CHAPITRE 2 Lya

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Mes mains se mettent instantanément à trembler tel un séisme de magnitude 9,8. Et pour la toute première fois, j'ai l'impression de perdre le contrôle, je sens mon corps quitté mon âme, ou peut-être que c'est l'inverse. En fait, je ne sais pas, je ne sais plus.

Il vient de prononcer les trois mots, que je ne pensais pas qu'il puisse exister un jour.

Un tsunami de questions m'envahit, et je n'arrive plus à trouver l'oxygène nécessaire à ma survie, j'ai besoin d'air ou de hurler. Rien ne sort de ma bouche, comme-ci mes cordes vocales venait de se geler en même temps que mon sang qui se glace dans chaque partie de mon corps.

Voyant le blanc interstellaire s'installer, mon interlocuteur, me coupe de mes pensées en m'interrogeant.

- « Lya as-tu entendu ce que je viens de te dire ? »

- « Oui » je peine à prononcer.

- « Tu dois revenir tout de suite au bureau, nous devons impérativement se réunir suite à ce qui vient de se passer. Sois là avant que le jour ne se lève. » exprime-t-il d'une voix glaçante.

- « Entendue », prononce-je timidement.

Sa dernière phrase sonnait comme une menace, m'enchaînant encore une fois de plus à cette putain de contrat que j'ai signé il y a trois ans maintenant. Après un bref instant d'absence au niveau de mes neurones, j'éloigne lentement mon téléphone de mon oreille, en espérant me réveiller de ce cauchemar. Ce n'est pas possible, ce n'est qu'un mirage. Il ne peut pas m'abandonner, pas lui.

Même s'il m'a enfermé dans cette prison dorée en me contraignant de travailler pour son réseau, il m'a offert la possibilité de vivre en sécurité et ça, ça n'a pas de prix.

Mais si lui as été touché, alors ce n'est qu'une question de temps pour que je le sois à mon tour, c'était le seul à pouvoir me protéger, qui le fera à sa place ?

Toujours statique devant la fenêtre moisis du motel, mon regard hagard est plongé dans le silence de la nuit. Seul un lampadaire jaunâtre et disjonctant éclaire le parking, j'y peux voir ma voiture garée, et bizarrement tout semble à la même place que quand je suis arrivé deux jours plus tôt.

Alors c'est vrai, je ne rêve pas.

- « Il est vraiment mort ».

Je me surprends tellement à prononcer cette phrase à voix haute, que les syllabes résonnant dans l'air me sortent d'une paralysie totale.

Je reprends peu à peu le contrôle de mon corps, j'oriente mon regard vers l'écran de mon téléphone et découvre l'heure. Il me reste environ 2 heures pour parcourir 120 kilomètres avant que le jour ne se lève selon le monde, car pour moi c'est fini il ne se lèvera plus jamais.

Sans perdre une seconde de plus, j'essuie la larme froide et douloureuse coulant sur ma joue gauche et respire un grand coup avant de me répéter de façon frénétique :

« Tu peux le faire Lya, tu as connu bien pire, sois courageuse. »

Je rejoins la salle de bain, passe un coup d'ammoniaque sur les matières lisses afin d'effacer toute trace de ma présence. Puis, après un vif regard dans le miroir pour effacer les dernières traces de mon mascara coulant, je ramasse toutes mes affaires les mettant en boule dans mon grand sac de sport brun à l'effigie d'une équipe de basket complètement inconnu.

La discrétion est ma meilleure amie jusqu'au bout.

En passant le seuil de la porte, je jette un coup d'œil de droite à gauche, plusieurs fois pour m'assurer qu'il n'y est personne pour me voir quitter si précipitamment la chambre.

SANS L'OMBRE D'UN DOUTETahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon