Prologue.

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Avertissement : Ce roman peut contenir du langage explicite et de la violence, ainsi que des sujets sensibles. Le contenu peut ne pas convenir à tous les lecteurs et est destiné à un public averti. Le lecteur est averti de prendre ses propres précautions avant de poursuivre sa lecture.

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La nuit se déployait comme une mer d'encre sur les rues de New York, étouffant la ville sous un silence oppressant. Les gratte-ciels, ces titans de verre et d'acier, se dressaient tels des sentinelles funèbres, gardiens de secrets trop lourds à révéler. Assise dans le cabinet de ma psy, je me sentais comme une naufragée dérivant dans les abîmes de mon esprit torturé, luttant désespérément pour ne pas sombrer. Les ombres se mouvaient sur les murs, formant des silhouettes inquiétantes, des échos des souvenirs qui hantaient les recoins les plus sombres de ma conscience. Elles tissaient autour de moi une toile étouffante, une prison invisible mais inéluctable, resserrant leur emprise à chaque instant.

Les lumières tamisées du cabinet accentuaient l'atmosphère feutrée, projetant des motifs irréguliers sur le sol de bois qui grinçait sous mon poids. Chaque craquement résonnait comme un écho de mes propres angoisses, une symphonie dissonante marquant le tempo de mes pensées chaotiques. Les meubles anciens, avec leurs patines usées et leurs coins arrondis par le temps, ajoutaient une touche de mélancolie morbide à l'ensemble. Les livres sur les étagères, des reliques poussiéreuses d'un savoir accumulé, me regardaient tels des juges silencieux et impassibles.

Je sentais le regard perçant mais bienveillant de ma psy sur moi, cherchant à pénétrer les défenses que j'avais érigées autour de mon cœur meurtri. Ses questions, posées avec une douceur calculée, étaient des clés tentant d'ouvrir les serrures de mon âme. Chaque réponse que je formulais était une tentative désespérée de démêler l'écheveau de mes pensées, de trouver un fil conducteur dans ce labyrinthe mental. Mais chaque mot prononcé semblait éveiller des démons endormis, des fragments de mon passé soigneusement enfouis, qui maintenant refaisaient surface avec une brutalité insoupçonnée.

La pendule au mur égrenait les secondes, chaque tic-tac une petite blessure infligée à mon esprit en proie aux doutes. Le temps s'étirait, se dilatait, comme pour me rappeler que la guérison ne serait ni rapide ni facile.

- Tu sembles distante ce soir, Jessica, remarqua-t-elle d'une voix douce, brisant le silence oppressant qui pesait sur nous. Ses mots résonnaient dans l'air comme des échos lointains, révélant une empathie sincère mêlée à une sagesse acquise au fil des années passées à arpenter les dédales de l'esprit humain.

Je déglutis péniblement, sentant le poids de mes propres démons s'alourdir sur mes épaules déjà voûtées par le fardeau du passé.

- Je suis juste fatiguée, murmurais-je d'une voix à peine audible, mes yeux évitant soigneusement les siens, de peur qu'ils ne révèlent les tourments que je gardais jalousement enfouis au plus profond de moi-même.

Un silence tendu s'installa entre nous, empli des non-dits et des vérités inavouées qui planaient dans l'air comme des spectres invisibles. Le Dr. Cahill semblait attendre patiemment, sachant que les mots viendraient à leur rythme, comme des gouttes de pluie perlant sur une toile d'araignée fragile.

Finalement, je brisai le silence avec un soupir résigné, sentant les mots s'échapper de mes lèvres comme des confessions forcées.

- Je ne peux pas m'empêcher de revivre cette nuit, encore et encore, avouai-je d'une voix rauque, sentant le désespoir m'envahir telle une marée montante.

Le Dr. Cahill acquiesça doucement, ses yeux empreints de compassion reflétant la douleur que je tentais désespérément de dissimuler derrière un masque d'indifférence.

Fallen HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant