SANS L'OMBRE D'UN DOUTE

CHAPITRE 3 Andrès

Ce qui devait arriver, est enfin arrivé. J'ai toujours su qu'il s'agissait qu'une question de temps avant qu'il soit retrouvé. Depuis toutes ces années, il puise son pouvoir et sa force dans l'inconnu, et se nourrit à travers le néant, il agit comme une ombre.

Tu as peut-être gagné plusieurs batailles, mais aujourd'hui tu as perdu la guerre et maintenant tu ne pourras plus jamais jouer.

Je te promets que c'est loin d'être fini Sandro, je vais m'attaquer à la seule chose qui te reste.

Je prononce ces menaces au refrain d'une éternelle mélodie, où les notes sonnent creuses comme la cavité de mon cœur.

Autour de moi, un bourdonnement insupportable et incessant est en train de puiser dans le peu de patience qu'il me reste. Je sens mes articulations se verrouiller et mon sang bouillir.

Il est presque cinq heures du matin, la nuit a été très courte et il est beaucoup trop tôt pour que la tension commence à me monter au crâne. Quand on a appris son décès, nos bipeurs ont tous sonné et nous avons dû revenir sur base rapidement.

— « Et alors, on n'est pas content collègue ? Ça y est c'est fini ! » On l'a eu les gars, il a fini par payer. » crie fièrement Thomas, l'un de mes collègues.

— « Oui, mais contrairement à ce que tu crois, ce n'est que le début justement. » prononce-je d'une voix pesante le regard dans le vide.

Je ne suis même pas sûre qu'il est entendu ma réponse. Il est déjà en train de sauter dans les bras de nos sept autres collègues venant d'arriver au bureau. Je ne sais pas comment ils font pour être aussi tactiles, et optimiste et convivial et bref. Pour être autant proche que ça et de bon matin en plus. J'ai la rétine qui brûle et je suis presque sûre que ce n'est pas seulement le manque de sommeil. Que cette vision disparaisse vite.

J'aime beaucoup Thomas, c'est un bon gars, toujours prêt à aller de l'avant même dans les missions les plus périlleuses. C'est mon binôme de terrain, et ça faisait près de 5 ans que l'on traquait le gérant du réseau Est ensemble. On n'a jamais réussi à le coincer, à chaque fois, il nous glissait entre les doigts, ce type c'était un putain de mirage.

Sauf qu'aujourd'hui, la roue a tourné, Sandro a été assassiné. L'information nous vient des médias, dans ce milieu les rumeurs circulent vite. Mais quand il s'agit de meurtre, et surtout celui d'un gros mafieux, on est sûre qu'il ne s'agit pas seulement d'une rumeur mais d'une certitude.

Et puis ceux qui l'ont fait, car oui ils ont dû agir en groupe pour l'atteindre, sont tellement fier qu'ils ne se sont pas cachés, ils ont fièrement exhibé leur succès comme un trophée à toute l'île. Et à cette heure-ci, je parie que la moitié du monde est déjà au courant de sa mort.

La guerre vient d'être déclarée. Ce n'est que le début.

— ­ « Bon les gars, allez on me regarde. Stop, stop. Écoutez-moi. Sandro est toujours présumé mort jusqu'à la découverte du corps. La traque n'est pas finie, on ne crie pas victoire si tôt. Il n'était pas seul derrière ce monstrueux réseau et il va falloir tous les retrouver un à un pour le démanteler avant que la branche Ouest s'en empare. Dans le cas inverse, ça va être un vrai bain de sang. On doit absolument retrouver les meurtriers, ils nous mèneront surement sur les pistes des secondaires du réseau. Finit la fête, on retourne au travail. »

— « Ah oui, et j'allais oublier. Que les choses soient bien clairs. Ne me faites pas r.é.p.é.t.e.r. » prononce-je en insistant bien sur le dernier mot.

Des sifflements fusent, on me hue, mais j'ai l'habitude de la place du méchant. Je ne comprends pas comment on peut s'avouer victorieux, alors que nous n'avons rien fait. Pour moi on a échoué. Notre seule mission était de démasquer ce patron, et maintenant qu'il est mort, avec un corps sûrement brûlé ou coulé au fin fond de la Méditerranée, nous n'avons plus aucune chance de découvrir sa véritable identité. L'homme inconnu, c'était son surnom.