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Moi : je peux descendre ouuu ?

Sans me répondre il m'a assise sur mon fauteuil roulant puis il m'a mis mes chaussures, il prit mes affaires et me poussa dans tout l'hôpital jusqu'à sa voiture.
C'était un peu long mais après m'avoir installée dans la voiture et plier mon fauteuil on s'est dirigé vers la maison.

Moi : j'ai l'impression d'être un boulet

Driss : t'as une bonne impression tiens

Moi : tsship

Driss : bon là je te parle sérieux mais commence même pas à vouloir faire la gamine

Moi : parles

Driss : t'as vu là ta famille ils sont grave dans le mal, pour toi ça fait que 3 mois que tu vis avec mais eux là ca fait 5 mois et en plus de ça eux depuis que ta mère est morte ils se sentent coupables de t'avoir abandonné alors que toi t'as pu les oublier tu vois

Moi : les oublier tu dis ? Ok j'ai peut être oublier à quoi ils ressemblaient mais j'ai jamais pu oublier qu'il existait un gentil petit monde qui vivait tranquillement pendant que je souffrais.
Fin non je reconnais qu'ils ont pu souffrir moralement de tout ça mais je doute que c'était un peu comparable à ce que je ressentais moi étant donné que cette souffrance les a pas pousser à venir me chercher. Et je te parle même pas de la souffrance physique qu'ils auraient pu m'éviter alors ok je compte faire des efforts t'inquiète même pas pour ça mais ce que tu viens de me sortir c'est absolument pas un argument au contraire

Driss : t'es toujours obligé de tout mal prendre comme ça ?

Moi : mais tu t'entend parler ? De toi à moi tu serai à ma place tu réagirait comment ? Te connaissant t'aurai même pas pris la peine de les voir. Et souviens toi bien que ce qui m'a poussée à rester avec eux c'est la peur de finir par me faire violer un de ces jours

Driss : mais tu t'entend parler ? Tu vis avec eux juste par un intérêt

Moi : je te donne juste la raison qui m'a poussée à vivre avec eux et puis même si je trouve ça agréable de nos jours bah je peux pas encore les pardonner. A t'entendre je dois faire comme si rien ne s'était passée

Driss : à ta place j'aurai profiter d'une nouvelle chance que la vie m'offre et j'aurai arrêter de faire le difficile

Moi : bah t'es pas à ma place alors me casse pas les couilles

Driss : t'es vraiment une gamine

Moi : et toi t'es vraiment chiant

Driss : y'a pas à tout prendre mal comme ça, je dit tout ça pour toi moi

Moi : bah abstiens toi ça vaut mieux

Driss : vas-y toi

On a longtemps poursuivi dans le silence, le trajet me paraissait interminable

Moi : eh Driss

Driss : tu veux quoi ?

Moi : toujours dans la violence celui là

Driss : parles

Moi : je paris que y'aura du monde chez Djeneba n'est ce pas ?

Driss : bah oui ils étaient tous inquiets donc ils voulaient venir te voir t'imagine ils te retrouve et quelques mois plus tard tu crèves

Moi : putain

Driss : qu'est ce qui t'arrive encore ?

Moi : j'ai pas envie de lire de la pitié sur l'ensemble de leur visage

Driss : parce que t'as peur de finir en larme devant eux

Moi : n'importe quoi toi

Driss : tu veux garder une image de femme forte mais t'es brisée Estelle et je le vois

Moi : je vois pas de quoi tu parles

Driss : t'es expressions du visage, elles trompent pas, quand tu vois des enfants avec leur parents, quand tu te sens exclue, quand t'as l'impression d'être de trop, quand tu sais pas trop comment t'exprimer on le ressent dans tout ça

Moi : y'a pas à m'observer comme ça....

Driss : je te parle sérieux là

Moi : hmmm

Driss : elle te manque hein

Moi : ce qu'on ne connaît pas ne peut pas nous manquer hein

Driss : et ton père ?

Moi : une partie de moi le déteste et l'autre a pitié de lui parce qu'elle se souvient de comment il était avant que ma mère ne meure

Driss : répond plus simplement

Moi : j'étais soulagée quand il est mort c'est assez simple pour toi ?

Driss : hmmm, t'as vécu des trucs horribles mais maintenant faut que tu laisses une chance aux autres pour pouvoir aller mieux

Moi : je sais ça que je fais

Driss : t'es beaucoup trop fière ça sert à rien de faire celle qui gère tout alors qu'il suffirait de peu pour te détruire tellement t'es faible 

Moi : je t'emmerde

Driss : je te dis ça pour ton bien alors réfléchis y

Moi : ouais fin j'ai pas tout à fait envie de parler de ça donc tu veux bien arrêter maintenant ?

Driss : repousse pas les choses, faut que t'affronte tout ça et tu le sais très bien au fond de toi 

Moi : ouais ouais, on est arrivé

Driss : je sais bien

Il est sorti déplier mon fauteuil roulant sur le trottoir, puis il est venu ouvrir ma portière. Il s'apprêtait à me porter et je me suis sentie frissonner suite au contact de sa peau.
Je l'ai vu esquisser un sourire.

Driss : je te fais de l'effet Estelle c'est ça ?

Moi : rêve pas, pose moi maintenant

Driss : faudrai que tu déroules tes bras et tes jambes aussi

Moi : comment je suis censé dérouler mes jambes alors que je les sens même pas ?

Driss : dit plutôt que tu te sens bien là trouve pas d'excuses

Moi : t'aimerais faire de tes rêves une réalité 

Driss : mes rêves à moi  tu dis ?

Moi : bien sûr

Driss : donc si je me rapproche ça te fais toujours rien

Moi : absolument rien

Je l'ai vu de nouveau sourire. Je sais pas si il allait faire quelque chose mais je l'ai devancé en l'embrassant.

Moi : sans effet tu vois bien ? Par contre toi je sens bien que ça t'as fait quelque chose

Driss : tu me chauffes là on est d'accord ?

Moi : je vois pas du tout de quoi tu parles

Je savais bien ce que je faisais mais je faisais l'innocente.
Il allait répondre mais on se fit interrompre par une voix familière qui appelait fortement Driss.

Et merde

~Estelle~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant