CHAPITRE 3 - Du nerf, Elijah !

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Après un court aller dans l'eau, et un retour sur le sable en simulant une douleur aux ischio, je reste assis à observer mon rival. Ma défaite tourne en circuit fermé dans ma tête depuis deux jours. Wesley, mon colocataire à bien essayer de me rappeler que finir à ex æquo avec Jasper ne signifiait pas que j'avais perdu. Mais le compétiteur en moi refuse autre chose que de s'installer sur la première marche du podium. Et la seule façon de contourner l'obstacle qu'il représente, c'est d'être meilleur là où il est moins bon.

Les yeux rivés sur sa session, je ne rate pas un mouvement. Mon assiduité surpasse même celle du coach Taylor qui baisse le nez à fréquence régulière pour prendre des notes sur les performances de son poulain. Et force est de constater que Jasper tient une forme olympique. Ses gestes sont presque parfaits et à cet endroit, les miens ne seraient pas mieux.

Furieux, je bombe le torse dans le but d'étirer mon dos tendu, mais rien n'y fait. Les flammes de la colère lèchent déjà mes trapèzes, soulignant que des courbatures me guettent. Si le sport ne me laisse plus de séquelles depuis longtemps, grâce à un rythme millimétré, il n'en va pas de même avec mes émotions.

Alors que j'épie Jasper, sa copine qui sort de l'eau s'installe à ma droite envoyant ses longs cheveux roux en arrière. Ses iris vert forêt me détaillent tandis qu'elle incline la tête.

— Qu'est-ce que tu fous sur le sable, Eli ?

Sa voix plus rauque pour une fille m'interpelle et je hausse les épaules sans détourner les yeux de son mec, qui s'apprête à rentrer dans le tube.

— Mal aux ischio.

Mon mensonge sonne creux, même à mes propres oreilles, essentiellement parce que je ne prends pas la peine de faire semblant. Mon attitude la pousse à froncer les sourcils, alors qu'elle suit mon regard.

Sans un mot, elle secoue la tête et se redresse. Chacun de ses gestes pue le dépit que j'inspire à mon ex.

— Tu devrais commencer à surfer parce que tu aimes ça et pas pour écraser ceux qui pourraient te faire de l'ombre, assène-t-elle.

Sa réflexion me tire un rictus mauvais et observe celle qui m'a percé à jour, sans cacher la flamme qui m'anime. Elle frémit devant ma gueule de con, ce qui m'encourage à sourire de plus belle.

— Ça me surprend...

— De quoi ?

Son ton ulcéré répond à mon envie de confirmer ses pires craintes, même si ça m'étonne qu'elle ait su lire en moi avec autant de facilité.

— Que tu me comprennes.

Elle pousse un soupir à fendre l'âme, lourd de résignation et d'une pointe de mépris, qui a le don de m'agacer.

— On est sorties ensemble pendant neuf mois, Elijah. Et si toi tu n'as jamais pris la peine de t'intéresser à moi, la réciproque n'était pas vraie. J'ai essayé de m'investir dans notre couple, cingle-t-elle avant de s'éloigner sa planche sous le bras.

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