Driiin, Driiin, Driiin.....
Ce bruit me semble interminable, je l'entends raisonner jusqu'au fond de mon âme. Je n'ai pas l'habitude de l'entendre car en temps normal je ne m'autorise pas à sombrer dans un long sommeil. Dormir c'est comme être plongé dans un abysse, où seule l'impuissance existe.
Quand on est comme moi, on ne dort pas, ou alors il faut accepter de devenir une proie. J'ai bientôt vingt-quatre ans, mais ma vie a toujours été sans l'ombre d'un doute, le reflet d'un blackout total. Normalement, il existe trois grands axes dans la vie, on nait, on vit puis on meurt, dans mon cas, je suis née et maintenant je ne vis pas, je survie pour ne pas mourir. Simple nuance, qui pourtant représente de loin comme de près mon existence. Je suis plus proche de la mort que des rayons de la vie.
Le milieu dans lequel je vis, ne pardonne pas. C'est soit tu manges, soit tu es mangé, la seule loi qui règne est celle du pouvoir.
Il m'a fallu à peine quelques millisecondes pour sortir de ce sommeil corruptible et tendre mon bras jusqu'au bord du matelas grisant où git mon téléphone prépayé. Tant bien que mal, j'appuie sur ce bouton, émetteur de silence pour éteindre ce son strident.
La plupart des personnes normales auraient besoin de se lever, et de se passer un coup d'eau frais sur le visage afin d'ouvrir les yeux. Sauf que moi je ne suis pas normale, là où les enfants cherchaient les œufs durant Pâques avec leurs parents, moi je cherchais comment crocheter une porte de supérette dans le but de donner satisfaction à mon estomac vide.
De ce fait, mes reflex sont déjà en surtension, mes yeux s'ouvrent instantanément et très rapidement je constate qu'il est à peine 2h34 du matin. Le bruit continue de résonner jusqu'au fond de mes tympans, mes yeux se reportent automatiquement sur le numéro inscrit dans le fond de l'écran. Un numéro que je ne connais que trop bien, responsable de mes chaines, mais qui pourtant me permet de rester en vie. Quand j'ai accepté de travailler pour eux je n'avais rien et ça ils le savaient.
Enfin accepté, plutôt obligé...
Mon début de vie a été chaotique, et quand je me suis retrouvé à être la meilleure espionne de toute l'île Sicilienne, ils ont vite montré de l'intérêt à mon égard. Enfin plutôt, de l'intérêt à mon talent d'espionnage et de filature. De moi, il n'en avait rien à faire. Pour eux je n'étais qu'un bénéfice et surtout un allié pour leur business. Et puis par la même occasion, il était préférable que je sois dans leur camp plutôt qu'un autre.
Le temps de réfléchir c'est déjà trop tard, la sonnerie se rompt. La règle est simple, je suis mobilisé uniquement en cas d'urgence, et seulement eux ont le droit de me contacter.
Instantanément, la sonnerie retentit de nouveau, trois fois que ce même numéro m'appelle. Des fois j'ai envie de tout laisser derrière moi et partir pour une nouvelle vie, mais je sais que ce n'est pas possible car j'ai signé ce contrat, celui qui m'enchaine aux dangers. Mais aussi, parce que c'est peine perdu, ils finiront toujours par me retrouver, même morte, ils viendront me hanter pendant que je sers d'esclave à Satan en enfer.
La rue m'a permise d'affiner mes réflexes en termes d'observation et de combat. A force d'être dans tous les coups, j'ai commencé à me trouver une affinité pour la filature, et très rapidement je suis devenue la référente dans ce domaine, on me surnommé « la fille de l'ombre ». Au départ c'était des petits boulots pour des délinquants du secteur sud de la Sicile, repérage des réseaux ennemis, vol et transmission de données confidentielles sur les fournisseurs de drogues, et d'armes.
Puis, j'ai commencé à être repéré par des gérants de la mafia Sicilienne, je ne pense pas qu'on m'est balancée, mais de bouche à oreille, mon nom est vite arrivé au dirigeant du principal cartel de la Sicile, enfin son bras droit plus exactement. Et puis j'ai été capturé par ses hommes de main. C'est simple, ils me voulaient, pas moi, mais mes talents.
Aaron, le bras droit, m'a proposé un emploi, son marché était simple. L'immunité contre mes talents d'agent secret illégaux. Présenté comme ça, on dirait que j'ai eu le choix mais en réalité non. Mais au fond je crois que même s'il m'avait laissé le choix, j'aurais accepté.
Je n'avais rien, aucun repère, aucune famille, j'ai passé mon temps depuis la naissance de ma puberté à devoir changer d'identité entre chaque mission. De brune, à un carré roux, puis blonde avec de longs cheveux frisés. Je suis même allé jusqu'à me faire des faux tatouages selon le personnage que je devais interpréter durant mes filatures. A présent je suis bien contente d'avoir retrouvé mon corps, mon identité. Pour les missions de la mafia, ils me fournissent tous les accessoires nécessaires, perruque, lentilles, faux piercing et tatouages. Je n'ai plus besoin de modifier mon carré noir aux cheveux lisses et je dois avouer que cela m'apporte un brin de bonheur à travers la noirceur de cet univers.
Le contrat suggère une protection totale de mon être sur les terres est de la Sicile. Sauf sur le camp ennemi au à l'ouest. Et puis, j'ai le droit aussi à un petit gain d'argent à la fin de chaque mission sous l'accord du gérant. Au final, pour moi cette proposition a été une aubaine, car maintenant grâce à eux, je me sens en sécurité. J'existe, enfin, même si c'est pour les pires enfoirés, ils sont les seuls bras protecteurs que j'ai connu.
Je n'ai que très peu de souvenir familial, mais je me souviens d'une chose, ma mère et sa dangereuse détermination. Ses mots ont toujours pansé mes quelques blessures physiques d'enfant, mais j'aurais préféré qu'elle soigne celles qui sont ancré au fer rouge au fin fond de mon âme. Elle disait souvent une phrase, peu importe la situation, c'est comme ça qu'elle voyait la vie.
Choisir, c'est renoncé...
A cette époque, j'avais huit ans de moins, et maintenant avec du recul et vingt-trois d'existence je comprends ce qu'elle essayait de dire. On est tous responsables de nos choix, même si ce ne sont pas les bons, en acceptant quelque chose, nous renonçons à une autre.
Moi, j'ai décidé de renoncer à ma vie, à ma liberté.
À la séparation de mes parents, ma mère n'a pas accepté son départ pour une autre femme, elle s'est renfermée dans l'alcool et l'impuissance. Enfin ça c'est ce qu'elle m'a raconté, moi je n'ai aucun souvenir de mon père. Par moment elle souhaitait plus que tout s'en sortir, j'en suis certaine, mais malheureusement elle a pris de la hauteur pour plonger encore plus profondément par la suite. Le saut de l'ange, où plutôt celui de la mort.
Très rapidement elle est tombée dans l'enfer de la rue avec moi sur son dos maintenu par une écharpe branlante et toute effilée. Je ne me rappelle que très peu de cette période de ma vie, pour excuse j'étais enfant, mais je crois qu'une partie de mes souvenirs ont été volontairement brulé par mes neurones en guise de mécanisme de défense.
Même si c'est pour me protéger, je suis toujours en quête de mon passé, de la vérité.
J'ai été placé en famille d'accueil dès mes six ans, j'ai vécu cette épreuve comme une agression à mes racines, à cet âge-là un enfant rêve de gourmandise et de jeux, mais aussi d'être auprès de ses parents. Et moi, ce jour-là je n'avais plus rien. Je sais, c'était pour me protéger, mais maintenant que ma mère est morte, la seule chose qui me reste d'elle, c'est ce carnet au bord brulé et détérioré par le froid et la poussière où elle me raconte toute son histoire, toute mon histoire, toute notre histoire.
Un son me ramène automatiquement à la réalité, celui qui sort de mon téléphone.
Déterminer à comprendre ce qui se passe, je souffle un bon coup, me redresse sur le bord du lit étincellent de cet hôtel de banlieue et lorsque mes pieds touchent le sol, je tends le bras et déverrouille l'écran de mon téléphone et appuie sur le bouton vert cette fois-ci.
- « Allo, Lya à l'appareil, j'écoute. »
- « Il est mort. »
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SANS L'OMBRE D'UN DOUTE
RomanceLya, plonge dans l'univers diabolique du plus gros cartel de Sicile dès son adolescence. Ses talents de traque, de séduction et de détermination sont pris au piège par des individus bien dangereux. Si son âme est entièrement dédié à cette confrérie...