il m'a saisit les mains en me plaquant contre le mur je n'ai pas su sortir un seul mot de ma bouche. J'ai une curieuse impression de déjà vu

Je sais qu’Alec n'est pas bon pour moi, même pas du tout. Il est arrogant, manipulateur, menteur et encore bien d'autres. Alors pourquoi je ne peux m'empêcher de ressentir ça avec lui... Mon cœur palpite lorsqu'il me regarde, me touche, me parle. J'ai une boule au ventre quand j'ai l'impression qu’il lui est arrivé malheur, qu'il m'a laissé ou autre. Je sais que c'est mal mais alors pourquoi mon corps me fait subir ça ! Je me retrouve maintenant sans pouvoir lui avouer, de peur qu'il soit satisfait en ayant eu ce qu'il voulait. Je reste donc silencieux, pendant tout le trajet jusqu'à notre nouvelle demeure. Alec a pris tout ce qu'il fallait pour que nous puissions dormir avec un peu plus de confort en attendant que le chauffage et l'eau chaude se mettent en marche. Je viens l'aider en commençant à décharger la voiture de toutes nos affaires, mettant ses bagages dans sa chambre et les miennes dans celle qui m'est destinée. La décoration n'est pas vraiment à mon goût mais une fois que tout sera refait ça devrait aller mieux. Je m'occupe de retirer les draps qui couvraient les quelques meubles restant dans la maison et tousse légèrement à la poussière qui s'infiltre dans mes voies respiratoires.

  - Ça va ?

Je me tourne vers Alec qui me regarde et je hoche la tête.

  - Oui oui ce n'est rien.
  - J'ai un truc pour toi.

Il me tend un nouveau portable et je le regarde sans comprendre.

  - C'est mieux qu'on change tout les deux de carte et de portable au cas où.
  - Oh d'accord
  - J'ai déjà mis mon numéro dans celui là mais tu peux ajouter ceux que tu veux.

Je hoche la tête en regardant l'écran un moment.

- Merci...

Il sourit faiblement puis sort de la pièce pour commencer à ranger la maison je suppose. Je me pose un moment contre le mur en installant ce qu'il fallait sur le téléphone. Par curiosité, je commence à chercher le compte de Justin, mon ex petit ami, sur les réseaux sociaux. Je le trouve assez rapidement et remarque qu'il a refait sa vie avec quelqu'un d'autre. Bizarrement, ça me rassure. J'ai l'impression de moins culpabiliser de le savoir heureux ainsi. Je finis par reprendre la motivation et commence à faire le ménage dans ma chambre, installant un lit gonflable en attendant les meubles qui devraient arriver dans pas longtemps. Je m'occupe ensuite de rejoindre le salon pour commencer à tout organiser, installant ce qu'il nous fallait pour avoir le confort minimum.

Soudainement, un bruit vient m'interrompre. Une mélodie douce et aiguë résonne contre les murs de la maison. Je redresse la tête pour suivre le bruit qui semble venir de l'étage. Voulant en entendre plus, je commence donc à monter les marches pour écouter de mieux en mieux les notes. Je me pose ensuite dans l'encadrement de la porte d'Alec, il jouait minutieusement du violon avec les yeux fermés. Il est doué, il l'a toujours été. Cela faisait des années que je ne l'avais pas entendu jouer et pourtant c'est toujours aussi plaisant. Son visage semble se perdre dans la musique, les yeux fermés et son oreille collée à l'instrument. Cette vision me rappelle des souvenirs qui me font légèrement rougir, je me souviens de la première fois que je l'ai écouté ainsi.

Je reste un moment sans bouger et silencieux, profitant simplement du moment présent et de sa mélodie. Il termine ensuite et ouvre les yeux, ceux-ci me regardant directement.

  - C'est toujours aussi beau.
  - Merci...

Un léger silence s'installe et je me racle la gorge pour essayer de le faire passer.

  - Je voulais pas t'interrompre, je vais aller nettoyer un peu en bas
  - Ça ne me dérange pas que tu sois là.
  - Il faut bien que je travaille un peu, cette maison ne se fera pas toute seule.
  - Helios...tu n'as pas à faire ça, tu es ici chez toi, tu n'es pas mon serviteur.

Ses mots résonnent en moi un moment, cette fois c'est moi qui fait en sorte que ca recommence comme avant et je ne m'en rends compte que maintenant.

  - C'est juste...je suis maniaque, mauvaise habitude.
  - Alors je viens avec toi.

Je n'ai pas l'habitude de voir Alec nettoyer quoi que ce soit, ça me fait bizarre mais je ne refuse pas, bien au contraire. Nous commençons donc à nettoyer de fond en comble les pièces, en passant même par le désherbage du jardin derrière la maison. À deux, les tâches se font beaucoup plus vite et la journée passe même plus rapidement. Nous nous retrouvons donc à nous asseoir dans le salon dans de petites chaises en bois autour d'une lampe à bougie lorsque la nuit commence à tomber.

  - C'est assez glauque cette ambiance. On aurait pu faire un feu.

Dis-je en me couvrant d'une couverture.

  - Je préfère qu'on fasse vérifier la cheminée avant, je n'aimerai pas que cette maison prenne feu.
  - Je comprends.

Le silence refait son règne et commence à peser lourd, en plus de la tranquillité autour de nous tout ça m'angoisse. Je n'entends même pas une seule bête dans les murs, pas de voitures dehors, rien.

  - Ça te dérangerais de...jouer encore un peu ?

Il tourne la tête vers moi et me sourit doucement avant de se lever de sa chaise, saisissant son violon pour commencer à jouer. Je ne connais que trop bien cette chanson, ces notes. Les rougeurs me reviennent aux joues mais je ne fais que le regarder, son visage si paisible et souriant sûrement se remémorant les mêmes souvenirs que moi. Je reste là, silencieux et admiratif. Le cœur chauffant et palpitant à cette vue.

Pour l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant