Lenora avançait, faisait chemin remontant le tombeau, quand un picotement gênant la lança dans l'épaule. Les flammes semblaient encore gagner du terrain, du temps elle se rendait compte chaque fois qu'elle en avait moins.
Bêtement elle regardait ses mains, impuissante face à leur progression, elle voyait ses tremblements en action, puissante angoisse et effroi dépeint.
Tout cela transparaissait sur son visage, bien plus qu'elle ne voulait l'admettre, pourtant il n'était pas difficile d'essayer de l'omettre, personne à la ronde pour déceler son malaise, mais flammes demeuraient et empêchaient la vie de lui promettre une perspective d'avenir, qui dans son esprit ne semblait plus transparaître, Jeune femme n'avait tellement plus la patience pour toutes ces fadaises mais elle n'avait pour autant pas le moral au bord de la falaise.
Sa vie était en jeu et certes elle avait peur mais elle résistait et refusait de se soumettre au malheur, renoncerait à l'idée de s'apitoyer sur son sort jusqu'à sa dernière heure.C'est alors que soudain ses mains tout bonnement vinrent à scintiller comme étoiles dans ciel noir, elle constatait en silence, sans peur et sans geindre, son corps devenir transparent puis s'effacer, était-ce la fin des déboires ?
Hélas ce n'était pas le ciel qui venait à la rappeler mais Letta qui l'amena à elle, encore paniquée, son habituel sourire si radieux avait disparu et était remplacé par ses yeux inquiets et apeurés, ils étaient si expressifs et animés malgré le fait qu'elle ne voyait pas la moindre couleur, le moindre trait.
Lenora la vit agenouillée, près de Symphonia blessée, son sang encore récemment sur le sol se répandait...
Lenora les yeux écarquillés, observant avec stupeur la pauvre princesse ensanglantée, en oubliait presque ces picotements pourtant proéminents là à la titiller, portant du genre qui ferait n'importe qui vriller, elle ne faisait pas semblant, elle était paniquée :— Mon dieu mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda la soldate effarée.
—C'est le vagabond... Soudainement il l'a attaquée, Sire Conway est en haut mais je pense qu'il faut l'aider. Répondit Letta les yeux embués, larmes en nuées, voix déchirée par la peur qui ne faisait qu'empirer.
La pauvre Symphonia blessée avait perdu connaissance, la musicienne essayait de limiter l'écoulement, sans la moindre aisance, il s'en était vraiment pris à une jeune fille sans défense, cet assaut, quel en était le sens ?
Lenora commença à monter l'escalier, décidée à aider son ami, le secourir, n'aimait pas l'idée que le moindre risque il puisse courir, leur hôte accueillant était-il devenu brusquement devenu fou à lier. L'ascension de la jeune femme se fit stopper, elle ne savait pas vraiment où aller, l'architecture de l'endroit, ce beffroi, n'étant pas facile à analyser, un mur devant elle dressée, par où diable s'étaient ils pressés ?
La jeune femme remarqua les engrenages et leur course effrénée, enjamba la rambarde et sauta sur l'un d'eux, habituée maintenant aux choix périlleux et manœuvres séditieuses.
Son objectif ? Le clocher du beffroi sans attendre, essayant de garder l'équilibre sur ces plaques tournantes, montait et s'agrippait du mieux qu'elle le pouvait, elle gravissait les rouages un par un prenant son temps, car leurs course, leurs tours incessants lui donnaient envie de vomir, perdant son équilibre à cause des rotations. Elle attendit un peu, regardant un point au loin avant de s'élancer au bon moment pour se rattraper au balancier, elle monta dessus et s'en servit pour avancer, devenue équilibriste, c'était sur un véritable fil entre vie et mort qu'elle marchait.
Dans cette ascension, plusieurs fois elle manqua de tomber, elle sauta sur une corniche non loin, se trouvant derrière la vitre du cadran enfin, brisa la vitre afin de la traverser, avant de se rendre compte que les aiguilles étaient bloquées.
Fort heureusement le beffroi affichait minuit, cela lui permettait de les escalader jusqu'en haut, mais en commençant lui vint cette pensée qui lui nuisit : Est-ce que le temps était stoppé depuis l'explosion qu'elle et Damian entendirent sur le balcon ? Alors n'y avait-il vraiment aucune fin à cette nuit ?
Le temps s'était-il vraiment arrêté pour elle, pour les humains, les siens, ses amis ?
Redoublant d'effort tant-il y avait à parcourir, le beffroi était dantesque, c'étaient des dizaines de mètres qu'elle eut à gravir.
Arrivant finalement en haut, à bout de forces elle put commencer à entendre vagues bruits d'épées s'entrechoquer.
Elle n'était pas en retard pour aider et sûrement ne fallait-il pas traîner, mais la pauvre après cette dure montée dû prendre un temps pour souffler.
Ce n'était pas tous les jours qu'elle se prenait à escalader, des bâtiments immensément grands, quasiment sûre que si elle devait le refaire dans l'instant, elle ne le pourrait aisément, voire échouerait sûrement.
Étant montée sans aucune conscience du danger, uniquement à la force des sentiments qu'elle ressentait à l'égard de son bon ami Denton Conway.
Elle enjamba une corniche et brisa un morceau de verre, voyant enfin la fin de cet enfer de rouages, balanciers, engrenages cadencés, minutieusement agencés mais pas pensés pour être escaladés.
Jeune soldate paraissant si frêle et innocente, rose claire et blanche telle galatée, mais malgré cette apparence, le mental en effervescence, gagnant chaque combat, les prenant comme des danses, repoussant ses limites chaque fois que pour elle tourne la chance, entre son air et son incongrue persévérance, rose blanche quelle dissonance !
Juger un livre à une couverture, se munir d'aprioris, œillères condamnaient à perdre l'envergure, c'était mettre l'espoir et les attentes au pilori.
Il ne fallait pas s'étonner de ne rien recevoir lorsque l'on attendait rien.
Un cri perça le silence alors que Lenora à bout de souffle gravissait les dernières marches de la tour, une voix qu'elle reconnut. C'était Denton, elle accourut.
Son ami était là, sous la grande cloche du beffroi, au sol souffrant, de sang recouvrant, face au vagabond qui avançait dans sa direction.
Elle se rua sur lui, il para et elle le repoussa.
Denton pourtant sans souffle cria :
—Non Lenora ! Ne me défend pas, je refuse que tu meures pour moi !
Elle l'ignora.
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Our Last Light
Ficción GeneralAujourd'hui, c'était un grand jour pour Lenora. La jeune fille d'horloger, bien que des bas quartiers, allait finalement être nommée au service du roi. Ce soir là elle se rendait à une cérémonie au grand château de la capitale. Devenir garde royal...