Fallen Heart

Chapitre 3.

Jessy

Je me lève et me dirige vers ma chambre, sentant le regard de Lucas me transpercer. Son sourire narquois s'étire, ses lèvres esquissant une moquerie familière, tandis qu'il s'adosse nonchalamment au mur, les bras croisés. Malgré son apparence détendue, une lueur dans ses yeux trahit sa curiosité, comme s'il avait saisi quelque chose que je n'ai pas encore compris.

- Alors, c'est lui ? lâche-t-il dans un clin d'œil complice, un sourcil levé. Je pourrais être votre témoin à votre mariage, ou tu préfères garder tout ça bien secret ?

Sa remarque fuse, empesée d'une malice insupportable. Mon visage se ferme aussitôt, une chaleur soudaine et déstabilisante enflammant mes joues. Lucas connaît trop bien mes réactions, devinant souvent mes pensées avec une précision désarmante, bien avant que j'aie le temps de les formuler. Ses yeux pétillent d'une lueur espiègle, comme s'il savourait chaque seconde de mon embarras.

Sans lui accorder le plaisir d'une réponse, je lui jette un regard noir, levant théâtralement la main pour lui offrir un doigt d'honneur rageur. Son rire éclate, franc et sonore, résonnant dans le couloir et attisant encore davantage ma frustration. Il se tient la poitrine, feignant un coup fatal.

- Oh, c'est comme ça que tu me remercies ? Allez, Jessy, je sais que tu m'aimes, raille-t-il, son ton dégoulinant d'ironie.

Je retiens un sourire malgré moi, mais je me reprends vite. Ignorant sa provocation, je tourne les talons et m'enferme dans ma chambre, claquant la porte avec plus de force que nécessaire. Derrière ce panneau de bois, je devine qu'il est toujours là, triomphant, un sourire victorieux figé comme une ombre persistante. Ce jeu entre nous est devenue une routine à la fois exaspérante et rassurante. Lucas est toujours là, prêt à briser ma solitude au moment où j'en ai le plus besoin... même si je ne l'admets jamais.

Une fois seule, je m'effondre sur mon lit, sentant mes épaules s'alourdir sous un poids invisible, comme si le monde entier reposait sur moi. Mes jambes glissent mollement sous moi, vidées de toute énergie. Mon téléphone est encore pressé contre mon oreille, dernier lien ténu avec une réalité que j'essaie en vain de fuir. De l'autre côté de la ligne, la respiration de James s'élève, régulière et profonde, trop mesurée pour être naturelle. Chaque souffle s'infiltre dans la pièce, remplissant l'espace d'une présence presque palpable, résonnant en moi comme une onde qui déferle et me submerge.

Je fixe la fenêtre, le regard perdu dans l'obscurité dense et insondable de la nuit, un abîme qui semble m'appeler. Dehors, les lampadaires projettent leurs faisceaux sur le bitume, dessinant des ombres allongées, fantomatiques, des silhouettes étranges qui s'étirent et se déforment. Pourtant, tout me paraît lointain, irréel, comme un rêve dont je peine à m'éveiller. Je prends une profonde inspiration, tentant d'apaiser l'angoisse qui serpente en moi, une angoisse sourde et insidieuse qui s'insinue dans chaque recoin de mon esprit.

Un silence lourd et apaisant s'installe, suspendu comme un souffle retenu, jusqu'à ce que James le rompe, sa voix basse et hésitante, comme une caresse.

- Je voulais juste te dire... commence-t-il doucement, les mots glissant sur sa langue, comme s'il craignait de les égarer.

Intriguée malgré moi, je hausse un sourcil. D'un geste lent, presque cérémonial, je m'allume une cigarette. La flamme vacille, projetant une lueur tremblante sur mes doigts. Le claquement sec de l'allumette se perd dans l'atmosphère feutrée de la chambre. La fumée s'élève en volutes opaques qui adoucissent les contours de la pièce, tandis que j'écoute James, sa voix calme, chargée d'une intensité qu'il essaie visiblement de dissimuler.

- Ce que tu as fait hier... Ce n'était pas rien, tu sais ? murmure-t-il, son ton pesant, cherchant visiblement à imprimer un poids sur chaque syllabe.