XXXII. Pauvre Quillotta, Du Trône Qui L'Ôta ?

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Dans la vie, à quoi bon marcher à reculons ? C'était l'avenir qui nous attendait, le passé lui, nous avait déjà fait faux bond.
Lenora avançait, l'air décidée, l'œil fatigué, mais pas question de se reposer. Une croix si lourde à porter, de toute manière selon elle, elle n'avait nulle part où aller.
Il était évident que la jeune femme arrivait à la fin de son espoir et son énergie, en atteignait les confins, mais la jeune femme préférait se répéter qu'elle n'avait nul endroit et nul temps pour se poser et souffler; elle avait encore tant à effectuer. Et pourtant Lenora avait tort car de fait, tout le monde avait besoin d'un refuge, d'un abri, qu'on y soit seul ou en présence amie. Se mentir à elle-même à ce sujet n'était point bonne idée, car si tel le cas était, pourquoi alors même qu'ils pouvaient voler, symbole ultime de liberté, les oiseaux eux aussi faisaient des nids ? Hélas elle n'avait pas non plus le temps pour des réflexions en énigmes.
Son étincelle, avait-elle éteint celle qui lui donnait cette envie d'avancer et de vaincre ? La jeune femme ignorait et condamnait, celait aux autres ses moments de faiblesse et s'en départait, les évinçait. Soldate devrait peut-être finir par écouter ce que son corps avait à communiquer, lui qui depuis quelque temps se mettait à geindre. Tout n'était qu'une boucle ou un cycle et les mêmes choses se répétaient, c'est ainsi que Lenora fut incitée à retourner à l'endroit où elle l'avait rencontrée.
Suivant le cours de la rivière au pied du château, la jeune femme retourna là où elle était tombée plus tôt. Le bruit du cours d'eau tranquille et délicat la berçait, véritable moment de tranquillité qui pour elle s'exerçait.
Dans la boue légèrement s'enfonçaient ses pas, une nuit d'une telle ampleur, en se levant elle n'aurait jamais soupçonné ça. Après avoir maintes fois frôlé la mort, et fait face à la peur, jeune femme espérait également que c'était ce soir que cela s'arrêterait, n'attendait maintenant que son dernier combat. Mais finalement quand arriverait le moment venu, vaincre, est-ce qu'elle se le permettrait ?
Lenora passa une barrière en fer forgé, sentant se nouer sa gorge et ses yeux de larmes se gorger, ce stress intense qui la prenait, cette boule au ventre qui la serrait, ce tournis qui ses pensées lacérait, cette impression de ralenti, mal être comme un tournis, tout cela se produisait rien qu'à l'idée de confronter celle qu'elle cherchait. Tous les signes aussi malgré elle indiquaient, un état de fatigue difficile à ignorer.
Le paysage avait changé, auparavant monceaux de cadavres entassés dans la boue, dans la vase, maintenant fleurs dans tous coins plantées, magnifique jardin si tant il en était, si évidemment on oubliait ce qui sous terre reposait. La soldate repensait à ses discours, ses emphases, tout cela, toute cette réflexion se coupa en un son.
Un bruit de pelle, en cette nuit loin d'être belle, elle la vit finalement celle qu'elle cherchait éminemment. Fossoyeuse affairée, creuser des trous pour seule activité, paraissait joyeuse même si l'esprit lacéré, sa propre vie en guise de captivité.
Lenora qui la voyait agir, ne tarda pas à découvrir ce qu'elle faisait :

Elle plantait, non pas sans haine, des chrysanthèmes, centaines de cris sans thèmes qu'elle poussait, elle et sa folie qui l'emmenait sans peine, joie et tristesse dans sa tête se mêlaient en vaines crises, quand même, ses pleurs et ses rires s'entrelaçaient en babillages inaudibles et abscons dont même le sens semblait infécond.
Sous le pied pourtant timide de la petite soldate qui lentement avançait, une branche craqua, la mystérieuse femme au rictus incomplet, de creuser cessa.

—Ma mie vous ici ? Quel plaisir de vous voir venir à moi !

La soldate peina à lui rendre son sourire mais demeurait aux abois, ce n'était point pour discutailler mais pour la confronter qu'elle était là.

—Je suis navrée Colwynn mais vous m'avez menti, et ce fait, j'en suis anéantie.

Les yeux noirs et malicieux de la fossoyeuse firent un tour complet tandis que ses sourcils acérés dansaient, vibraient et tremblaient. Sa bonne humeur commençait à vaciller, son sourire figé restait comme pour son malaise maquiller.
Cela lui donnait un air qui fit froid dans le dos, la soldate lui dit à demi-mots :

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